Jennifer

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Durant tout le weekend, je me suis chauffée les neurones à me demander comment organiser cette réunion. Il n'y avait qu'une seule personne qui puisse m'aider.

"Allô, Martha ?"

"Jenny comment vas tu ? Je suis ravie de t'entendre"

Je lui ai raconté ce qui s'était passé durant ces deux dernières semaines, elle n'arrêtait pas de soupirer et de jurer, chose extrêmement rare chez elle et fort amusante.

" Ce gamin est un cas désespéré"

A t-elle dit en soupirant avant de continuer

"Fait des réservations dans un hôtel tel que le Georges V, le Burgundy ou le Meurice"

"Oh...d'accord. Mais et pour la réunion proprement dite? Comment dois-je me comporter? Que dois-je faire ou dire?"

"Étudies attentivement le dossier et une fois là-bas, dirige la réunion d'une main de fer. Il sera tellement impressionné que l'idée de te virer ne lui traversera plus jamais l'esprit. Non mais je te jure, faire appel à Willy..."

Elle n'arrêtait pas de jurer. Ça m'a remonté le moral de savoir que je n'étais pas la seule à trouver cette situation déplacée. Après maintes et maintes remerciements, j'ai mis fin à la conversation pour ouvrir à ce cher Willy.

Le shopping doit être l'activité que je déteste le plus au monde. Le pauvre Willy, en plus de porter tous les sacs, il choisissait les boutiques et demandait aux vendeuses de s'occuper de moi. Je n'étais absolument pas dans mon élément. J'avais l'impression de faire tâche un peu comme de la neige en plein désert. Je suis passée par tout: coiffure, maquillage, manucure et pédicure. Bien-sûr je n'ai pas fait d'extra, pas nouveaux meubles ni d'appareils Hi-Tek.

J'étais transformée, plus belle, un peu plus sûre de moi et surtout plus femme.

La douceur du cuir des sièges et les teintes beiges apaisantes du jet n'arrivaient pas à calmer ma colère, tant la proximité entre nous me rappelait son arrogance et sa prétention. Je n'avais qu'une seule envie, que le voyage se termine. Je sentais son regard me brûler, me consumer la peau, mais je ne voulais en aucun cas me retourner. Il est certes beau mais, je ne veux pas qu'il s'imagine des choses. Qu'il puisse penser que je trouve ses yeux gris incroyablement attractifs, ou qu'il puisse lire dans les miens que sa chemise blanche qui dessine parfaitement ses muscles le rend extrêmement attirant, que son teint mâte à l'opposé du mien est un merveilleux tableau.

Mais non, c'est mon patron, un affreux personnage arrogant et imbus de lui même. Ce qu'il mérite c'est un regard sombre vide d'émotion dont j'ai le secret. Qui sait? Ça lui fera sûrement les pieds de travailler avec quelqu'un qui ne le supporte pas.

Connaitre les circonstances de cette affaire avec les français comme si ma vie en dépendait a porté ses fruits, la réunion s'est passé à merveille. Enfin, j'espère.
Une fois celle-ci terminée, je suis montée dans ma chambre, je ne voulais pas qu'il me parle. Je sentais bien que c'est ce qu'il voulait.

Je n'avais pas vraiment faim alors après avoir pris une douche chaude, j'ai glissé mon corps menu sous l'immense couverture blanche. Deux petits coups frappés à la porte me sortent de mon sommeil. Je ne prends pas la peine de demander qui c'est, et presse la poignée de la porte mon esprit se trouvant encore dans le pays des songes. Une forte odeur d'alcool manquant de me renverser me réveille définitivement une fois la porte ouverte.

"Jennifer"

Il est accoudé au montant de la porte me transperçant de ses yeux gris. Il ne semble même pas pouvoir tenir sur ses deux jambes. Je crois qu'il est complètement saoul.

" Mr Field, est-ce que vous êtes ivre?"

Je suis bien consciente de statuer l'évidence mais je n'ai rien trouvé d'autre. Sa présence ici me trouble tellement que ma colère s'est dissipée en le voyant si déplorable.

"Un tout petit peu." il a fait un geste avec son index et son pouce pour accentuer sa phrase avant de continuer:

" Vous savez, vous pouvez m'appeler Sébastien. Et... j'adore votre short"

Oh oui, mon short rose à carreaux qui couvre à peine mes fesses je l'avais oublié. Je suis rouge de honte mais,plus le temps de le cacher, de toute façon il l'a déjà vu. Il s'approche doucement de moi toujours me mitraillant du regard. Je n'arrive pas à baisser les yeux. C'est une première.

"D'accord Sébastien vous devriez peut-être aller vous coucher. Vous..."

"Embrassez-moi Jennifer"

Hein? C'est officiel il ne sait plus ce qu'il dit. L'alcool ne lui sied pas. Il se rapproche encore, il est si près que je sens son souffle me caresser la peau.

" Et pourquoi ? Vous n'avez trouvé personne à votre goût dans tout Paris ? "

Ma voix est sèche et tranchante comment peut-il seulement penser que je vais lui sauter dans les bras comme toutes les filles qu'il côtoie ? Pour qui il me prend? Ses lèvres sont habillées d'un sourire en coin et me revoilà en colère, il faut que je le vire de là. Son regard me gêne de plus en plus, comme s'il me bondirait dessus à tout moment.

" Ne jouez pas les saintes nitouches j'ai bien vu comment vous me regardiez dans mon bureau la dernière fois "

Il dépasse les bornes. Oui j'ai admiré son corps nu luisant de sueur, ses muscles saillants et... Je m'égare là. Je baisse la tête afin de trouver mes mots mais il me devance.

" Vous vous mordez la lèvre. Je suppose donc que quelque chose vous gêne, ce souvenir peut-être ?"

Il m'énerve ce monsieur-je-sais-tout. J'ai relevé la tête presque instantanément.

"Et quoi? Vous êtes profileur maintenant? PDG ne vous suffit plus?"

Il me sourit de plus belle.

"Permettez-moi de passer la nuit avec vous"

"Pardon ? Vous êtes malade?"

Je dois être rouge de colère. Je comprends pas ce qui se passe là. Il veut quoi?

"Vous ne voulez pas m'embrasser, alors laisser moi au moins partager votre lit"

Je ne sais pas s'il pense que la deuxième option est mieux que la première. Non apparemment puisqu'il essaye de se rattraper

"Promis, je ne vous toucherai pas"

Il lève la main droite comme pour rendre crédible sa phrase.

" Vous serez mieux dans votre suite je...."

il ne me laisse pas finir ma phrase et fait mine de vouloir vomir toutes ses tripes, j'ai même cru qu'il allait se vautrer parterre. Sans même réfléchir aux conséquences, je le saisi par le bras et lui fait passer le pas de la porte.

Like A Star: quand le passé se conjugue au présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant