— OK, capitule Leandro.
À son tour, il quitte l'habitacle, équipé d'un parapluie, le téléphone contre l'oreille. Pourquoi il ne partage pas ?
— Papa ne répond pas. Vous ne voulez pas appeler le vôtre ?
— Leur père porte une attelle, idiot.
Leandro ne relève pas l'insulte.
— Votre mère alors ? ironise-t-il.
Je fronce les sourcils. Il l'a dit comme si les femmes ne connaissent rien en mécanique. Ma mère a beau toujours avoir de beaux ongles manucurés, elle sait changer une roue. C'est tout, cependant. Depuis l'accident de mon père, elle s'est mis au bricolage, mais n'a pas encore trouvé le temps d'apprendre les bases de la mécanique.
— Et pourquoi pas une dépanneuse ? proposé-je.
— C'est trop cher !
— Vous n'avez pas d'assurance ?
— Le remorquage n'est pas compris dans notre formule.
— C'est bête, commente Aimee.
Mon corps se met à trembler. Je vais sans doute tomber malade.
— Notre père est du genre économe, explique Roldán.
— Un gros radin, oui !
— Au moins il nous paye pour notre travail.
— Personne n'a envie de parler argent, les mecs. On est loin de la maison ? m'interroge ma sœur.
— J'imagine que oui, on n'a pas roulé longtemps.
La minute suivante, Roldán se retrouve avec le parapluie et le téléphone de son frère entre les mains, éclairant les maladresses de ce dernier. « C'est une mauvaise idée », a-t-il dit, mais Leandro n'a pas écouté et a ouvert le capot. La fumée les a tous les deux fait tousser, puis Leandro a fini par se brûler en mettant les mains quelque part où il n'aurait pas dû.
— Ma chienne ferait un meilleur boulot, le provoque Aimee.
— Super. Je retourne à la fête chercher un mécano.
Sur ce, il ferme le capot, arrache son téléphone des mains de son frère et nous abandonne. Quelques mètres plus loin, il s'écrie :
— Dan, garde un œil sur la voiture !
L'intéressé pince les lèvres. Tandis que la pluie se calme, Aimee balance des pieds, telle une petite fille timide.
— Je vais le suivre.
Nouvelle tentative de me laisser seule avec Roldán. Peut-être pour se pardonner de nous avoirs interrompus plus tôt – ça m'étonnerait.
Veste sur le crâne, elle remonte la pente en courant maladroitement. Je garde un œil sur elle jusqu'à ce qu'elle disparaisse, au cas où elle trébucherait à cause de ses talons. On aurait dû apporter des chaussures de secours. Mes pieds commencent sérieusement à me lancer. J'hésite à retirer mes talons, mes pieds sont déjà trempés.
— Je commence le boulot dans quelques heures, ça va être compliqué de rester éveillé.
Nos épaules se touchent. Roldán s'est rapproché afin que nous partagions le parapluie. Si proche de moi, le sommeil n'a pas d'autre choix que s'évaporer. Finalement, il n'a pas l'air de s'en foutre de moi. Je n'ai plus l'impression de me trouver en compagnie du mec impassible avec qui j'ai joué au Uno.
— Je t'achèterai un café.
Je me mords l'intérieur de la joue. Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça. C'est gênant.
— On a du café gratuit au Tiny Waffle.
Même si je ne le regarde pas, grâce à sa voix, je parviens à percevoir un sourire.
— Je n'en bois pas, c'est trop amer. Je peux t'en offrir un, si tu veux... quand tu veux.
Mon cœur s'emballe.
— Je n'en bois pas non plus, à moins qu'il y ait trois morceaux de sucre.
Son sourire s'élargit, alors le mien aussi.
— Sérieusement ? Tout ça ?
Je hoche la tête.
— Je préfère le salé au sucré. J'ai trop abusé des gaufres quand j'étais petit.
La pluie se calme un peu plus. Le bruit des vagues s'intensifie. C'est si fort que je crains de me faire éclabousser, même loin de la plage.
— Le Tiny Waffle existe depuis combien de temps ?
— Une cinquantaine d'années je dirais.
— Ah ouais quand même !
— Mon grand-père l'a créé, puis mon père l'a repris.
— En fait, ça a toujours fait partie de ta vie.
— Ouais, mais pas sûr que ça y soit à ma mort. Mia reprendra sans doute le business plus tard.
— La petite fille que j'ai vue avec vous l'autre jour ?
— Oui, notre petite sœur. Nos parents ne seront probablement pas encore morts quand elle sera adulte.
VOUS LISEZ
Lemon & Waffles
أدب المراهقينLa famille de Casey a loué une maison située à six heures de route de leur domicile. Les vacances ont débuté de manière agréable... pour sa famille. Casey n'avait aucune envie d'y participer, d'autant plus qu'elle ne parvient pas à se remettre de sa...