Le trajet jusqu'à la villa fut plus silencieux que je ne l'aurais imaginé. Mes pensées se bousculaient, et je me sentais à la fois anxieuse et incertaine. J'avais accepté de revenir, mais pour quoi ? Pour qui ? Était-ce vraiment pour les enfants ? Ou bien était-ce à cause de Rick et des sentiments contradictoires qu'il éveillait en moi ?Nous n'avions presque pas échangé un mot depuis qu'il m'avait convaincue de le suivre. Je pouvais sentir son regard sur moi de temps en temps, mais je refusais de me tourner vers lui. Je luttais intérieurement, tentant de garder une distance, une barrière invisible entre nous. Je ne pouvais pas laisser mes émotions prendre le dessus. Pas encore.
Lorsque nous arrivâmes enfin devant la villa, une vague de nostalgie et d'appréhension m'envahit. Je me sentais étrangère à cet endroit, comme si je n'avais jamais vraiment appartenu ici. Pourtant, une partie de moi ressentait un étrange sentiment de retour au bercail. Les lumières étaient tamisées, et la maison semblait presque paisible, vide sans Lori.
- Je vais m'occuper des enfants, dis-je en descendant de la voiture, cherchant une excuse pour éviter toute discussion avec Rick.
Il hocha la tête, respectant apparemment mon besoin d'espace.
Je montai les escaliers et me dirigeai directement vers la chambre de Judith. Le simple fait de la voir endormie dans son berceau apaisa une partie du chaos intérieur que je ressentais. Elle était si paisible, si innocente. Je m'approchai doucement et la regardai un moment, une main posée sur le rebord du berceau. Pour elle, je pouvais encore trouver un sens à tout ça.
Quelques instants plus tard, j'entendis des pas dans le couloir. C'était Rick. Il s'arrêta à l'entrée de la chambre, me regardant en silence. Je le sentais là, derrière moi, et cette simple présence me rendait nerveuse.
- Elle t'a manqué, n'est-ce pas ? demanda-t-il doucement, brisant le silence avec une voix presque tendre.
Je hochai la tête sans me retourner.
- Oui, murmurai-je. Carl aussi m'a manqué.
- Il est dans sa chambre, si tu veux aller le voir. Il parlait de toi tout le temps, tu sais. Il me demandait quand tu reviendrais.
Son ton était chargé d'émotion, mais je ne savais pas si c'était un moyen de me toucher ou simplement une vérité qu'il ne pouvait plus garder pour lui. Je soupirai et me dirigeai vers la porte, le frôlant au passage.
- Je vais le voir, dis-je simplement, me concentrant sur ce qui me semblait être la chose la plus facile à gérer pour l'instant.
Carl était éveillé, jouant tranquillement avec ses jouets dans son lit. Quand il me vit entrer, son visage s'illumina.
- Elyria ! s'écria-t-il en se levant précipitamment pour venir vers moi.
Je m'accroupis pour le serrer dans mes bras. Son étreinte me rappela pourquoi j'avais accepté de revenir ici.
- Tu es de retour ? demanda-t-il, ses yeux brillants de joie.
Je forçai un sourire, même si l'incertitude me rongeait encore.
- Oui, Carl, je suis là.
- Tu vas rester longtemps cette fois ? insista-t-il, me scrutant avec l'espoir innocent des enfants.
Je ne savais pas quoi lui répondre. Comment lui expliquer que ma présence ici n'était que temporaire, suspendue à des sentiments et à des décisions que je ne contrôlais pas totalement ?
- On verra, dis-je en caressant doucement ses cheveux. Mais je suis là pour toi, d'accord ?
Il sembla satisfait de cette réponse et retourna à ses jouets, content de savoir que, pour l'instant, j'étais là. Mais je ne pouvais m'empêcher de ressentir un poids immense. Cette situation était loin d'être réglée. Lori allait revenir. Elle allait forcément découvrir que j'étais revenue, et je ne savais pas si Rick serait capable de tenir sa promesse de me défendre.
Je sortis de la chambre de Carl et redescendis au salon. Rick y était déjà, debout près de la fenêtre, observant l'extérieur, pensif. Il semblait aussi tourmenté que moi, mais je n'étais pas prête à céder à cette proximité. Je m'assis sur un fauteuil, essayant de rester aussi distante que possible.
- Merci d'être revenue, Elyria, dit-il doucement sans se retourner. Ça signifie beaucoup pour moi... pour les enfants.
Je ne répondis pas immédiatement, pesant chacun de mes mots.
- Je suis revenue pour eux, Rick. Pas pour toi, déclarai-je fermement, même si une partie de moi savait que c'était une demi-vérité.
Il se tourna enfin vers moi, son regard dur et adouci à la fois, comme s'il essayait de comprendre mes pensées.
- Je sais, répondit-il. Mais... je suis heureux que tu sois là, même si c'est juste pour eux.
Un silence pesant s'installa entre nous. Je pouvais sentir l'intensité de ses mots, mais je refusais de céder à cette vulnérabilité. Je ne pouvais pas. Pas encore.
- Lori va revenir, dis-je enfin, brisant la tension. Qu'est-ce qui va se passer quand elle découvrira que je suis ici ?
Rick ferma les yeux, comme si la question le frappait de plein fouet. Il se redressa, plus déterminé qu'avant.
- Je te l'ai dit, je la confronterai. Elle ne te fera plus de mal. Je me suis tu trop longtemps, mais ça va changer. Pour toi. Pour les enfants.
Je restai silencieuse, observant chaque geste, chaque émotion qui traversait son visage. Une partie de moi voulait croire qu'il était sincère, qu'il pouvait vraiment tenir tête à Lori. Mais l'autre partie, celle qui avait été brisée par des mois d'humiliations, refusait d'accepter cette possibilité si facilement.
- On verra, dis-je finalement, laissant mes doutes planer dans l'air.
Rick hocha la tête, comme s'il acceptait cette réponse incertaine. Mais malgré tout, je savais qu'il espérait que je lui accorderais ma confiance à nouveau.
Je me levai pour monter à ma chambre, sentant toujours cette tension entre nous. Cette maison n'était plus la même pour moi, et même si j'étais revenue, je n'étais pas sûre de pouvoir rester.
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Baby
FanfictionJe n'étais rien d'autre qu'une baby-sitter qui paye les dettes que son père lui as laissé après sa mort. Il n'était rien d'autre qu'un milliardaire arrogant pour qui je travaillais afin de survivre. Je voulais mourir et il m'as fais aimer vivre.