Sébastien

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Je savais qu'un jour, mes cours de théâtre me serviraient. Dès qu'elle a vu la grimace sur mon visage laissant croire que j'étais victime d'une violente nausée due à tout l'alcool ingurgité, elle n'a pas hésité une seule seconde à me faire entrer.

Je n'arrête pas de sourire comme un con devant le miroir de la salle de bain. Je me demande si je dois cette euphorie au nombre de verres ou simplement au lieu où je me trouve.

Il est inadmissible que je m'allonge auprès d'elle avec cette odeur digne des plus grands ivrognes, tout comme il est inadmissible que je ne m'allonge pas près d'elle cette nuit. Pourtant je sais bien que si je retourne dans la chambre maintenant, elle me mettra dehors comme un malpropre ou dans le meilleur des cas, me proposera le canapé. Je compte arriver à mes fins même si pour ça je devrais prendre la douche la plus longue de l'histoire.

Comme je l'avais prévu, deux heures plus tard, je la retrouve endormie, racornie sur le côté gauche du lit, couverte jusqu'à la tête. Ça tombe bien, je préfère le côté droit.

Elle à l'air apaisé, les traits détendus et moi je n'ai qu'une seule envie, prendre possession de ses belles lèvres roses. Je passe une mèche de ses cheveux derrière son oreille me disant bien que c'est tout ce que je peux faire. Je lui ai promis de ne pas la toucher alors je ne tenterai rien. Je m'étends juste à côté d'elle n'ayant que mon boxer, évitant tout contact avec sa peau de peur de commettre l'irréparable. Pour ce soir son adorable visage d'ange et sa moue de bébé feront parfaitement l'affaire.

Je sens alors une bataille commencer entre ma raison et mes hormones. L'une voudrait que je me contente de fermer les yeux ou à défaut continuer à fixer le plafond, et les autres voudraient que je nous mette dans l'obscurité la plus totale et que je prenne possession de son corps.

Je boue intérieurement, comme un ado incapable de se contrôler. Je décide tout de même d'écouter les deux adversaires, j'éteins la veilleuse et me plonge dans un sommeil où je ne vois que Jennifer Mason. Je la sens me toucher, me caresser, m'embrasser et même me parler. Elle parle de plus en plus fort, je dirais même qu'elle crie. Sa voix est tremblante, comme si elle pleurait. C'est moi qui lui fait ça ? Je la fait pleurer ? Il me faut quelques secondes pour comprendre que sa voix ne provient pas de mon rêve.

"....Non lâche moi. Pitié noooon!!"

Elle se débat contre un ennemi invisible.

" Jennifer, réveillez-vous. Je suis là"

De grosses larmes dessinent des rigoles sur son magnifique visage et une immense colère s'empare de moi à l'idée qu'une femme comme elle puissent faire  d'aussi sombres cauchemars. Je la prends dans mes bras pour mon plus grand bonheur, son doux parfum de lavande me chatouille les narines. Je caresse délicatement ses cheveux maintenant aplatis à cause de l'épaisse couche de sueur dont elle est recouverte. Son débardeur blanc humide en contact avec ma peau nue, me fait l'effet de petites décharges électriques. Elle continue de sangloter, ses larmes poursuivent leur trajet tandis que je la somme de se calmer lui répétant que ce n'était qu'un mauvais rêve.

"Chut! Jennifer je suis là. Je suis là."

Elle finit par se rendormir dans mes bras sous l'effet de mes caresses. Je donnerai cher pour savoir ce qui se passait dans sa tête pour la mettre dans cet état. Quand elle a posé ses iris verts noyés de larmes sur moi, je me suis senti si impuissant. J'aurai voulu lui faire l'amour avec toute la douceur du monde pour lui faire oublié la cause de son chagrin mais je ne fis rien.

Elle mérite plus qu'une partie de jambes en l'air avec un mec qui ne fait ça que par ce que ses hormones sont en ébullition. Elle mérite bien plus qu'un homme qui ne ressent rien d'autre que de l'attirance pour ses belles courbes. Il lui faut un homme qui l'aime plus que sa propre vie, un qui a envie de s'engager, qui serait près à lui décrocher la lune et même toutes les étoiles du ciel s'il le faut. Il lui faut un homme qui n'est pas moi tout simplement.

En attendant, je veillerai sur elle cette nuit. Je ne la lâcherai pas maintenant qu'elle est dans mes bras.

Il est 8h du matin quand je décide de me lever. De vilaines cernes ornent le contours de mes yeux preuve indéniable de mon manque de sommeil. De toute façon, je dormirai plus tard. Le plus important était de regarder son visage se détendre et sentir ses muscles se relâcher. Je suis content qu'elle n'ait fait aucun autre cauchemar et je préfère me dire que c'est grâce à mes bras autour de sa taille.

Elle se réveille 1h plus tard découvrant maintenant que je suis installé dans le canapé blanc en face du lit, les yeux scotchés à elle. Des gouttes d'eau perlent de mes cheveux à mon visage mais je m'en fiche. J'aurais pu aller me changer mais je ne voulais pas la quitter des yeux plus longtemps que m'a pris ma douche. Je vois ses yeux se poser sur mon torse puis sur mes cuisses se demandant sûrement ce que je fais là en boxer et avec une chemise à peine boutonnée.

"Bonjour"

Lance t-elle en remarquant le regard amusé que je lui lance.

" Bonjour Jennifer. Vous aimez ce que vous voyez?"

Comme je me doutais, elle a viré au rouge cramoisi, ne manquant pas de se mordre la lèvre au passage. Si elle savait l'effet que ça me fait. Elle ne répond pas alors je continue :

"Vous avez bien dormi ?"

"Euh...Oui....Si on veut"

Elle baisse les yeux consciente de son mensonge.

"Vous voulez me raconter?"

"Non"

Un "non" sans appel. Et moi qui pensais que pour avoir veillé sur elle, je méritais au moins de savoir ce qui l'a mis dans cet état. Une vague de colère m'envahit à l'idée qu'elle ne veuille rien me dire.

"Je ne savais pas ce que vous prendriez alors j'ai tout commandé"

Je me suis senti obligé de répondre à sa question muette vue comment elle regardait incrédule la table garnie.

"Oh... Merci Sébastien"

Sa voix se fait plus douce que quand elle m'a hurlé ce "non"

"Merci à vous Mademoiselle Mason"

Dis-je en finissant de me rhabiller. Maintenant qu'elle est réveillée je peux partir. Et je vois bien que tant que je serai dans cette pièce, elle ne bougera pas de son lit.

"J'espère que vous vous régalerez"

Lui dis-je avant de faire claquer la porte.

Like A Star: quand le passé se conjugue au présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant