Jennifer

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Aujourd'hui comme tous les jours, mon sommeil a été très mouvementé. Depuis que je sais qu'il est en liberté, c'est pire. Mais s'il n'a pas essayé de me contacter, alors c'est qu'il doit penser que je n'en vaux pas la peine. Et ce n'est pas plus mal comme ça.

Nous sommes le 23 Octobre, j'ai officiellement 25 ans. Même si ça ne va pas très bien avec Sébastien qui me reproche de ne pas être assez ouverte à lui, il tient à ce que je rencontre ses meilleurs amis autour d'un dîner dans un restaurant classe de Manhattan. Je dois ses reproches à ma mère qui a vaguement mentionné mon père et Jack. Elle l'a fait exprès, j'en suis sûre. Je ne sais pas ce qu'elle veut mais, je ne vais pas tarder à le découvrir puisque je pousse la porte de sa chambre d'hôpital.

"Qu'est-ce que tu fais ici?" 

toujours sa chaleur légendaire. Pas même un bonjour. Rien. J'ai beau chercher, je ne vois pas pourquoi elle est toujours désagréable avec moi.

"Bonjour maman. J'aimerais que tu m'explique ton numéro de la dernière fois"

Elle qui avait la tête tournée vers la fenêtre, se retourne pour me faire face et me rire au nez. Elle lève les épaules l'air de ne pas savoir de quoi je parle. Elle semble se plaire dans son rôle de femme atteinte d'Alzheimer.

"Pourquoi as-tu appelé Mr Field Jack?" mon ton se fait plus glacial que je ne l'aurai voulu. La colère m'envahit au fur et à mesure qu'elle ricane. C'est vrai, ça fait pratiquement trois semaines mais je n'ai pas arrêté de me demander à quoi elle jouait ce jour là.

"J'ai vu comment ton soi-disant patron te regarde. Je pense ne pas me tromper en affirmant que tu as joué la dévergondée comme tu sais très bien le faire. Cependant, je te félicite : lui au moins est bourré de fric. Tu penses vraiment qu'après ce que tu m'as fait je vais te laisser gouter au bonheur et me réjouir pour toi? Tu peux toujours rêver! Te connaissant, tu ne lui as rien dit. Hein? Ce sont les secrets qui nous éloignent des êtres chers. Cela dit, même si tu lui raconte tout, tu le perdras quand-même. Qui voudrait d'une junkie doublée d'une pute? "

J'aurai tant voulu que ces larmes qui perlent sur mes joues soient le signe de ma joie. La joie de la voir saine et sauve après son opération. Mais non! Ce sont juste des larmes de tristesse. Pour elle, ma propre mère, je suis une droguée de première en plus d'être une fille facile. C'est l'hôpital qui se moque de la charité là.

"Pourquoi tu me détestes autant ? Tout ce que je fais, je le fais pour toi. Pour que tu ailles mieux."

C'est vrai j'ai travaillé toute ma vie d'arrache-pied pour pouvoir subvenir à ses besoins, pour ses divers médicaments et j'en passe. Voilà comment elle me récompense.

"Je te hais de tout mon cœur. Arrêtes avec tes larmes de crocodile tu veux ? Par ta faute j'ai perdu mon mari et plus important, le luxe qu'il m'offrait..."

Je n'en peux plus. Je sors de la pièce sans même la laisser finir sa phrase. Les larmes courent toujours sur mes joues. Moi aussi je l'ai perdu. Il m'a abandonné avec elle qui me met tout sur le dos. Les seules personnes dont je quemandais  l'amour et l'affection me les ont refusé.

Je me dirige vers l'Audi rouge dans laquelle Willy m'attend. Sans commentaires de sa part, nous roulons jusqu'au restaurant. Je profite de ce moment pour me refaire une beauté : inutile de crier sur tout les toits mes malheurs.
Après avoir jeté un coup d'œil à ma tenue, je pousse la double porte du  restaurant et perçois clairement la voix de Sébastien.

"Voilà la plus belle!"

Je m'approche du petit groupe et c'est mi-surprise que j'y trouve le DRH Frank Styles. En face de lui, une grande brune à la peau mâte et aux traits hispaniques. Je prends la place vide en face de mon jeune patron et amant après les avoir salué poliment. Au cours des présentations, j'apprends que Frank est son meilleur ami depuis près de 3ans.

"Et laisse moi te présenter mon amie d'enfance, Mariella Garcia. Mariella, Jennifer Mason"

je souris mais dans le fond... Son amie d'enfance ? Elle est belle à en donner des complexes.  Elle le colle et se frotte à lui comme si sa vie en dépendait. C'est facile, puisqu'ils sont du même côté de la table.

C'est son ex et ils sont restés amis. «Des amis d'enfance »

L'ambiance est agréable malgré le comportement de la brune aux grands yeux noirs qui s'accapare Sébastien et lui chuchote Dieu sait quoi à l'oreille. Je ne parle même pas des yeux doux qu'elle lui fait ni des caresses «amicales » au dos de la main. Comme à mon habitude, je parle peu et j'ai la tête baissée la plus part du temps.

Frank dit qu'il se doutait de mon histoire avec son ami mais, est quand-même surpris que j'ai réussi à dompter le Casanova en face de moi. Ce qui me fait sourire.

"Excusez-moi mais, vous n'êtes pas du tout le style de Bastien sans vouloir vous vexer. Bastien chéri rassure moi c'est une blague?"

Je continue avec mon sourire de façade pendant que son ami lui confirme que c'est tout sauf une blague. Je sais pertinemment qu'il les préfère blonde ou brune avec au moins 1.80m puisqu'il en fait près de dix de plus. Elle me toise un moment.

"Je sais exactement quel genre de femme vous êtes"

"Pardon?" répliquais-je sûre d'avoir mal entendu.

"Il n'y a que son argent qui vous intéresse. Vous êtes le genre de femmes à mettre le grappin sur de riches célibataires. Il m'a dit dans quelles conditions vous vivez: votre appartement pas plus grand que son dressing, les vêtements pitoyables que vous portiez à votre entretien et j'en passe. Lorsqu'il a fait refaire votre garde-robe vous avez pensé que c'était le pigeon idéal"

Pas la peine de vous dire que j'ai perdu mon sourire. Je suis profondément choquée. Je ne quitte pas Sébastien du regard. Comment a t-il pu lui dire ces choses si personnelles ?

"Je ne vous permets pas de porter de jugement sur moi alors que nous ne nous connaissons pas." dis-je en lui accordant quelques secondes d'attention avant de la reporter sur «Bastien cheri »

"Il faut que Bastien sache que vous vous servez de lui pour sortir de la précarité"

"Sachez qu'être pauvre n'est pas une fatalité. L'argent n'achète pas tout et ne rend pas spécialement  heureux"

Si Sébastien reste là à ne rien dire tandis-que Frank essaie de calmer le jeu, je vais me défendre toute seule. Je ne vais pas me laisser insulter le jour même de mon anniversaire. J'ai beau être timide, je ne me suis jamais laissé faire. Ça ne commencera pas aujourd'hui.

Mon téléphone vibre dans ma pochette. J'y jette un œil et constate qu'il s'agit d'un appel de l'inspecteur Queen.

Like A Star: quand le passé se conjugue au présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant