Baby

#28

Les jours qui suivirent furent une véritable épreuve pour mes nerfs. Chaque matin, je me réveillais avec ce poids sur la poitrine, cette décision qui brûlait dans ma conscience : rester ou partir. Rick n'avait rien dit depuis notre dernière conversation, respectant le silence que j'avais imposé entre nous. Il me laissait l'espace dont j'avais besoin, et pourtant, je pouvais sentir son regard poser sur moi, chaque fois qu'il passait dans la pièce, comme une promesse silencieuse. Mais le silence ne rendait pas les choses plus faciles.

Je passais mes journées avec Carl et Judith, essayant de me concentrer sur eux. Mais même dans leurs rires innocents et leurs petites disputes quotidiennes, je sentais la gravité de la situation me tirer vers le bas. Ce n'était plus seulement une question de sentiments. C'était une question de survie émotionnelle. Rick m'avait demandé de rester, pas seulement pour lui, mais pour eux, pour les enfants. Ils avaient besoin de stabilité, de sécurité, et peut-être que, malgré tout, je pouvais leur offrir ça.

Une nuit, alors que tout le monde dormait, je descendis au rez-de-chaussée, incapable de trouver le sommeil. La maison était silencieuse, presque inquiétante dans son calme, comme si elle elle-même attendait que je prenne une décision. La lumière de la lune pénétrait à travers les grandes fenêtres du salon, baignant la pièce dans une lueur douce et argentée. Je m'assis sur le canapé, mes mains tremblant légèrement sous l'effet de la nervosité.

Lori allait revenir bientôt. Elle serait implacable. Je savais que son retour marquerait le début d'une guerre ouverte, et pourtant, quelque chose au fond de moi s'était transformé. Ce n'était plus la peur qui dictait mes choix, c'était autre chose, quelque chose de plus fort. De plus déterminé.

Alors que je réfléchissais à tout cela, j'entendis des pas dans l'obscurité. Mon cœur se serra un instant, jusqu'à ce que je reconnaisse la silhouette de Rick. Il s'arrêta dans l'encadrement de la porte, me regardant un long moment avant de s'avancer doucement. Ses pas étaient hésitants, comme s'il craignait de rompre l'équilibre fragile entre nous.

- Tu ne dors pas ? demanda-t-il, sa voix grave et basse, comme pour ne pas perturber la quiétude de la nuit.

Je secouai la tête, incapable de trouver les mots. Il s'approcha du canapé, mais resta debout, me regardant avec cette même intensité qui m'avait toujours troublée.

- Tu réfléchis encore... je suppose, murmura-t-il.

Je pris une profonde inspiration, rassemblant tout le courage que j'avais. Il était temps de lui dire. De faire ce saut dans l'inconnu.

- Rick... j'ai pris ma décision, dis-je d'une voix tremblante mais déterminée.

Il se tendit légèrement, ses yeux se plissant comme s'il redoutait la suite. Le silence s'étira entre nous, long, pesant. Mais je ne voulais plus fuir.

- Je vais rester, ajoutai-je, sentant un poids immense se libérer de mes épaules en prononçant ces mots.

Rick sembla figé un instant, comme s'il n'était pas sûr d'avoir bien entendu. Ses yeux, auparavant ternes et pleins de doutes, s'éclairèrent soudain d'une étincelle que je n'avais pas vue depuis longtemps. Il se laissa tomber sur le canapé à côté de moi, ne touchant pas encore ma main, mais se rapprochant juste assez pour que je sente sa présence.

- Tu es sûre ? demanda-t-il doucement, presque incrédule.

J'hochai la tête.

- Oui, Rick. Je vais rester. Pour toi. Pour les enfants. Je ne peux pas abandonner. Pas maintenant.

Ses épaules se relâchèrent, comme si un poids invisible venait de glisser de ses muscles tendus. Pendant un instant, je le vis fermer les yeux, prenant une profonde inspiration, absorbant la réalité de mes mots. Quand il les rouvrit, son regard était plus doux, presque vulnérable.

- Je te promets, Elyria, je te protégerai, dit-il enfin, sa voix rauque, pleine d'émotion. Lori ne te fera plus de mal. Elle ne nous détruira pas.

Je l'observai un moment, ce milliardaire que j'avais autrefois considéré comme froid et arrogant, mais qui était devenu bien plus à mes yeux. Derrière l'homme d'affaires impitoyable, il y avait quelqu'un qui voulait juste se battre pour ce qui comptait. Et moi, j'avais fait le choix de me battre à ses côtés.

- Ce n'est pas seulement à toi de me protéger, Rick, dis-je, le regardant avec sérieux. Je vais me battre aussi. Lori ne me fait plus peur.

Il eut un léger sourire, un sourire qui n'atteignait pas tout à fait ses yeux, mais qui laissait entrevoir un soupçon d'espoir. Sans un mot de plus, il tendit la main et la posa doucement sur la mienne. Ce contact, aussi simple soit-il, fut comme une ancre, une promesse silencieuse de ce que nous allions affronter ensemble.

Nous restâmes ainsi, dans ce silence partagé, absorbant la gravité de ce qui allait venir. Nous savions tous les deux que rien ne serait facile. Lori serait implacable à son retour, mais cette fois, j'étais prête. Elle ne m'intimiderait plus. Peu importe les insultes, les coups, les menaces, je me tenais maintenant aux côtés de Rick, prête à affronter la tempête.

Je repensais à tout ce que j'avais traversé pour en arriver là. Les humiliations, les doutes, les nuits passées à me demander si je faisais le bon choix. Mais maintenant, tout cela semblait s'évanouir. Ce n'était pas seulement une question d'amour. C'était une question de survie, d'identité, de ce que je voulais pour moi, pour eux.

Rick brisa finalement le silence, sa voix douce et posée.

- J'ai déjà contacté les avocats. Tout est prêt pour le divorce. Elle ne pourra plus te faire de mal, Elyria.

Je hochai la tête, mais au fond de moi, je savais que le divorce ne serait que le début. Lori ne renoncerait pas si facilement. Elle reviendrait avec tout ce qu'elle avait, prête à me briser si elle le pouvait. Mais cette fois, j'étais déterminée à ne pas la laisser faire.

- Quoi qu'il arrive, Rick, je ne partirai pas, dis-je en plongeant mon regard dans le sien. Je te l'ai dit. Je suis prête à me battre.

Il serra doucement ma main, et pour la première fois depuis longtemps, je vis quelque chose d'autre dans son regard. Pas seulement la détermination ou la tristesse, mais une véritable lueur d'espoir. Il savait que nous allions affronter des jours sombres, mais il savait aussi qu'il n'était plus seul dans cette bataille.

La nuit avançait, et le silence autour de nous s'installait de nouveau. Mais cette fois, ce n'était plus le même silence lourd et oppressant. C'était un silence plein de promesses, de résolutions silencieuses. Nous étions deux, maintenant, unis contre tout ce qui allait venir.

Et peu importe ce que Lori tenterait à son retour, je savais au fond de moi que nous étions prêts. Ensemble.

J'avais fait mon choix.