Chapitre 35

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Lana Del Rey - Young and Beautiful  

La chambre d'hôpital était enveloppée dans une pénombre silencieuse, uniquement éclairée par la lueur tamisée d'une lampe de chevet à la lumière douce.

Le mur d'en face était couvert de photos et de dessins d'animaux que Nyx avait accrochés pour égayer l'endroit, mais ce soir, ces couleurs vives et ces motifs enfantins semblaient étrangement déplacés, presque incongrus.

Les ombres dansaient sur les murs, projetées par la lampe, créant des silhouettes fantomatiques qui semblaient suivre chaque mouvement de Nyx.

Nyx était assise près du lit, la tête baissée, ses doigts effleurant doucement la main glaciale d'Eryx.

Son visage était marqué par l'épuisement et le chagrin, ses traits creusés par des nuits blanches et des heures passées à pleurer en silence.

Elle avait tenté de se préparer à ce moment, mais rien ne pouvait l'initier à l'angoisse déchirante qui dévorait son cœur en voyant l'homme qu'elle aimait dans un état aussi précaire.

Chaque bruit de la machine était amplifié dans la pièce silencieuse, chaque bip, chaque souffle de l'appareil respiratoire semblait se moquer du désespoir de Nyx.

Les couleurs vives des dessins sur les murs contrastaient avec la pâleur du visage d'Eryx, qui était marqué par la douleur et la faiblesse.

L'air était lourd, chargé d'une tension palpable, comme si l'ensemble de la pièce retenait son souffle dans l'espoir que le miracle tant attendu se produise.

La nuit où tout avait basculé, Nyx avait dû faire appel à un médecin privé en toute urgence. Le docteur avait répondu à l'appel avec une rapidité qui avait presque semblé surnaturelle.

C'était un homme d'une cinquantaine d'années, avec une présence calme et une maîtrise professionnelle qui avaient offert un répit temporaire à la panique de Nyx. Son regard expert avait analysé la situation en un instant, ordonnant immédiatement des tests et des soins intensifs.

Le médecin avait dirigé ses gestes avec une précision minutieuse, ses instructions se mêlant aux murmures de la salle d'opération.

Nyx avait observé, angoissée mais fascinée, alors que les médecins se débattaient avec la vie et la mort d'Eryx.

La clinique, choisie pour sa discrétion et son confort, se trouvait dans un quartier de la ville à l'abri des regards indiscrets. Sa façade élégante cachait un intérieur luxueux, conçu pour offrir une tranquillité absolue à ses patients.

Les murs étaient peints dans des tons apaisants, et le mobilier en bois sombre ajoutait une touche de sophistication discrète. Les employés de la clinique, triés sur le volet, avaient reçu des instructions strictes pour maintenir la confidentialité de l'état de santé d'Eryx.

Nyx avait fait installer des barrières de sécurité autour de la chambre, et chaque visiteur était rigoureusement contrôlé avant d'entrer.

Les infirmières, avec leurs sourires professionnels, apportaient régulièrement des mises à jour sur l'état d'Eryx, mais elles savaient que Nyx avait besoin de plus qu'un simple rapport médical ; elle avait besoin de réassurance, de voir Eryx lutter pour sa vie.

Nyx passait ses journées dans un fauteuil près du lit, une couverture douce enroulée autour d'elle pour se protéger du froid de la pièce. Chaque matin, elle se levait avant l'aube, prenait une douche rapide et se préparait à la journée avec une précision automatique, presque mécanique.

Elle veillait à ce que chaque détail soit en place pour maintenir l'illusion d'une normalité fonctionnelle.

Le personnel de la clinique était habitué à son apparition quotidienne, son regard souvent perdu dans le vide, ses gestes devenant presque rituels.

Elle parlait à Eryx avec une tendresse qui contrastait avec la dureté de sa voix.

Elle lui racontait des anecdotes de leur vie ensemble, des souvenirs partagés qui, malgré le drame actuel, demeuraient des éclats de lumière dans l'obscurité.

« Tu te souviens du rendez-vous au restaurant ? » murmurait-elle parfois, sa voix se brisant en une mélodie douce et mélancolique.

« On a tellement jouer, qu'on finit par se brûler, mais je crois que je suis cramé depuis longtemps ... »

Les heures semblaient se fondre dans les jours, et chaque moment passé à attendre était un tourment pour Nyx.

Elle se perdait dans ses pensées, imaginant des scénarios où Eryx se réveillait et ils reprenaient leur vie là où ils l'avaient laissée.

Ces rêveries étaient à la fois réconfortantes et cruelles, car elles étaient constamment interrompues par la réalité brutale de son état.

Pour maintenir l'apparence de normalité à l'extérieur, Nyx avait pris le contrôle des affaires d'Eryx. Elle envoyait des messages cryptés à ses collaborateurs, utilisant des codes qu'elle avait appris au fil des années.

Les messages étaient formulés avec une telle précision qu'ils donnaient l'illusion que tout était sous contrôle. Elle rédigeait des instructions détaillées, supervisant les opérations à distance, et veillant à ce que chaque aspect de la gestion continue sans heurts.

Le contraste entre la façade professionnelle qu'elle devait maintenir et le chaos émotionnel qu'elle vivait était épuisant. Chaque fois qu'elle recevait une réponse des hommes de main d'Eryx, elle devait dissimuler son anxiété derrière une façade de compétence et de calme.

Les rapports, les décisions et les instructions devenaient des moyens de garder une certaine normalité, une manière de se raccrocher à quelque chose de concret pendant que sa propre vie s'effondrait autour d'elle.

La nuit tombée, lorsqu'elle se retrouvait seule dans la chambre, Nyx permettait enfin à ses émotions de se déchaîner.

Elle s'asseyait près du lit, pleurant en silence, les larmes tombant sur les draps ou se mêlant aux mains d'Eryx. Le contraste entre la chaleur de son corps et la froideur de celui d'Eryx était un rappel cruel de la fragilité de leur situation.

Elle se demandait combien de temps elle pourrait continuer à vivre dans cette fausse tranquillité, où l'espoir se mêlait à la douleur constante.

Ses nuits étaient hantées par des cauchemars et des pensées obsédantes. Elle se réveillait souvent en sursaut, le cœur battant la chamade, ne trouvant du réconfort que dans le fait de retrouver Eryx dans son lit, toujours immobile mais vivant.

Ses rêves étaient peuplés de visions d'une vie différente, où les horreurs de la réalité étaient remplacées par des scènes idéalisées de bonheur et de tranquillité.

Dans ces moments de semi-conscience, elle se perdait dans des fantasmes d'un futur où ils pouvaient échapper à cette existence tourmentée, mais ces rêves étaient rapidement brisés par la réalité de son état.

Le stress et la fatigue commençaient à peser lourdement sur Nyx. Les journées se succédaient avec une monotonie presque tortueuse, chaque jour étant une épreuve de patience et de résilience.

Elle continuait à s'accrocher à l'espoir que, malgré les ombres qui envahissaient sa vie, un jour elle pourrait voir Eryx ouvrir les yeux et revenir à elle.

C'était cet espoir, aussi fragile soit-il, qui lui permettait de rester debout, de continuer à jouer son rôle et à garder le secret.

Chaque jour était une bataille entre la lumière et l'obscurité, entre l'espoir et la désolation.

Nyx se battait non seulement pour la survie d'Eryx mais aussi pour préserver un semblant de normalité dans un monde devenu totalement chaotique.

La clinique, son refuge temporaire, était le dernier bastion de l'espoir, un lieu où elle pouvait se cacher des regards curieux et des questions pressantes.

C'était ici, dans ce sanctuaire fragile, qu'elle veillait sur l'homme qu'elle aimait, espérant contre toute attente qu'un miracle pourrait encore se produire.

Retribution's DawnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant