Le crépuscule tombait doucement sur la villa des Grimes. La lumière orangée du soleil traversait les grandes fenêtres, plongeant les couloirs dans une atmosphère étrange, presque irréelle. Assise dans ma chambre, j'observais les ombres danser sur les murs, perdue dans mes pensées. Lori était de retour, et avec elle, l'étau se resserrait. Il n'y avait plus de répit, plus d'illusions de paix. Je le sentais, quelque chose de grave allait se passer. Le retour de Lori avait changé l'énergie de la maison.Le silence dans lequel je me trouvais fut soudain brisé par des éclats de voix venant du rez-de-chaussée. Mon cœur se mit à battre plus vite. Lori et Rick. Encore une dispute. Depuis son retour, Lori semblait plus sur les nerfs, plus méprisante, plus aiguisée dans ses remarques. Et Rick, lui, paraissait de plus en plus tendu, comme si chaque mot qu'il prononçait était une bombe à retardement prête à exploser.
Je me levai de mon lit, mes jambes légèrement tremblantes, et ouvris la porte de ma chambre pour mieux entendre. J'hésitais à descendre, mais la peur de tomber sur Lori et de croiser son regard glacial me paralysait.
- Combien de temps tu comptes jouer à ça, Rick ? lança Lori d'une voix acerbe. Tu crois que je suis aveugle ? Tu crois que je ne vois pas ce qui se passe sous mon propre toit ?
Mon souffle se coupa. Mon esprit tourbillonnait. Avait-elle découvert quelque chose ? Est-ce qu'elle savait ?
- Lori, tu te fais des idées, répliqua Rick, sa voix plus basse, mais tendue. Tu te montes la tête.
Je pouvais à peine respirer en entendant leur échange. Chaque mot échangé me rapprochait du précipice. La tension entre eux était palpable. Leur relation, autrefois stable, vacillait dangereusement sur ses bases.
- Ne te moque pas de moi, Rick ! Je vois bien comment tu la regardes. Elle n'est qu'une baby-sitter, mais pour toi, elle est devenue beaucoup plus, pas vrai ? Tu me prends vraiment pour une idiote.
Je sentis mes jambes faiblir, et je dus m'appuyer contre le mur pour ne pas flancher. Elle savait. Elle savait, ou du moins, elle devinait ce qui se passait entre nous. Mon cœur battait à tout rompre. J'avais envie de fuir, de quitter cette maison pour de bon, mais mes pieds restaient ancrés au sol.
- Lori, calme-toi, répondit Rick d'un ton plus sec. Tu es en train de te laisser emporter. Elyria est ici pour les enfants. Rien d'autre.
Un silence suivit. Lori ne parlait plus, mais je l'imaginais, les yeux plissés de colère, son esprit travaillant à toute vitesse. Elle n'était pas stupide. Elle savait lire entre les lignes. Je sentais son venin prêt à se répandre à tout moment.
- Rien d'autre, hein ? répondit-elle enfin, sa voix basse et tranchante. Alors pourquoi tu la défends à chaque fois ? Pourquoi tu passes autant de temps avec elle ? Est-ce pour Judith et Carl ? Ou bien est-ce pour toi ?
Cette fois, je ne pouvais plus respirer. Chaque mot de Lori était une lame qui se plantait dans ma poitrine. Mon secret, notre secret, était sur le point d'exploser. Rick et moi avions tenté de nous cacher, de dissimuler nos sentiments derrière nos rôles respectifs, mais cela ne pouvait plus durer.
Je reculai doucement, essayant de m'éloigner de la porte, mais mes mouvements étaient maladroits. Je me sentais prise au piège dans une toile d'araignée, chaque fil me ramenant à cette réalité que je refusais d'affronter. Soudain, la voix de Lori monta d'un cran.
- Tu veux que je te dise ce que je pense ? lança-t-elle, pleine de mépris. Elle te manipule. Cette petite pauvre sans avenir, elle t'a vu comme une proie facile, une opportunité. Elle te séduit pour échapper à sa misère, Rick ! Tu es son ticket de sortie !
Je m'arrêtai net. Mon corps se figea. Ce qu'elle venait de dire me frappa en plein cœur. Ses mots, bien que cruels, portaient une vérité déformée par sa jalousie. Oui, j'étais ici parce que je n'avais pas le choix. Oui, je travaillais pour survivre, pour éponger les dettes de mon père. Mais ce que je ressentais pour Rick n'avait jamais été calculé. C'était vrai, et cela me détruisait d'être perçue autrement.
Je ne pouvais plus rester là à écouter. Je devais sortir, m'échapper avant que tout ne s'effondre. Je m'apprêtais à me diriger vers la porte de ma chambre pour partir, quand des pas lourds se firent entendre dans le couloir. Mon cœur manqua un battement. Rick montait les escaliers. Il allait venir ici. Je savais qu'il cherchait à fuir cette confrontation, à me rejoindre pour... quoi ? Me protéger ? M'expliquer ?
Je n'eus pas le temps de me poser plus de questions. La porte s'ouvrit brusquement, et Rick apparut dans l'encadrement, son visage marqué par l'inquiétude et la colère. Il referma la porte derrière lui et s'approcha rapidement de moi.
- Elyria, murmura-t-il, sa voix rauque. Je suis désolé pour ce que tu as entendu. Lori...
- Elle a raison, Rick, le coupai-je d'une voix tremblante, mes yeux s'emplissant de larmes. Elle a raison. Je n'ai pas ma place ici. Je n'aurais jamais dû...
Il s'avança et saisit mes épaules doucement, me forçant à le regarder dans les yeux. Son regard était intense, désespéré, mais sincère.
- Non, Elyria, elle a tort. Elle ne comprend rien. Je... je ne peux pas te laisser partir. Pas comme ça.
Je déglutis, mon esprit en ébullition. Tout cela devenait trop lourd à porter. Nos sentiments étaient devenus un fardeau, une bombe à retardement.
- Rick, je ne peux pas rester ici, pas après ça, pas après ce qu'elle sait. Elle va me détruire, nous détruire.
- Je ne la laisserai pas te faire du mal, dit-il, sa voix se faisant plus ferme. Je te l'ai promis, Elyria. Et je tiendrai ma promesse.
Je secouai la tête, sentant les larmes couler sur mes joues.
- Comment ? Comment vas-tu faire pour la stopper ? Elle ne lâchera pas, Rick. Elle ne le fera jamais.
Rick resta silencieux, sa mâchoire se contractant sous la tension. Il savait que j'avais raison, mais il refusait de l'admettre.
Je m'écartai doucement de lui, brisant le contact physique entre nous. Mon cœur se serrait dans ma poitrine, mais je devais rester lucide.
- Je dois partir, Rick, chuchotai-je. Pour toi, pour les enfants... pour nous.
Il se figea, son regard se durcissant légèrement.
- Si tu pars maintenant, tu ne reviendras jamais, dit-il, sa voix se brisant à la fin de sa phrase.
Je sentais une tempête intérieure grandir en lui. Il luttait, tiraillé entre son devoir de mari et ce qu'il ressentait pour moi. Mais j'étais fatiguée de cette guerre silencieuse, de ces mensonges qui nous étouffaient.
- C'est peut-être mieux ainsi, murmurai-je en baissant les yeux.
Il s'approcha une dernière fois de moi, ses mains tremblant légèrement alors qu'il me caressait doucement la joue.
- Ne dis pas ça, Elyria. Pas après tout ce qu'on a traversé.
Je fermai les yeux sous son toucher, savourant cet instant, sachant que ce serait peut-être le dernier. Je ne pouvais plus rester. Lori ne me laisserait jamais en paix.
Sans un mot de plus, je m'éloignai de lui et sortis de la pièce, le laissant seul avec ses démons.

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Baby
أدب الهواةJe n'étais rien d'autre qu'une baby-sitter qui paye les dettes que son père lui as laissé après sa mort. Il n'était rien d'autre qu'un milliardaire arrogant pour qui je travaillais afin de survivre. Je voulais mourir et il m'as fais aimer vivre.