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Les jours passèrent, et je commençai à m'habituer à la routine de la villa Grimes. Chaque matin, je me réveillais dans ma petite chambre, le soleil filtrant à travers les rideaux, illuminant le sol de parquet. Les cris joyeux de Carl résonnaient dans les couloirs, suivis des pleurs de Judith, qui réclamaient déjà toute mon attention.

À peine avais-je pris un café que je me retrouvais plongée dans le monde des enfants. Carl était un petit garçon curieux, plein d'énergie et d'innocence. Il avait ce rire qui pouvait réchauffer n'importe quelle pièce, mais il savait aussi se montrer têtu. Judith, quant à elle, était un rayon de soleil avec ses grands yeux ronds, toujours prête à sourire.

Lori était souvent absente, et je me retrouvais seule avec les enfants pendant de longues heures. Ses voyages d'affaires s'étiraient sur des jours, et chaque fois qu'elle rentrait, c'était comme si un nuage de tension s'abattait sur la maison. Elle avait un talent particulier pour faire sentir sa présence, même dans ses rares apparitions. Elle se glissait dans la pièce avec cette attitude distante, m'évaluant d'un regard glacial, comme si chaque instant passé en ma compagnie était une perte de temps.

Mais il y avait une chose que je ne pouvais ignorer : Rick. Son comportement était un mélange d'arrogance et de moments inattendus de douceur. Parfois, il semblait presque humain. Je me rappelais ce jour où il était venu voir Judith, distrait par un appel professionnel. Au lieu de simplement passer son chemin, il s'était arrêté, la prenant dans ses bras avec une délicatesse surprenante. Ce geste m'avait frappée, un instant volé à sa vie d'homme d'affaires. Mais il s'était vite ressaisi, reprenant son masque d'indifférence avant de disparaître.

Chaque fois qu'il me croisait, il ne manquait pas de me rappeler ma place. Un regard désintéressé, un commentaire sec, ou parfois un simple hochement de tête. Mais je ne pouvais m'empêcher d'être attirée par cette complexité qui se cachait sous sa surface. Ce mystère qui l'entourait, cette distance qu'il entretenait avec tout le monde, me donnait envie d'en savoir plus sur lui.

Un soir, alors que je préparais le dîner pour Carl et Judith, j'entendis un bruit provenant du bureau de Rick. Intriguée, je m'approchai discrètement. J'étais consciente que cela ne me regardait pas, mais quelque chose en moi voulait comprendre. À travers la porte légèrement entrebâillée, je vis Rick, le visage penché sur son téléphone, ses traits marqués par une tension que je ne lui connaissais pas. Il semblait différent, vulnérable même.

Je me retins de frapper, me contentant d'écouter. À l'autre bout de la ligne, une voix masculine lui parlait, mais je ne pouvais saisir les mots. Je restai là, cachée dans l'ombre, écoutant les bruits de la maison, les rires de Carl qui jouait dans le salon. Et puis, à ce moment-là, une petite main se glissa dans la mienne. Judith, éveillée de sa sieste, me regardait avec des yeux pétillants de curiosité.

Je m'agenouillai pour la prendre dans mes bras, me détournant de la porte. Quand je me relevai, je réalisai que Rick me regardait. Ses yeux avaient changé, devenant plus profonds, plus intenses. Un instant, nous restâmes là, chacun de notre côté, mes pensées se bousculant dans ma tête. Qu'est-ce que je faisais là, à observer cet homme que je ne connaissais pas ?

— Tout va bien ? murmura-t-il, sa voix plus douce que d'habitude.

Je déglutis, réalisant que je ne devais pas être ici.

— Oui, tout va bien, dis-je en essayant de garder mon calme. Je... je surveillais Judith.

Il hocha la tête, mais je vis une ombre passer dans ses yeux. Ce n'était pas un simple regard, c'était quelque chose de plus. Un appel à l'aide ? Une invitation ? Je ne savais pas. Je me détournais de lui, me dirigeant vers le salon, où Carl jouait avec ses jouets.

BabyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant