Le départ de Lori se fit sans cérémonie. Elle m'avait à peine adressé un regard avant de quitter la villa pour son voyage d'affaires à Washington. Ses talons claquaient sur le sol marbré, et l'écho résonnait dans toute la maison comme un coup de marteau sur une cloche. Rick l'avait accompagnée jusqu'à la porte, son visage toujours impassible. Il n'y avait eu ni adieu chaleureux, ni baiser tendre. Rien d'autre que le bruit sec de la porte d'entrée qui se refermait derrière elle.Je savais qu'elle reviendrait dans un mois, peut-être plus. Ce voyage à Washington était habituel pour elle. Lori avait une carrière prestigieuse, une réussite éclatante dans le monde des affaires. Elle était tout ce que je n'étais pas et ne serais jamais. Et pourtant, son absence marquait un vide étrange dans cette maison.
Les premiers jours après son départ, la maison semblait plus grande, presque oppressante dans son silence. Sans les talons de Lori résonnant sur le carrelage, sans ses remarques acérées, je me retrouvais seule avec mes pensées, et avec Rick.
Je m'étais juré de garder mes distances avec lui. Depuis cet incident dans la cuisine, depuis cette gifle humiliante, je ne savais plus comment agir autour de lui. Il m'avait soignée, oui, mais son regard était resté froid, fermé. Chaque fois que je croisais son chemin, je ressentais une tension, un nœud dans mon estomac qui me rappelait à quel point tout cela était fragile. Je ne pouvais pas me permettre de me laisser emporter par des sentiments que je ne comprenais pas.
Rick, de son côté, semblait aussi distant que moi, bien que je sentisse parfois son regard se poser sur moi lorsque je ne faisais pas attention. Chaque interaction entre nous devenait une danse, un jeu de regards évités, de conversations anodines qui semblaient peser mille tonnes. Je m'en tenais à mes tâches habituelles, m'occupant des enfants avec toute l'attention que je pouvais leur offrir. Mais Carl, malgré son jeune âge, avait remarqué ce changement d'atmosphère.
- Elyria, pourquoi tu ne joues plus avec papa ? m'avait-il demandé un jour, l'air innocent, alors que nous étions dans le jardin.
Je m'étais figée, surprise par sa question. Rick et moi n'avions jamais vraiment « joué » ensemble, mais je comprenais ce qu'il voulait dire. Avant l'incident avec Lori, il y avait une certaine légèreté entre nous, quelque chose qui, sans être encore formulé, rendait les moments partagés supportables, parfois même agréables. Maintenant, tout cela semblait lointain.
- Je suis juste occupée avec Judith, Carl, avais-je répondu en lui souriant faiblement, tentant de changer de sujet.
Mais Carl n'était pas dupe. À sept ans, il était plus observateur qu'on ne l'aurait cru. Ses grands yeux bleus, si semblables à ceux de son père, me fixaient avec une intensité déstabilisante.
- Tu es fâchée contre papa ? demanda-t-il ensuite, ses sourcils froncés.
Je secouai la tête, surprise par sa question directe.
- Non, Carl, je ne suis pas fâchée contre lui, avais-je murmuré, bien que je ne sois pas sûre de mes propres paroles.
**Les jours suivants passèrent lentement**, et je me réfugiai de plus en plus dans ma routine. La villa était immense, et malgré la présence des enfants, je me sentais souvent seule. Je les aimais profondément, mais ils ne pouvaient pas combler ce vide qui s'était creusé entre Rick et moi. Cette distance, je la maintenais avec une discipline presque douloureuse, me rappelant chaque jour que je n'étais que leur baby-sitter, rien de plus.
Mais Rick était là, toujours présent en arrière-plan. Chaque fois que nous étions dans la même pièce, je pouvais sentir son regard sur moi, bien que je fasse de mon mieux pour l'ignorer. Il ne faisait aucun geste pour m'approcher, ne tentait pas de briser cette distance que j'avais érigée. Et pourtant, je savais que cela ne pouvait pas durer.
Un soir, alors que je finissais de border Judith, j'entendis des pas légers derrière moi. Je me retournai pour voir Rick debout dans l'embrasure de la porte de la chambre, ses bras croisés, me regardant silencieusement. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale, mais je me forçai à rester concentrée sur Judith, qui s'était déjà endormie.
- On doit parler, Elyria, dit-il finalement, sa voix grave résonnant doucement dans la pièce.
Je me raidis immédiatement. Je n'avais pas envie de cette conversation. J'avais passé des jours à éviter ce moment, à éviter de le confronter, et je n'étais pas prête à affronter ce qui pourrait en découler.
- Il n'y a rien à dire, Rick, répondis-je en me levant lentement. Tout va bien.
Il émit un léger rire, mais sans la moindre trace de joie.
- Tout va bien ? Elyria, tu ne m'as presque pas adressé un mot depuis des jours. Et je sais que ça n'a rien à voir avec les enfants.
Je me mordis la lèvre, évitant son regard. Il avait raison, bien sûr. Mais je ne savais pas quoi dire, ni comment expliquer ce que je ressentais. Tout était trop compliqué.
- C'est mieux comme ça, dis-je doucement en passant à côté de lui pour sortir de la chambre.
Je sentis sa main se poser sur mon bras, me retenant. Un contact doux mais ferme. Mon cœur se mit à battre plus fort.
- Pourquoi ? demanda-t-il, sa voix plus basse, presque implorante.
Je restai immobile un instant, sentant sa main toujours sur moi, et finalement je me dégageai doucement. Je ne pouvais pas le regarder en face, pas maintenant.
- Parce que... je ne veux pas me retrouver au milieu de tout ça, Rick. C'est déjà assez compliqué comme ça, chuchotai-je.
Je sortis de la chambre, me sentant étouffée, comme si l'air manquait autour de moi. Je me dirigeai vers ma chambre, espérant qu'il ne me suivrait pas. Mais à peine avais-je fermé la porte derrière moi que je l'entendis frapper doucement.
- Elyria, ouvre-moi, dit-il de l'autre côté, sa voix toujours calme mais insistante.
Je fermai les yeux, tentant de respirer profondément pour calmer les battements affolés de mon cœur.
- Je ne veux pas parler, Rick, répondis-je d'une voix plus forte que je ne l'avais prévu.
Il resta silencieux un instant, puis je l'entendis soupirer.
- Je ne te laisserai pas seule avec ça, Elyria, dit-il doucement. Ce n'est pas juste.
Je restai immobile, le front contre la porte. Ses mots résonnaient en moi. Une part de moi voulait lui ouvrir, voulait le laisser entrer, mais je savais que c'était dangereux. Parce que si je le laissais entrer dans cette pièce, je savais que tout changerait.
Finalement, après ce qui me parut une éternité, je l'entendis s'éloigner. La maison retrouva son silence, mais ce silence était différent. Il était lourd, chargé de non-dits, de sentiments refoulés. Et alors que je me laissais tomber sur le lit, épuisée, je savais que cette distance que j'essayais de maintenir entre nous ne pourrait pas durer éternellement.
Rick Grimes était un homme compliqué, et il était de plus en plus difficile de l'ignorer. Mais une chose était sûre : tout ce que je tentais de fuir finirait par me rattraper.

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Baby
FanficJe n'étais rien d'autre qu'une baby-sitter qui paye les dettes que son père lui as laissé après sa mort. Il n'était rien d'autre qu'un milliardaire arrogant pour qui je travaillais afin de survivre. Je voulais mourir et il m'as fais aimer vivre.