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Les jours qui suivirent la réunion avec les avocats furent tendus, mais quelque chose avait changé entre Rick et moi. Nous étions de plus en plus proches, unis face à l'adversité. Il y avait une douceur inattendue dans nos échanges, un lien qui se renforçait avec chaque regard, chaque mot.

Rick avait ce don, cette capacité de me faire sentir en sécurité, même lorsque le monde semblait s'effondrer autour de nous. Je le voyais se battre chaque jour, pour ses enfants, pour moi, et je ne pouvais m'empêcher de l'admirer davantage. Malgré les doutes, la colère de Lori et la guerre qui s'annonçait, je me sentais plus ancrée que jamais à ses côtés.

Un matin, alors que je descendais dans la cuisine, je le trouvai déjà assis à la table, une tasse de café à la main, regardant distraitement par la fenêtre. Le soleil matinal illuminait la pièce, créant une atmosphère presque paisible, malgré la tourmente dans laquelle nous étions plongés.

— Bon matin, murmura-t-il en me voyant entrer, un sourire fatigué mais sincère étirant ses lèvres.

— Bon matin, répondis-je en me versant une tasse de café.

Il me regarda d'un air pensif pendant quelques instants, avant de poser sa tasse.

— Tu sembles plus tranquille ces derniers jours, dit-il doucement.

Je haussai les épaules.

— Je suppose que j'essaie de m'adapter. À tout... à nous.

Il hocha la tête, comme s'il comprenait parfaitement ce que je voulais dire. Et peut-être que c'était le cas. Après tout, nous vivions cette situation ensemble. Nous nous battions contre les mêmes démons.

— Je sais que ce n'est pas facile, Elyria, continua-t-il. Mais je veux que tu saches que je suis là, à chaque instant.

Son regard plongé dans le mien me fit frissonner. Il y avait une telle intensité dans ses mots, une promesse implicite que, peu importe ce que l'avenir nous réservait, il serait à mes côtés.

Je hochai la tête, incapable de formuler une réponse à cet instant. Ce que je ressentais pour Rick était devenu bien plus que de la simple gratitude ou de l'admiration. C'était quelque chose de plus profond, quelque chose que j'essayais encore de comprendre. Mais j'avais cessé de lutter contre ce que je ressentais.

Les jours passèrent, et notre relation évolua de manière presque naturelle. Les gestes devenaient plus intimes, les conversations plus personnelles. Il y avait un équilibre nouveau entre nous, une complicité qui se renforçait au fil des jours. Un soir, après avoir couché les enfants, nous nous retrouvâmes dans le salon, assis sur le canapé en cuir près du feu. La lumière douce des flammes dansait sur nos visages, et le silence entre nous était confortable, apaisant.

— Je ne peux pas imaginer cette maison sans toi, Elyria, murmura Rick en se tournant vers moi.

Je sentis mon cœur se serrer à ses mots. J'avais toujours pensé que mon rôle ici était temporaire, une manière de régler mes problèmes financiers, de survivre. Mais maintenant, tout cela me semblait tellement loin. Je ne pouvais plus envisager de partir.

Je levai les yeux vers lui, son regard intense planté dans le mien. Il s'était rapproché, et je pouvais sentir la chaleur de son corps à travers le mince espace qui nous séparait.

— Tu es une partie de ma vie maintenant, continua-t-il. Pas juste pour les enfants. Pour moi aussi.

Ces mots me bouleversèrent. C'était une déclaration claire, sans équivoque. Et à cet instant, je réalisai que j'avais aussi besoin de lui, bien plus que je ne voulais l'admettre.

Sans réfléchir, je posai ma main sur la sienne, un geste simple, mais lourd de sens. Il répondit en entrelaçant ses doigts aux miens, une lueur de soulagement et de tendresse traversant ses yeux.

— Je serai là, Rick, murmurais-je. Pour toi, pour eux. Je ne vais nulle part.

Il se rapprocha encore, et je sentis son souffle contre ma peau. Mon cœur battait à tout rompre, mais cette fois, ce n'était pas la peur ou l'incertitude qui me tenaillaient. C'était quelque chose de plus profond, de plus doux. Il posa délicatement ses lèvres sur les miennes, un baiser léger, presque timide. Mais il y avait dans ce baiser toute la promesse d'un futur ensemble, malgré les obstacles.

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Le lendemain, alors que je m'occupais de quelques tâches administratives, je décidai de vérifier l'état de mes dettes, comme je le faisais régulièrement. Mon père avait laissé un gouffre financier derrière lui, et chaque mois, je luttais pour rembourser une petite partie, me débrouillant avec mon salaire de baby-sitter et mes économies.

Je me connectai à mon compte, le cœur serré à l'idée de voir les chiffres accablants qui m'attendaient. Mais au lieu de cela, quelque chose d'inattendu apparut à l'écran.

**Soldes à rembourser : 0.**

Je clignai des yeux, incrédule. Ce devait être une erreur. J'actualisai la page, mais le même message apparut. Mes dettes étaient effacées, toutes, sans exception. Mon souffle se bloqua dans ma gorge. Comment cela pouvait-il être possible ?

Je parcourus rapidement les transactions, cherchant une explication, et ce que je trouvai confirma mes soupçons. Une somme colossale avait été versée sur mon compte quelques jours auparavant, suffisamment pour tout solder. Mon cœur s'emballa, et je réalisai aussitôt ce qui s'était passé.

Rick.

C'était la seule explication. Il avait payé mes dettes. Sans me le dire, sans même que je le demande. Mes mains tremblaient tandis que je refermais l'ordinateur, essayant de comprendre ce que je ressentais. De la gratitude, bien sûr. Mais aussi une certaine colère. Il avait pris cette décision pour moi, sans m'en parler, comme si je n'avais pas mon mot à dire.

Je descendis rapidement les escaliers, cherchant Rick. Il était dans son bureau, plongé dans un document, mais il leva les yeux quand il me vit entrer.

— Elyria, tout va bien ? demanda-t-il en voyant l'expression sur mon visage.

— Tu as payé mes dettes, dis-je d'un ton plus direct que je ne l'avais voulu.

Il ne nia pas. Il poussa un léger soupir et se leva, s'approchant de moi.

— Oui, je l'ai fait, dit-il calmement. Parce que tu n'as pas à porter ce fardeau toute seule, Elyria. Pas tant que je suis là.

— Rick, tu n'avais pas à faire ça, rétorquai-je, sentant la frustration monter en moi. Ce sont mes problèmes, mes responsabilités.

Il secoua la tête, son regard adouci.

— Non, ce ne sont plus seulement les tiens. Tu n'es pas seule dans cette bataille. Tu ne l'as jamais été, même si tu as essayé de l'être.

Je restai silencieuse, les émotions se bousculant en moi. Je ne savais pas quoi dire, comment réagir. Rick s'approcha davantage, posant ses mains sur mes épaules.

— Tu n'as plus à te battre toute seule, Elyria, murmura-t-il. Laisse-moi t'aider, laisse-moi te soutenir.

Je sentis les larmes monter, et cette fois, je ne luttai pas. Je le laissai m'envelopper dans ses bras, ses mots résonnant en moi. C'était difficile pour moi de laisser quelqu'un entrer, d'accepter de l'aide. Mais avec Rick, tout semblait différent.

Dans ses bras, je me sentais enfin libre.

BabyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant