Baby

#3

Les nuits dans la villa Grimes étaient longues et silencieuses. L'immensité de la maison, vide, semblait accentuer le poids de mes pensées. Je n'avais jamais eu l'habitude de vivre dans un tel luxe. Tout ici respirait la richesse, le pouvoir, mais aussi une froideur que je n'arrivais pas à dissiper. La seule chaleur venait des enfants, de leurs rires et de leurs sourires innocents. C'était pour eux que je me levais chaque matin, que je supportais les regards dédaigneux de Lori et les silences pleins de tension de Rick.

Je savais que quelque chose clochait dans cette maison. Quelque chose de bien plus profond que les apparences ne laissaient entrevoir. Lori était rarement présente, mais ses absences semblaient avoir laissé une marque indélébile sur la dynamique familiale. Rick, lui, semblait se perdre dans son travail, se réfugiant dans son bureau ou derrière des conversations téléphoniques interminables. Pourtant, chaque fois que nos regards se croisaient, je sentais cette étincelle. Un feu, latent, qui ne demandait qu'à prendre.

Ce soir-là, après avoir couché Carl et Judith, je m'étais installée dans ma chambre, épuisée. Le silence de la maison pesait lourd, me laissant seule avec mes pensées. Je réfléchissais à ces moments volés avec Rick, à ces échanges qui, malgré leur brièveté, avaient commencé à occuper une place disproportionnée dans mon esprit. Je savais que c'était dangereux. Il était marié, beaucoup plus âgé que moi, et nous vivions sous le même toit. Mais je ne pouvais m'empêcher d'être attirée par lui.

Alors que je m'apprêtais à éteindre la lumière et à plonger dans un sommeil agité, j'entendis un bruit sourd dans le couloir. Quelqu'un était encore éveillé. Intriguée, je me levai et me dirigeai vers la porte, l'entrouvrant doucement. Rick se tenait là, à l'autre bout du couloir, à moitié plongé dans l'ombre. Il semblait perdu dans ses pensées, une main appuyée contre le mur, l'autre passant nerveusement dans ses cheveux.

Je ne savais pas quoi faire. Devais-je le rejoindre ou retourner dans ma chambre, comme si de rien n'était ? Mon cœur battait fort dans ma poitrine, une vague de chaleur montant en moi. Avant que je ne puisse prendre une décision, il leva les yeux et nos regards se croisèrent à travers la pénombre.

- Elyria ? murmura-t-il, la voix rauque.

C'était à la fois une question et une invitation. Mon esprit me criait de rester à distance, mais mes pieds se mirent en mouvement presque malgré moi. Je m'approchai lentement, mes mains moites de nervosité. Chaque pas résonnait dans le couloir vide, amplifiant la tension entre nous.

- Vous... vous allez bien ? demandai-je timidement, cherchant à rompre le silence.

Il esquissa un sourire fugace, mais son regard trahissait une profonde fatigue, peut-être même un tourment intérieur que je ne comprenais pas encore.

- Je n'arrive pas à dormir, avoua-t-il après un long moment de silence. Beaucoup de choses en tête, je suppose.

Je ne savais pas quoi répondre. Après tout, qui étais-je pour comprendre les problèmes d'un homme comme Rick Grimes, un milliardaire aux responsabilités écrasantes ? Pourtant, il y avait quelque chose de sincère dans ses mots, un besoin de se confier, même si c'était implicite.

- C'est compréhensible, dis-je doucement. Tout ce que vous gérez... ça doit être beaucoup.

Il hocha la tête, comme s'il attendait cette réponse. Puis, dans un geste surprenant, il fit un pas vers moi. Pas trop près, mais suffisamment pour que je sente la chaleur de son corps. Je restai figée, ne sachant pas comment réagir. Il était si proche, son regard rivé au mien, et je me sentais prise au piège dans une danse silencieuse, celle de l'interdit.

- Parfois, je me demande ce que je fais ici, murmura-t-il, ses yeux cherchant quelque chose dans les miens.

Sa confession me prit au dépourvu. Comment un homme comme lui pouvait-il douter de sa place ? Il avait tout ce dont la plupart des gens rêvaient : une immense fortune, une famille, un statut. Et pourtant, il semblait aussi perdu que moi.