Chapitre 25 (3)

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— Ce mec-là ? s'indigne Leandro, un mètre plus loin.

Je hoche la tête.

— On avait des cours en commun au lycée. C'est un bagarreur, il a été renvoyé pour mauvaise conduite. Ses parents l'avaient envoyé dans un camp de redressement et ils ont quitté la ville. Cette maison, celle dans laquelle vous séjournez, c'est ses parents qui vous la louent !

Quoi ?

Le regard de Leandro se fait de plus en plus agressif.

— Il ne m'a jamais fait peur.

— Attends !

Leandro est inarrêtable. Il passe devant mon père, attrape Shaun par le col du t-shirt et le traîne hors de la voiture.

— Tu es fier de toi, enfoiré ?

Shaun le provoque avec un sourire, dévoilant ses dents ensanglantées.

L'odeur d'alcool, mélangée à celle du vomi, me donne la nausée.

— Mon garçon, il faut le lâcher, le sermonne mon père, tu vas aggraver ses blessures !

Cependant, avec un seul bras, il est impuissant.

Les yeux de Shaun tombent sur moi.

— Je savais que t'étais une grosse chienne. Des frangins, hein ? J'espère au moins qu'elle est bonne au lit ! continue Shaun à l'intention de Leandro.

— Ne lui parle pas comme ça ! grogne ce dernier.

L'index de Shaun se tend vers moi. Même s'il ne me touche pas, je me sens agressée.

— Ça aurait dû être toi à la place du clébard !

Des menaces de mort. Le sang bouillonne dans mes veines. S'il me menaçait avec un couteau sous la gorge, là j'aurais flippé. Vu que Leandro le maîtrise, je ne crains rien. Et si je ne risquais pas de passer des années derrière les barreaux, j'aurais volontiers enfoncé mes baskets dans son crâne.

Mon père semble avoir changé d'avis. Il n'essaye plus d'écarter Leandro.

— La ferme !

Du sang dégouline sur le menton de Shaun. Il empoigne l'avant-bras de Leandro et lui déclare, yeux dans les yeux :

— J'ai brûlé cette merde de Tiny Waffle.

Puis, il plonge dans l'inconscience.

La fureur s'empare de mon ami et les coups partent.

— Réveille-toi !

Cette fois-ci, mon père et moi décidons d'agir. J'ai toutes les raisons du monde de détester Shaun, mais il est déjà amoché et Leandro va finir par le tuer si nous ne l'arrêtons pas. Sans que je m'y attende, il se fait plaquer au sol et menotté par la police.

Les cris hystériques, les insultes qui traversent sa bouche me donnent froid dans le dos. Pourtant, je m'accroupis auprès de lui, ramasse ses lunettes cassées et tente de le calmer, tandis que mon père négocie sa libération avec ses collègues policiers.

— Chut, murmuré-je en lui caressant les cheveux.

Ses yeux s'embuent de larmes en même temps que les miens.

Les policiers acceptent de le libérer à une seule condition : qu'il se calme. On le fait asseoir sous le porche.

Des ambulanciers ont prodigué les premiers soins à notre assaillant et l'emmènent à bord de leur véhicule. Des policiers recueillent les témoignages de mon père et des quelques voisins sont sortis de leurs maisons. On vient nous interroger, Leandro et moi aussi, mais je réponds comme si mon cerveau avait cessé de fonctionner.

Plus loin, Aimee est couchée sur le corps d'Ade, auprès de notre mère qui tente de la consoler.

— Casey, monte préparer tes valises, m'ordonne mon père, avant de s'introduire dans la maison.

Je hoche la tête. Inutile de chercher à fuir les ordres, je n'en ai plus envie. Je veux quitter cette ville, au plus vite.

— Tu pars ? s'enquiert Leandro, la voix tremblante.

Je confirme. Il déglutit.

— Est-ce que j'aurais la chance de te revoir ?

Avec la plus grande sincérité, je réponds :

— Je ne sais pas.

Car mon esprit est embrouillé.

Lemon & WafflesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant