Les jours suivants s'écoulèrent dans une étrange routine. Rick faisait de son mieux pour me mettre à l'aise, pour me faire oublier le poids de la situation avec Lori, mais malgré ses efforts, une tension constante flottait dans l'air. À chaque interaction, je sentais sa présence de plus en plus proche, et c'était précisément ce que je voulais éviter.Je savais qu'il tentait de se rapprocher de moi, sans jamais être trop direct. Il adoptait une approche subtile, presque hésitante. Peut-être par crainte de me brusquer, ou alors parce qu'il savait que j'étais sur mes gardes, prête à fuir à la moindre incertitude. Moi, je faisais tout pour maintenir une distance émotionnelle, pour me protéger de ce que je ressentais - ou de ce que je risquais de ressentir si je le laissais faire.
Ce matin-là, j'étais dans la cuisine, préparant le petit-déjeuner pour Carl et Judith. J'aimais ces moments simples, où je pouvais me concentrer uniquement sur eux, sur des choses normales et innocentes. Judith gazouillait joyeusement dans sa chaise haute, tandis que Carl me racontait ses dernières aventures à l'école avec une excitation qui me faisait sourire.
Puis, je l'ai senti entrer. Comme à chaque fois. Rick avait cette manière d'imposer sa présence, même silencieux. Il s'approcha doucement, sans précipitation, me laissant le temps de réagir.
- Tu as besoin d'aide ? demanda-t-il doucement en s'arrêtant près de moi, sa voix chaude résonnant dans la cuisine.
Je ne levai pas les yeux tout de suite, concentrée sur la coupe des fruits que je préparais pour les enfants.
- Non, merci, ça va, répondis-je de manière brève, sans pour autant être froide. Je me contentais de garder la conversation au strict minimum.
Mais il ne s'éloigna pas. Je le sentais se rapprocher un peu plus, et bientôt, il était juste à côté de moi, observant mes gestes avec une attention troublante.
- Tu es douée avec eux, finit-il par dire, sa voix plus douce que d'habitude. Les enfants t'adorent.
Je m'efforçai de rester concentrée sur ma tâche, ne voulant pas me laisser atteindre par ses mots. Pourtant, mon cœur battait plus vite, malgré moi.
- C'est mon travail, répondis-je calmement.
Il resta silencieux un instant, puis je le vis esquisser un léger sourire du coin de l'œil.
- Ce n'est pas seulement ton travail, Elyria. Tu tiens vraiment à eux. Ça se voit.
Je m'arrêtai un instant, mes mains suspendues au-dessus de la planche à découper. Il avait raison, bien sûr. J'aimais ces enfants, plus que je ne voulais l'admettre. Mais je ne pouvais pas laisser cela devenir un prétexte pour me rapprocher de lui. Il y avait trop en jeu. Lori. Les sentiments qui commençaient à naître en moi, malgré tout ce que je m'étais promis.
Je déposai les fruits dans un bol et m'éloignai légèrement de lui, essayant de briser ce moment qui devenait de plus en plus lourd.
- Ils sont comme ma famille, dis-je finalement, en évitant de croiser son regard.
Il hocha la tête, ses yeux fixés sur moi avec une intensité que je tentais d'ignorer.
- Oui... Et tu fais partie de la nôtre, Elyria.
Ces mots. Ils résonnèrent en moi comme un écho. Une part de moi voulait croire à cette déclaration, à l'idée qu'ici, dans cette maison, je pouvais enfin trouver un endroit où je me sentais à ma place. Mais c'était faux, n'est-ce pas ? J'étais toujours cette baby-sitter, l'intruse dans une famille qui ne m'appartenait pas.
- Je ne suis pas sûre de ça, répondis-je honnêtement, en baissant les yeux.
Il s'approcha un peu plus, franchissant une nouvelle barrière invisible que j'avais construite. Je sentis sa main effleurer la mienne, juste assez pour provoquer un frisson le long de mon bras.
- Elyria, tu comptes plus pour moi que tu ne l'imagines.
Cette fois, je levai les yeux, et ce que je vis dans les siens me déstabilisa. C'était de la sincérité, brute et dénudée. Il n'y avait plus cette arrogance, ce masque qu'il portait si souvent. Il était vulnérable, et cela me faisait peur. Parce que si lui se montrait ainsi, cela signifiait que moi aussi, je devrais peut-être un jour faire tomber mes propres barrières.
Je retirai doucement ma main, brisant ce contact avant qu'il ne devienne trop intime.
- Rick, c'est... c'est compliqué.
Il hocha lentement la tête, mais je pouvais voir qu'il ne comptait pas abandonner si facilement.
- Je sais, souffla-t-il. Et je ne veux pas te forcer à quoi que ce soit. Je veux juste... être là. Pour toi. Comme tu l'as été pour nous.
Je déglutis difficilement, sentant le poids de ses mots peser sur moi. C'était la première fois qu'il exprimait ses sentiments aussi clairement. Mais moi, je n'étais pas prête à accepter cette réalité. Pas maintenant.
- Les enfants m'attendent, murmurai-je en m'éloignant vers la table, posant le bol de fruits devant Carl et Judith.
Rick resta silencieux, me suivant du regard, mais il ne chercha pas à me retenir. Je pouvais sentir sa frustration, mais aussi sa compréhension. Il savait que je luttais contre ce que je ressentais. Il savait que la situation était tout simplement trop complexe.
La journée continua ainsi, dans cette danse subtile où il tentait de se rapprocher, et moi, je me battais contre chaque impulsion qui me poussait vers lui. Chaque regard, chaque parole échangée devenait une épreuve, un rappel de cette attirance que je voulais étouffer, mais qui devenait de plus en plus difficile à ignorer.
Ce soir-là, après avoir couché les enfants, je descendis au salon pour ramasser quelques jouets. Rick était déjà là, assis dans un fauteuil, un verre à la main. Il me regarda en silence pendant que je rangeais, et je sentais son regard brûlant sur moi.
Je savais qu'il voulait parler, qu'il attendait quelque chose, mais je n'étais pas prête à lui donner ce qu'il attendait.
- Elyria... commença-t-il, sa voix basse et grave.
Je me redressai, tenant un jouet dans mes mains, et le regardai.
- Je ne sais pas quoi te dire, Rick, dis-je finalement, la voix tremblante d'émotion.
- Alors ne dis rien. Laisse-moi juste être là. Je ne te demande rien de plus.
Son regard était intense, sincère, et cela me déstabilisait. J'avais l'impression que plus je luttais contre mes sentiments, plus il devenait difficile de garder mes distances. Mais je savais aussi que franchir cette ligne avec lui ne serait pas sans conséquences.
- Je vais monter, murmurai-je, brisant le moment.
Il ne chercha pas à me retenir, respectant une fois de plus mes limites. Mais je savais que ce n'était qu'une question de temps avant que tout cela n'éclate, d'une manière ou d'une autre.
Alors que je montais les escaliers, mon cœur battant la chamade, je ne pouvais m'empêcher de me demander combien de temps encore je pourrais résister. Combien de temps avant que cette distance que je tentais de maintenir ne s'effondre sous le poids de mes propres émotions ?
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Baby
ФанфикJe n'étais rien d'autre qu'une baby-sitter qui paye les dettes que son père lui as laissé après sa mort. Il n'était rien d'autre qu'un milliardaire arrogant pour qui je travaillais afin de survivre. Je voulais mourir et il m'as fais aimer vivre.