Les jours qui suivirent le retour de Lori furent tendus, plus tendus encore que je ne l'avais imaginé. Elle n'avait pas réagi immédiatement, mais il y avait cette froideur constante dans la maison, une atmosphère lourde qui pesait sur chaque instant. Elle ne disait rien de plus, mais son regard, ses petits gestes et ses remarques en coin ne faisaient que renforcer l'idée qu'elle préparait quelque chose. Rick et moi le savions, même s'il n'en parlait pas. Elle attendait le bon moment pour frapper.Le matin, je m'efforçais de m'occuper des enfants comme si de rien n'était. Judith gazouillait innocemment dans son berceau pendant que je la changeais, et Carl, comme à son habitude, s'enthousiasmait à propos de ses derniers jouets. Leur énergie et leur insouciance étaient un baume pour mon esprit agité, mais il était impossible de me détendre totalement. Lori allait et venait dans la maison comme une ombre malveillante, ses talons claquant contre le sol chaque fois qu'elle passait près de moi.
Elle ne me parlait presque pas. Au lieu de ça, elle donnait des ordres à Rick, des recommandations passives-agressives sur la manière dont les enfants devraient être élevés, des critiques voilées sur la tenue de la maison, même des remarques discrètes sur moi, mais toujours formulées de manière à ne pas paraître directement hostiles. Rick restait silencieux, et cela commençait à m'énerver plus que je ne voulais l'admettre.
Un soir, alors que je finissais de ranger la cuisine après le dîner, j'entendis la voix de Lori résonner dans le salon. Je ne prêtais pas vraiment attention à ce qu'elle disait au départ, mais un mot m'arrêta dans mon mouvement.
- Baby-sitter, cracha-t-elle avec un mépris évident.
Je me figeai, le torchon toujours en main, mon regard fixé sur l'évier sans vraiment le voir. Je savais qu'elle parlait de moi, mais cette fois, c'était plus qu'une simple remarque en passant. Sa voix était chargée de venin.
Je m'avançai discrètement vers la porte de la cuisine, tendant l'oreille. Rick et Lori étaient dans le salon, et je pouvais entendre Lori parler d'un ton de plus en plus acerbe.
- Tu la laisses encore traîner ici comme si elle faisait partie de la famille, Rick. Ce n'est qu'une employée, une baby-sitter. Rien de plus. Combien de temps encore tu comptes tolérer ça ?
Rick ne répondit pas immédiatement, et je sentis mon cœur s'accélérer. Il avait promis de me défendre, mais le ferait-il vraiment ? Cette question me hantait depuis des jours.
- Lori, c'est ridicule, finit-il par dire, sa voix basse mais ferme. Elyria fait plus que son travail. Elle s'occupe des enfants comme personne d'autre ne pourrait le faire. Elle fait partie de cette maison.
- Elle n'a rien à faire ici ! s'emporta Lori. Ce n'est pas parce qu'elle est douée avec les enfants qu'elle a le droit de se comporter comme si elle était chez elle. Elle doit comprendre où est sa place, Rick. Et toi aussi.
Un silence pesant suivit cette réplique. Mon souffle était coupé, et je me sentais tiraillée entre le désir de m'éloigner pour ne pas en entendre plus et l'envie de savoir jusqu'où Lori irait.
- Je pense que c'est toi qui as du mal à comprendre, Lori, répondit Rick d'un ton glacial que je ne lui avais jamais entendu utiliser avant. Elyria a toute sa place ici, et je ne te laisserai plus la rabaisser. Ça suffit.
Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. C'était la première fois que Rick prenait clairement ma défense devant Lori. Et c'était la première fois que Lori restait silencieuse aussi longtemps après une réponse.
Un bruit de chaise glissant sur le sol me fit comprendre que la conversation était terminée, du moins pour ce soir. Lori monta à l'étage sans dire un mot, et je restai figée, incapable de bouger. Rick ne savait pas que j'avais entendu leur échange, mais cela ne faisait qu'amplifier l'importance de ce moment pour moi. Il avait enfin pris position, et cela changeait tout.
Je laissai échapper un soupir, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Quand je me décidai enfin à sortir de la cuisine, Rick était là, appuyé contre le cadre de la porte, son regard sombre posé sur moi. Il ne semblait pas surpris de me voir, comme s'il savait que j'avais tout entendu.
- Ça va ? demanda-t-il doucement.
Je hochai la tête, incapable de dire un mot. Tout en moi criait que non, ça n'allait pas, que cette situation devenait insupportable, mais je ne voulais pas ajouter à ses tourments. Pas ce soir.
- Je t'ai dit que je ne la laisserais plus te blesser, Elyria, continua-t-il en s'approchant de moi. Et je le pense vraiment.
Il me prit doucement dans ses bras, et je me laissai aller contre lui, mes mains agrippant le tissu de sa chemise. J'étais fatiguée. Fatiguée de cette lutte constante, fatiguée de marcher sur des œufs, fatiguée de la présence oppressante de Lori. Mais sentir la chaleur de Rick, entendre la régularité de son souffle, me donnait une force que je n'avais pas su trouver seule.
- Elle ne partira pas, murmurai-je contre son torse, mes pensées glissant hors de moi avant que je ne puisse les retenir. Elle ne nous laissera jamais en paix.
Rick me serra un peu plus fort, sa joue reposant sur le sommet de ma tête.
- Peu importe ce qu'elle fait, elle ne nous détruira pas, Elyria. Je te le promets.
Je voulais croire en ses promesses. Je voulais croire que cette maison pouvait être un refuge, que cette vie que nous essayions de bâtir ensemble pourrait résister à la tempête qu'était Lori. Mais chaque jour qui passait, je sentais le danger se rapprocher, comme une vague prête à déferler.
Nous restâmes là un long moment, dans le silence de la nuit qui tombait, juste tous les deux. Mais même dans cet instant de calme, je savais que quelque chose de plus grand se préparait. Lori ne lâchait jamais. Et elle préparait son prochain coup.

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Baby
FanficJe n'étais rien d'autre qu'une baby-sitter qui paye les dettes que son père lui as laissé après sa mort. Il n'était rien d'autre qu'un milliardaire arrogant pour qui je travaillais afin de survivre. Je voulais mourir et il m'as fais aimer vivre.