Jennifer

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"Mmh?"

Je n'ai rien pu articuler tant je suis troublée par sa voix grave, sexy,et suave. Est-ce que j'ai mentionné qu'elle est terriblement sexy? Oui déjà. Hurle ma conscience légèrement agacée. Mais je n'y peux rien moi si c'est vrai.

Prise en flagrant délit, je me fige et commence à me détendre au bout de quelques secondes.

"Je vous avais demandé de ne pas bouger"

Toujours cette voix ferme et rauque au creux de mon oreille qui me liquéfie de l'intérieur. Honnêtement je ne pensais pas qu'il serait de retour aussi vite. Ni même qu'il serait de retour. Je le croyais autour d'une grande table en bois vernis parlant d'énergies renouvelables avec deux, trois personnes. Je voulais lui préparer un repas copieux pour le remercier de m'avoir accordé son temps précieux au cas où il reviendrait. Mais, je me suite faite griller. Il faut vite que je trouve quelque chose à dire.

"Oui. Mais regarder, ma cheville va déjà mieux. Elle ne me fait presque plus mal" dis-je en frappant légèrement mon pied parterre.

Je pousse un cris lorsque sans savoir comment pour la deuxième fois de la journée, je me retrouve dans ses bras. Enfin si, je sais comment: Il a passé une main derrière mes genoux et l'autre dans mon dos et en moins de deux, mes pieds ont cessé de toucher le sol. S'il continue à me porter comme ça à tout va, je vais finir par m'y habituer. Il me fait assoir  sur un des sièges du comptoir.

"Occupez-vous comme vous voulez, lisez ou chantez. Mais, ne bougez pas de là. C'est un ordre"

Pour ponctuer  sa phrase, avec un air des plus sévère, il sort deux livres de poche d'un des sacs de courses posés sur le bar, et les pousse vers moi.

Lire? Il se fout de moi? Et comment je fais sans ma paire de lunettes? Monsieur n'a certainement pas pensé que sans ma deuxième paire d'yeux, je lis à peu près aussi bien qu'un aveugle. Et...chanter? La bonne blague ! "Jenny s'il te plaît  arrête. Même les morts se bouchent les oreilles là" me disait maman chaque fois que je m'hasardais à ne serait ce que fredonner. Alors chanter, non merci. Je ne veux surtout pas que le bel adonis devant moi prenne ses jambes à son cou.

Je ne sais pas ce qu'il nous concocte, mais ça sent drôlement bon - et je ne manque pas de le lui dire toutes les cinq minutes - espérons que le goût suive. Comme option, j'ai posé mon bras sur le bar, replié mon avant-bras dessus de sorte à poser ma tête sur ma main pour mieux contempler les parties de son corps qu'il m'est possible de regarder; Ses muscles dorsaux bien visibles malgré son polo bleu, ses fesses et ses cuisses que je devine fermes et que mes doigts se feraient un plaisir de parcourir, sont cachées derrière un Jean noir.

Trois quarts d'heure plus tard, le repas est fin prêt et en plus, il sent bon. Oui je me répète, mais c'est parce-que c'est vrai. Sous mes indications, il trouve très vite les couverts et met la table. Il a même acheté une bouteille de vin blanc.

"Risotto aux saucisses italiennes pour madame"

"Alors?"  s'empresse t-il de me demander dès ma première mise en bouche.

"Mmm!! C'est délicieux ! "

Qui l'eut cru ? Sébastien Field un véritable cordon bleu. On me l'aurait dit que je n'y aurais jamais cru. Le repas se passe dans une ambiance agréable comme toujours avec lui. En dessert, c'est une salade de fruits de saison qui a un goût de paradis à chaque bouchée. Ça faisait longtemps qu'un homme -  que quelqu'un tout court - n'avait pas été au petit soin comme ça pour moi. Je suis bien heureuse qu'il ait décidé de rester.


