Sébastien

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Ma conversation téléphonique avec
Sheila se termine enfin. Elle est d'accord pour qu'on discute lundi matin à la première heure.

En guise de soutien, je me tiens derrière Jennifer lorsqu'elle se lève de la tombe de son père où elle était assise. Mes mains agrippent ses hanches, je m'enivre de son odeur floral puis, pose ma tête sur son épaule.

"Je ne comprends pas pourquoi t'es autant en colère contre lui mais, il faut que tu sache qu'il avait raison. Tu es une étoile et tu ne t'en rends même pas compte. À toi seule tu peux éclairer toute une vie, aussi sombre soit elle. Tu étais la sienne et maintenant je peux t'affirmer que t'es la mienne. Mon étoile"

Elle reste immobile le temps de mon petit discours. Je la sens sourire tristement avant de me faire brusquement volte-face.

"Il s'est suicidé"

lance t-elle avant de se diriger vers la voiture, me laissant assimiler ce que je viens d'entendre. C'est sûrement pour cette raison qu'elle se sent abandonnée par lui. Je ne peux pas le juger, je ne connais pas toute l'histoire. Une chose est sûre, il est arrivé quelque chose de terrible pour que cet homme s'ôte la vie laissant derrière lui femme et enfant. Si terrible pour que même dans le monde des vivants, des personnes trainent encore des squelettes dans leur placard. Bien-sûr je parle de Jennifer.


Le week-end est passé si vite que la tension du bureau m'assaille déjà à la sortie de l'ascenseur. Jennifer est déjà installée derrière son bureau le nez collé à son écran d'ordinateur, les yeux cachés derrière sa paire de lunettes. À croire que nous n'avons pas passé la nuit à s'adonner à des activités peu orthodoxes.

"Bonjour mademoiselle Mason"

Elle me gratifie d'un sourire franc en guise de réponse. Inutile d'exposer notre relation au travail. Je dis ça surtout pour elle qui est très timide et se demande tout le temps ce que les gens diront ou feront. Je me dirige vers le bureau de Frank pour échanger quelques banalités de début de semaine sans oublier de le prévenir de l'arrivée de la célèbre actrice. Après quoi, Je décide d'aller l'attendre dans mon antre, quand, je la vois parler avec ma belle assistance. Sans raison valable, ce tableau me déplait fortement. Sans tarder, je m'empresse d'y mettre fin.

"Sheila, viens suis moi"

d'un geste de la main je lui indique mon bureau, un faux sourire aux lèvres. Elle me rend mon sourire en se déhanchant dans ma direction. Je fuis délibérément le regard de Jennifer qui doit être plein de questions auxquelles je ne veux pas encore répondre. Nous nous introduisons dans le bureau que je prend la peine de refermer soigneusement derrière nous. Elle roule des hanches en battant des cils. Son jeu de séduction qui m'aurait agréablement plu il y'a encore quelque temps, me répugne aujourd'hui. Comment ai-je pu aller si loin avec cette femme? Avec toutes ces femmes d'ailleurs? Elle sont tellement différentes de celle que je fréquente en ce moment. Si on m'avait dit que je partagerai mon lit avec la même femme plus d'une nuit, je ne l'aurai jamais cru. Ma Jennifer est vraiment spéciale. Elle est si secrète, mystérieuse, forte et fragile à la fois. Derrière sa timidité, se cache un caractère explosif. Elle est surtout vraie et naturelle.

"Arrêtons de tourner autour du pot et dit moi ce que tu veux"

toutes ses manières, ses grands sourires qu'elle veut sexy commencent à me saouler.

"C'est toi qui m'a demandé de venir je te signale". Répond t-elle. Elle veut faire celle qui ne comprend pas de quoi je parle. Je n'ai pas été assez clair peut-être?

"C'est quoi tout ce bordel que tu donnes à bouffer aux journalistes ?"

"Quoi? Quel bordel?".

Elle le fait exprès ma parole!

"Tu vas le raconter à la presse et pas à moi? T'étais pas sensée prendre la pilule ?" Elle me regarde longuement effaçant par la même occasion le sourire niait qui habillait ses lèvres. Ça lui confère un air grave.

" Si tu avais répondu à mes appels tu aurais été le premier au courant. Pour ta gouverne, la pilule n'est pas totalement fiable. Et tu sais quoi? Pour éviter de mettre une femme en cloque il faut savoir garder sa queue dans son pantalon."

C'est vrai qu'après le scandale avec Nicole dans mon bureau, elle n'a pas cessé de me passer des coups de fil mais, j'avais d'autres chats à fouetter.

"Arrêtes de raconter n'importe quoi. Tu n'attends pas réellement un enfant de moi si?".

À ma plus grande surprise, elle éclate de rire.

"Oh mon Dieu! Heureusement que non"

"Alors pourquoi ? Pourquoi trainer nos deux noms dans ce ramassis de conneries ?"

"Oh! Mais simplement pour un coup de pub mon cher ami".

Me voilà sur le cul! C'est à ne plus rien comprendre. Pourquoi a t-elle besoin de pub alors que bon nombre de personnes voudrait être aussi célèbre qu'elle?

"De la pub ?" demandais-je comme pour être sûr d'avoir bien entendu.

"Arrêtes de jouer les choqués. J'avais besoin de faire parler de moi et qui d'autre pouvait m'y aider si ce n'est le richissime Sébastien Field? Plus personne ne voulait de moi. J'étais devenue...comment dire? Vieille! Tu te rends compte? À peine 28ans et déjà bonne à jeter aux oubliettes. Ils ne veulent plus que des jeunettes qui ne savent pas plus jouer une scène qu'une poule ne sait aboyer. Mais depuis que tous pensent que j'attends un enfant, ton enfant, je reçois des propositions de films en à plus pouvoir..."

"Et que comptes tu faire dans 4-5mois?" repliquais-je sans la laisser terminer sa tirade.

"N'oublie pas que je sais jouer la comédie Bastien. Je dirai simplement que j'ai perdu le bébé. Je pourrais même ajouter que c'est arrivé suite à des coups infligés par toi lors d'une de tes multiples crises de colère. Un petit mensonge de plus ne peut pas faire de mal".

Elle ponctue sa phrase d'un large sourire, satisfaite de sa réponse. La Sheila que j'ai en face de moi est tellement différente de la femme maniable d'il y a quelques mois.

"Combien ?" elle arque un sourcil en guise de réponse.
"Combien veux tu pour stopper ton manège ?".

Cette fabulatrice me fou simplement en rogne surtout quand elle sait qu'elle a toutes les cartes en mains. Plein d'hommes seraient heureux d'avoir des enfants mais pas moi. Surtout pas avec elle. Et voilà, je n'en ai pas pourtant, mon nom est mêlé à toute cette mascarade.

Bordel!

"Mais qui t'as dit que je voulais l'arrêter ?"

Toujours le sourire aux lèvres, elle se lève de son siège et se dirige vers la porte, non sans se déhancher de manière vulgaire.

"Alors on se reverra au tribunal"

Like A Star: quand le passé se conjugue au présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant