Jennifer

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Le décalage horaire a totalement eu raison de moi. Des fois, je me plonge dans un sommeil digne de la belle au bois dormant et d'autres, je suis comme shootée à la caféine.

Pour un second premier jour dans les locaux de Field Energy, je suis loin d'être au top et, le cauchemar de cette nuit n'a rien fait pour arranger les choses. J'espère que je ne vais pas m'endormir sur mon bureau.

Sébastien vient de traverser le couloir, le visage fermé, la mâchoire serrée. J'espère ne pas écoper de sa mauvaise humeur. Je me dépêche de le rejoindre dans son bureau en prenant soin de ne pas oublier son « café serré avec un sucre ». Je le pose sur la table en bois lustré ne manquant pas de saluer le propriétaire des lieux qui doit avoir oublié la politesse chez lui.

"Jennifer, faîtes venir Linda Gosine immédiatement"

Peste t-il sans me regarder et sans répondre à ma salutation. Pas même un merci pour le breuvage ni un s'il-vous-plaît pour accompagner sa demande.

Je pensais que la dernière fois lui avait servit de leçon quant au fait qu'un bureau n'est en rien une chambre d'hôtel. Je me suis trompée fortement.

"Oui monsieur"

Ma voix se veut détachée.

Le rêve s'arrête avant même d'avoir commencer. Le Sébastien qui s'intéressait à moi, qui a su me mettre en confiance en me donnant sa parole au point où je me suis endormie le sachant dans la pièce à côté, qui m'a rejoint dans mon lit à Paris et qui m'a prise dans ses bras lorsque j'ai fait un cauchemar à laissé sa place à Monsieur-l'arrogant qui me parle sans même me regarder. L'homme qui a agit avec moi avec tant de tendresse a été remplacé par un autre plus dur et avec tant d'amertume dans la voix.

Mais qu'est-ce que je croyais? Qu'une fois revenus, il se jetterait à mes pieds pour me les embrasser? Qu'il allait me couvrir de fleurs en tout genre alors qu'il peut avoir les plus belles femmes de son rang social sans lever le petit doigt ?

Trente minutes plus tard, une blonde aux yeux bleus se présente comme étant la fille tant attendue. Elle porte des chaussures noires d'au moins trente centimètres de haut et une robe rouge à peine plus longue qu'un t-shirt. La crise du textile sûrement! Du moins, c'est ce que je préfère penser. Sans plus tarder, je l'accompagne dans le bureau de son amant.

Monsieur goûte au péché de la chair pendant que moi, je croule sous des tonnes et des tonnes de boulot. Ranger les archives, gérer son agenda, organiser des réunions professionnelles, rédiger des courriers, voir et revoir des dossiers et surtout veiller à ce que personne ne franchisse la porte en face moi.

J'ai vraiment cru qu'il s'intéressait à moi. J'aurais dû comprendre que tout ce cirque était la conséquence de toutes les boissons alcoolisées qu'il s'est envoyé mais j'ai préféré me voiler la face.

Je me rappelle de la beauté sur son visage endormi dans le jet hier pendant le voyage retour. Il semblait à peine plus âgé qu'un adolescent avec ses traits fins qui ne pourraient laisser aucune femme indifférente. Ses lèvres pleines semblaient m'inviter à les embrasser. J'avais juste envie de passer mes doigts sur son magnifique visage. Caresser sa mâchoire inférieure, effleurer la peau sensible de ses lèvres. Mais, je n'ai pas oublié que je ne suis que son assistante. Et vu comment il se comporte avec ses conquêtes, ce n'est pas plus mal.

Il n'est même pas encore l'heure du déjeuner, exactement 10h à ma montre, qu'il me demande de faire appel à une seconde bimbo. Je parie que la blonde n'a même pas encore atteint le rez-de-chaussée.

Une brune cette fois. Les yeux noirs brillants de malice et une taille de mannequin qui malheureusement, connait aussi la crise du textile.

Je sais bien qu'il n'a pas digéré le fait que je ne lui raconte pas mon rêve mais qu'est-ce que j'aurai bien pu lui dire ? Que chaque nuit je vois le diable en personne ? Mais de là à se pavaner avec deux filles en moins de temps qu'il ne faut pour le dire juste pour voir ma réaction, c'est un peu exagérer non? Encore faudrait-il que tout ça ait un quelconque rapport avec moi. Il faut vraiment que j'arrête de prendre mes rêves pour la réalité.

Like A Star: quand le passé se conjugue au présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant