Sébastien

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Nous arrivons quelques minutes plus tard devant son immeuble. Elle est toujours dans mes bras alors que je monte au deuxième étage, par les escaliers. Bien-sûr, il n'y a pas d'ascenseur. Une fois au pas de sa porte, elle nous ouvre et je peux enfin découvrir dans quel appartement vit celle qui occupe toutes mes pensées depuis quelques temps déjà.

Je l'installe dans un canapé et pose sa jambe droite sur la table devant elle. Entre la table et son pied, j'intercale un petit oreiller. Je pars à la recherche d'une poche de glace et heureusement, je repère vite la cuisine qui est totalement ouverte au salon. Je sors du réfrigérateur de la glace, que j'enveloppe dans un torchon avant de prendre place en face d'elle, sur la table, et de poser le torchon sur sa cheville.

Toujours assis face à face, j'observe la pièce où on se trouve. Il n'y a presque pas de meubles: un fauteuil, un canapé, une table bancale et une minuscule télévision. L'appartement est tellement étroit que ça relève du miracle que nous puissions y tenir tout les deux. C'est ridicule que mon assistante vive dans une telle précarité, un tel appartement. Néanmoins, il n'a pas que des défauts, je lui ai même trouvé des points positifs en y réfléchissant longtemps : l'état des murs est tout juste acceptable, ils sont peints en beige et pas encore totalement craquelés. Et ensuite c'est impeccablement propre ici. Je la soupçonne d'être une maniaque.

"L'entreprise possède des résidences si jamais vous..."

"Vous me faites encore l'aumône Mr Field ? Sachez qu'ici c'est chez moi et je m'y sens bien"

Pour éviter une dispute, je me contente de m'excuser et d'acquiescer quand nécessaire. Cette femme et son orgueil mal placé! Ce quartier n'est absolument pas ce qu'on peut qualifier de sécurisé. En plus, une femme devrait vivre dans un logis à la hauteur sa beauté, et Jennifer, absolument pas dans un taudis pareil.

Je me rend compte qu'il est presque huit heures et malheureusement, j'ai une réunion très importante prévue pour 10h. Je sors alors mon iPhone qui ne me quitte jamais, et compose le numéro de Frank.

"Frank ?"

"Oui qui veux-tu que ce soit? Alors prêt ?"

"Justement c'est pour ça que je t'appelle, je ne pourrai pas y assister"

"C'est une blague? Bastien cette réunion est capitale pour nous. T'as quand-même pas oublié si?"

"Non et justement je comptais sur toi pour me remplacer"

je n'ai aucune envie de partir d'ici, j'ai décidé de prendre soin de Jennifer alors je m'y tiendrai. Un point c'est tout.

"Ce n'est pas mon travail je te signale. Je ne saurai pas comment gérer. Mais elle est où ton assistante ? Tu la payes pour ça non?"

il est complètement hors de lui et me hurle dessus. Ça n'arrive pas très souvent et ça me fait sourire ce qui fait sourciller ma jeune assistante qui bien-sûr n'entend rien de ce que me dit mon ami.

"Dans ce cas, on annule. Ou alors tu te débrouilles pour reporter parce-que là, je suis un peu occupé"

Je porte sur elle un regard lourd de sous entendu pour qu'elle comprenne que je fais allusion à elle. Et comme réponse, elle sourit faiblement et s'empresse de baisser les yeux quelques secondes. Je remarque cependant, ses joues rosies qu'elle n'a su camoufler.

"Annuler ? Reporter? Tu te rends compte de ce que tu dis?"

Il marque une pause avant de continuer plus calmement.

"Bon et alors qui est la fille du jour?"

"Au-revoir Frank"

Je raccroche avant qu'il ne puisse dire autre chose. Je regarde la femme en face de moi qui ne m'a presque pas quitter des yeux depuis le début de ma conversation téléphonique. On continue de se dévisager pendant un long moment jusqu'à ce que sa magnifique voix brise le silence.

"Vous avez encore du temps pour la réunion"

Elle baisse la tête comme si elle ne voulait pas que j'y aille, mais alors pourquoi me le proposer? Ah la complexité des femmes !

"J'ai autre chose de prévu"

Je l'ai dit de telle façon qu'elle comprenne que je ne compte pas bouger d'ici. Elle devient rouge comme une pivoine et ne dit rien d'autre qu'un "oh" .

Une demi-heure après, elle s'est endormi comme un bébé. Je n'ai jamais compris la facilité avec laquelle elle réussit à s'endormir avec moi dans les parages. Si elle savait l'effet qu'elle me fait ce ne serait certainement plus le cas. Je la porte et vais à la recherche de sa chambre. Là encore, elle ne s'est pas tracassé dans le choix des meubles : il n'y a qu'un lit double et une armoire qui attise ma curiosité.

Je la couche sur le côté gauche de son lit, le droit étant occupé par un ours en peluche de la taille d'un gosse de 12 ans.

Elle semble vraiment fatiguée, et je ne pense pas qu'elle se réveillera d'aussi tôt. Même si je ne me lasse pas d'observer son magnifique visage endormi et sa poitrine qui se soulève au rythme de sa respiration régulière, je sors de la pièce avant d'être victime de mes pulsions.

Je passe vite fait un coup de fil à Willy, pour qu'il me rapporte de quoi me vêtir. Après avoir pris une douche froide - pour calmer mes désirs - dans sa minuscule salle de bain, je sors et vais à la recherche d'une supérette ou d'un supermarché incognito, ne manquant pas de lui laisser un mot.

" Ne bougez pas de . Je serai de retour dans peu de temps.
Sébastien."

Quand j'y pense, les chances que je tombe sur elle aujourd'hui étaient infiniment minces. C'est vrai qu'elle vit dans le coin mais, l'envie de venir courir ici m'a pris sur un coup de tête. J'aurais pu le faire dans ma salle de sport, mais une petite voix en moi me disait que le plein air me ferait plus de bien. Elle n'avait pas tord.
Et pour finir comment j'aurai pu savoir qu'elle est une sportive? Qu'il lui arrivait de temps à autre de faire du jogging ? Les femmes que je fréquente d'habitude préfère manger une carotte ou un céleri par jour à faire du sport. Encore une preuve que ma Jennifer est différente. J'aime penser qu'elle est mienne, et bientôt, ce ne sera plus une pensée mais une réalité.
Je ne sais pas s'il y a un être suprême là haut, à qui je devrais dire merci, ou peut-être au destin tiens. En tout cas, plein de facteurs ce sont mis en place pour qu'elle et moi nous rencontrions aujourd'hui.

De retour à 11heures, je constate que madame s'est changée. Elle a troqué sa queue de cheval contre une coiffure plus fluide où ses cheveux roux ondulés lui tombent jusqu'au bas du dos, comme la dernière fois au restaurant. Ses vêtements de sports ont été remplacé par un short blanc et un t-shirt rose tout simple.

Je lui ai demandé de ne pas bouger et elle est entrain s'affairer dans un coin de la cuisine. Qu'est-ce qu'elle peut être têtue ! Je reste adossé au mur derrière elle un petit instant pour la contempler, elle ne m'a pas attendu arriver. Je pose les sacs sur le comptoir du bar de la cuisine et vais coller mon torse à son dos. Je pose mes mains sur les siennes qui tiennent des ustensiles. Elle sursaute et me fait sourire. Ce simple contact de nos mains me fait l'effet d'une décharge électrique.

"Jennifer ?" je lui murmure au creux de l'oreille

"Mmh?"

Like A Star: quand le passé se conjugue au présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant