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Le lendemain matin, je me réveillai avec une étrange sensation de légèreté. La lumière douce du soleil filtrant à travers les rideaux me rappelait que la nuit précédente n'était pas un rêve. Mes pensées revinrent immédiatement à Rick, à notre baiser, à ces mots échangés qui avaient brisé toutes les barrières entre nous. "Je t'aime." Jamais je n'aurais cru dire cela un jour, encore moins à un homme comme lui.

Je me redressai lentement dans le lit, mon corps encore marqué par l'intensité de la veille. L'air semblait plus léger, plus pur, comme si tout ce qui pesait sur mes épaules avait disparu. Pourtant, une petite part de moi restait nerveuse. La nuit dernière, c'était nous, dans une bulle hors du temps. Mais maintenant, il fallait affronter la réalité de ce que cela signifiait vraiment. Rick et moi, ensemble. Deux mondes qui n'étaient jamais censés se croiser, et pourtant... tout s'était aligné pour que cela arrive.

Alors que je me préparais à descendre, j'entendis les rires de Carl dans le salon. Mon cœur se serra de tendresse. J'avais encore du mal à réaliser que malgré tout ce qui se passait, ces deux enfants faisaient partie intégrante de ma vie, presque autant que Rick lui-même. Je m'approchai du bas de l'escalier, où je surpris la scène la plus simple, mais la plus belle.

Rick était assis avec Judith sur ses genoux, jouant avec une peluche, tandis que Carl s'amusait à dessiner sur la table basse. Cette image d'un homme aimant, attentif à ses enfants, contrastait tellement avec l'image du milliardaire froid et arrogant que j'avais rencontré quelques mois auparavant. Mais aujourd'hui, c'était cet homme-là que je voyais. Celui qui avait su me montrer une autre facette de lui-même. Celui dont je tombais amoureuse un peu plus chaque jour.

Il leva les yeux vers moi, et nos regards se croisèrent. Il y avait quelque chose de différent dans ses yeux ce matin-là. Une chaleur, une douceur que je n'avais jamais vue aussi clairement avant. Sans un mot, il déposa doucement Judith dans son parc, puis se leva pour me rejoindre. Mon cœur battait la chamade alors qu'il s'approchait, ses pas calmes et déterminés, comme si rien d'autre au monde n'existait en dehors de ce moment.

— Bonjour, murmura-t-il en me rejoignant au pied des escaliers, un sourire timide sur ses lèvres.

— Bonjour, répondis-je, la voix légèrement tremblante.

Il tendit la main et attrapa doucement la mienne, l'effleurant du bout des doigts. Ce simple contact envoya une vague de chaleur à travers mon corps, me rappelant à quel point je m'étais sentie vivante la veille. Il semblait aussi nerveux que moi, mais il y avait une certitude dans son geste, une décision prise.

— Comment tu te sens ? demanda-t-il doucement.

Je cherchai mes mots, essayant de formuler tout ce que je ressentais. Mais aucune phrase ne semblait capable de décrire ce mélange de bonheur, d'appréhension et d'excitation.

— Différente, je crois, dis-je finalement avec un léger sourire.

Rick hocha la tête, son sourire s'agrandissant.

— Moi aussi, Elyria. Moi aussi.

Il se rapprocha, toujours aussi délicat, et avant même que je ne puisse comprendre ce qui se passait, il posa ses lèvres sur les miennes une nouvelle fois. Ce baiser, bien que plus tendre que celui de la veille, portait la même intensité, le même besoin de vérité. Il était doux, rassurant, comme s'il voulait me dire que tout allait bien se passer. Et à cet instant, je le crus.

Lorsque nos lèvres se séparèrent, je vis Carl, qui nous observait avec une curiosité innocente. Son regard brillait d'une sorte de compréhension silencieuse, mais il ne posa aucune question. Je sentais que, pour lui, la situation n'était peut-être pas aussi étrange qu'on aurait pu le croire.

Rick tourna la tête vers son fils et lui fit un petit signe de la main.

— Tout va bien, mon grand ? demanda-t-il avec un sourire rassurant.

Carl hocha la tête avant de se tourner vers moi, ses yeux remplis de cette même curiosité qu'il avait exprimée la veille.

— Alors... Elyria est ton amoureuse maintenant ? demanda-t-il d'une voix timide, mais sans jugement.

Je ne pus m'empêcher de sourire. Rick aussi se mit à rire doucement, mais cette fois, il ne chercha pas à éviter la question.

— Oui, Carl, répondit-il, sa voix calme mais pleine de certitude. Elyria est très spéciale pour moi.

Carl réfléchit un instant, puis un sourire timide éclaira son visage.

— Cool, dit-il simplement avant de retourner à son dessin.

Je laissai échapper un soupir de soulagement silencieux. Ce simple mot avait dissipé une grande partie de mes inquiétudes. Les enfants semblaient accepter la situation, du moins pour l'instant, et cela rendait tout un peu plus simple, un peu moins compliqué.

Rick se tourna vers moi, ses yeux brillants d'une affection nouvelle.

— Ça ne sera pas toujours facile, tu le sais, n'est-ce pas ? murmura-t-il, comme s'il lisait mes pensées.

Je hochai la tête, consciente que nous allions devoir affronter bien plus que les regards curieux des autres. Lori serait un obstacle, bien sûr. Le divorce n'était pas encore finalisé, et je savais qu'elle ne me faciliterait pas la tâche. Sans parler des rumeurs qui ne tarderaient sûrement pas à courir sur notre relation. Mais pour la première fois depuis longtemps, ces peurs semblaient insignifiantes comparées à ce que je ressentais pour lui.

— Je le sais, répondis-je doucement. Mais je suis prête. Tant que je suis avec toi.

Rick serra ma main un peu plus fort, son regard rempli de promesses silencieuses. Il n'avait pas besoin de me convaincre. Nous savions tous les deux que ce chemin serait semé d'embûches, mais après tout ce que nous avions traversé, je savais que cela en valait la peine.

— Je t'aime, Elyria, dit-il soudain, avec une simplicité qui fit battre mon cœur encore plus vite.

Je souris, me sentant plus en paix que je ne l'avais jamais été depuis longtemps.

— Je t'aime aussi, Rick, répondis-je, sachant au fond de moi que je le pensais de tout mon cœur.

Et à cet instant, alors que nous étions entourés des enfants, dans cette maison où tout avait commencé, je compris que nous venions de franchir une étape décisive. Nous n'étions plus deux âmes errantes, luttant contre nos propres démons. Nous étions ensemble, enfin, prêts à affronter tout ce qui nous attendait, main dans la main.

Peu importe ce que l'avenir nous réservait, je savais que nous avions trouvé quelque chose de rare, de précieux, et qu'il nous appartenait désormais de le protéger à tout prix.

BabyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant