Sébastien

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"Quoi votre mère ?" demandai-je en la repoussant délicatement par les épaules. Je ne supporte pas de la voir comme ça. Ma mâchoire serrée en est la preuve.

"El-Elle est très...malade. Les médecins disent qu'il lui faut une opération dans moins de deux semaines"

Je nettoie ses joues à l'aide de mes deux pouces et lui sourit. Ce n'est juste qu'une opération. Je peux bien comprendre qu'elle panique de ne pas pouvoir payer les frais d'opération et tout ce que cela comporte, mais moi je le peux. S'il n'y a que ça pour lui faire plaisir.

"Je vous aiderai. Je paierai tout ce dont votre mère aura besoin. Je..."    je m'arrête net quand je vois que m'a proposition est loin de lui plaire.

Je croyais que c'est ça qu'elle voulait. De l'argent pour subvenir aux besoin de sa mère.

"Ma mère est dans un état critique, avec ou sans cette opération elle pourrait y rester,  et vous...vous ne pensez qu'à votre argent de merde. Sébastien quand apprendrez vous à vous mettre en avant vous et non votre fric? Sachez que ça ne m'impressionne pas. Bien au contraire. Je me suis toujours débrouillée seule et je continuerai. Votre argent, je n'en ai pas besoin. Il ne m'intéresse pas. Comprenez le une bonne fois pour toute."

Je l'ai écouté me parler fermement de sa voix calme et cassée par ses récents pleurs. Je note mentalement qu'il lui arrive de jurer quand elle est vraiment en colère et que la chaleur de ses yeux se dissipe. Elle n'en devient pas pour autant moins belle. J'ai bien compris qu'elle n'est pas le genre de fille intéressée, je sais les reconnaitre. Mais, elle a besoin d'une aide financière. Je peux comprendre qu'elle fasse la fière quand je lui parle de refaire sa garde robe ou encore d'emménager dans une résidence de l'entreprise. Bien sur, je lui aurais acheté un appartement à son nom en plein cœur de Manhattan. Mais là, il s'agit quand-même de la santé de sa mère. Et qu'elle le veuille ou non je ne resterai pas là sans rien faire. En attendant, je ramasse mon sac d'une main et la tire par le bras de l'autre.

"Venez avec moi" dis-je en souriant. Je ne lui laisse pas d'autre choix que de me suivre

"Mais où allons nous ?" demande Jennifer voyant que nous ne quittons pas l'hôpital comme elle voulait le faire cinq minutes plus tôt.

"Apporter de la joie"

Bien-sûr elle ne comprend le sens de ma phrase que lorsque nous nous arrêtons devant une chambre plein de gamins chauves. Je me permets de frapper à la porte et dès qu'ils me voient, ils me sautent littéralement dessus et manquent de me bousculer. Ils rient, crient et me posent des tas de questions. Avant de leur apporter toutes les réponses qu'ils veulent, je me tourne vers Jennifer qui elle aussi sourit. Je parie qu'elle ne me voyait pas comme le jeune homme riche et célèbre qui passe voir une fois par semaine des enfants atteints de tumeur cérébrale en phase terminale, mais plutôt comme le salaud qui la traquait tel un lion traque sa proie.

"Jennifer, laissez moi vous présenter : Léo, Anaïs, Daryl, Matthieu et la petite dernière Theresa. Les enfants, je vous présente la formidable Jennifer."

Les présentations ainsi faites, les garçons s'accaparent de moi pour me demander si elle est ma copine, tandis que les filles décident de recoiffer la belle rousse. Lorsque je sors de mon sac des jouets pour certains, des livres pour d'autres et quelques sucreries, je les vois exploser de bonheur. C'est le moins que je puisse faire je crois; leur apporter un peu de joie pour leur faire oublier la douleur tout au long de leur courte existence. Si j'avais le pouvoir de faire plus, je le ferai mais, ils sont condamnés. Voilà dans quelle situation on peut affirmer que l'argent n'achète pas tout.

Après la peine de la séparation avec les enfants, je décide d'emmener Jennifer dans un endroit chic mais discret. Au cours de notre repas que je ne saurais qualifier; il est trop tard pour que ce soit un déjeuner et trop tôt pour un dîner, elle n'a pas arrêté de tripoter son collier en ce qui me semble être du platine!? Je ne l'avais pas remarqué la première fois mais, comment peut-on vivre de façon précaire et avoir à son cou un collier forgé dans un métal si précieux? Je crois savoir qu'il est plus rare et plus onéreux que de l'or blanc.

Like A Star: quand le passé se conjugue au présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant