Âmes Étoilées Tome I [TERMINÉ]

31-Les Nadjins

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Je te laisserai des mots - Marianne Beaulieu

Il l'avait supporté contre son torse pendant tout le trajet jusqu'à Yurbat, puis il l'avait porté jusqu'à l'infirmerie, il avait fait réveiller le docteur Royal complétement paniqué. Personne n'avait compris les symptômes de la princesse, ils semblaient avoir été mortels, pourtant elle était encore là.

– Sorba, je t'en supplie, tu dois la sauver, je m'en remets à toi, murmura le second prince en plaçant tous ses espoirs dans le docteur. Celui-ci le regarda d'un œil inquiet, il avait vu son prince en proie à la torture plus d'une fois, il avait même extrait celui-ci du corps de la reine Constance, mais c'était la première fois qu'il le trouvait désespéré.

Le docteur jeta un coup d'œil dans son cabinet et dans le couloir avant de sceller les portes. Il éteignit les bougies et alluma des encens de Jasmin. Naëlion l'avait vu plus d'une fois utiliser la magie des guérisseurs sur ses blessures à lui, mais jamais sur un tiers de personnes.

Si quelqu'un d'autre était au courant que Sorba possédait cette très ancienne magie, il serait exécuté sur le champ. Il était guérisseur, mais pas n'importe lequel : un descendant de la plus ancienne des lignées, il était un Nadjin.

Un peuple qui était né du métissage entre les elfes noirs, qui maîtrisent le sang, et les elfes qui possèdent la lumière. Cela faisait d'eux les meilleurs guérisseurs au monde avant la guerre de son arrière grand-père et de son grand-père. Ils avaient été les premiers à périr. S'il n'y avait plus de médecins et de guérisseurs, c'est qu'il n'y avait plus d'espoir pour sauver le peuple et les combattants.

Sorba lui avait déjà raconté qu'il avait fui le Nord naonien, quand sa femme avait été soupçonnée sorcière et brûlée.

Les Nordiens acceptaient seuls les races des Elfes et des Faes : les fondateurs de leur royaume. Les autres espèces n'étaient qu'une terrible nuisance pour les autres.

Sorba inspira l'odeur du jasmin et plongea dans une concentration sans failles. Il n'utilisait la magie que dans les moments critiques et celui-ci en était un. La première fois qu'il avait fait usage de sa magie devant Naëlion, c'était parce que celui-ci avait été une fois de plus entraîné à résister face au poison.

Ce jour-là, il avait failli y passer, sa mère, n'apprenant pas ce que le roi avait fait, avait couru chercher le médecin, alors qu'il était en train d'être entraîné par le pire des poisons.

L'elfe guérisseur fit surgir de ses mains deux douces lumières, qu'il posa sur le corps de la jeune femme, qui fut bientôt entouré de la lumière du soleil. Naëlion savait que Sorba était en train de tâter ses organes vitaux et ses os pour les questionner et desceller le problème invisible à l'œil nu d'un simple docteur.

Le Nadjin avait les yeux fermés et des rides de concentration et de la sueur parsemaient son front. Ses orbes lumineuses se baladèrent en voletant sur la peau d'albâtre de la femme. Puis, à un moment, la lumière noircit et il ouvrit les yeux en cherchant le regard de son prince.

– Par Éris...

– Qu'est-ce qui se passe ? Se précipita Naëlion en cherchant en retour le regard du médecin.

– Son altesse Freyja est morte et puis revenue à la vie.

Le prince se sentit glisser, morte ? La seule question qui hantait son esprit et qui ne pouvait avoir de réponse de la part de Sorba, c'était qui ? Qui avait osé lui faire cela ? Il repensa aux cadavres et il craignit le pire Quand Naëlion et Rills avaient vu les étincelles de détresse de Kaspiel, ils avaient traversé les kilomètres en quelques minutes.