Aujourd'hui, je ne sais pas ce qui m'a pris mais, j'ai décidé d'aller rendre visite à ma mère malade. Depuis la mort de papa, elle et moi nous sommes éloignées. C'est dur à admettre mais le seul parent qu'il me reste me déteste.

Quand je suis entrée dans sa chambre d'hôpital, je l'ai trouvé endormi. Je me suis assise dans le fauteuil rouge en face du lit et lui ai tenu la main en regardant à quel point sa maladie a pu la changer. Elle qui était jeune,pleine de couleur et joviale, n'est plus qu'une vieille dame pâle et vide de l'intérieur.  Perdue dans mes pensées, me demandant comment on en est arrivé là, je ne remarque pas tout de suite qu'elle est réveillée. Elle me dévisage comme si j'étais sa rivale et là, je crains le pire. Une fois de plus elle me hurle dessus disant qu'elle ne veut plus me voir, qu'elle me déteste et que j'ai gâché sa vie.  Sans un mot, je me lève, prend ma veste que j'avais posé sur le dossier du fauteuil, et m'en vais.

Ma mère me chasse de sa chambre comme une malpropre, et voilà que depuis 47heures 40minutes et près de 16secondes, je n'ai pas eu de nouvelles de Sébastien. Peut-être s'est-il rendu compte qu'il ne veut pas être avec une seule femme. Peut-être que les autres lui manquent. Peut-être que j'aurai dû saisir ma chance au lieu de jouer les filles prudes, blessées par l'amour.

Je sens les larmes dévaler mes joues, la tête baissée, je marche de plus en plus vite afin de ne plus perdre de temps dans cette endroit qui ne fait que me rappeler la haine de ma mère envers moi. Je bouscule quelques personnes au passage en marmonnant des excuses incompréhensibles dans ma barbe, jusqu'à ce que la dernière personne à s'être heurtée à moi me tienne fermement par le bras. Je lève la tête et derrière mon rideau de larmes, j'aperçois un visage que je reconnais sans grande peine. Mais que fait-il ici? De mon bras libre, je me nettoie farouchement les yeux pour voir si je ne me trompe pas.

Je m'énerve encore plus quand je constate qu'il s'agit bien de lui. Sébastien Field me regarde étonné sans rien dire. Il est incroyablement beau avec ses cheveux en bataille, sa chemise blanche et son pantalon noir. Mes larmes reprennent de plus belle. Pourquoi avoir cuisiné pour moi et après ne pas m'appeler ? Et qu'est-ce qu'il fait là ? Est-ce qu'il me suit? Avant que je ne puisse lui poser toutes mes questions, il lâche le petit sac qu'il tenait jusque là et me prend dans ses bras. À quoi il joue ? Il me laisse comme ça sans nouvelles de lui, même pas un SMS et en plus il ne répond pas à mes appels et aujourd'hui, il me prend dans ses bras dans le hall d'un hôpital? C'est vrai que mes coups de fil, mes SMS et mails ont pu l'effrayer mais quand-même je me disais que je l'intéressais un temps soit peu. Il s'est donné de la peine pour me le faire croire non? Je dois malheureusement accepter le fait de m'être trompée.

Mon corps est de plus en plus secoué de spasmes causés par mes pleurs, et le sien, toujours ferme et collé au mien. Il me caresse les cheveux d'une main, et le dos de l'autre, me répétant  des "shh" pour que je me calme. Son odeur de cannelle qui caresse mon visage enfoui dans son cou m'aide à me ressaisir. Une fois calmée, c'est lui qui brise le silence. Il me pousse gentiment de sorte à me regarder dans les yeux.

"Jennifer, qu'est-ce qu'il y'a ?"

sa voix est douce et très calme contrairement à son visage dur et sa mâchoire serrée. Je renifle un bon nombre de fois avant de lui sauter dans les bras

"C-C'est...ma mèr..." ma phrase meurt au bout de mes lèvres, remplacée par de nouveaux sanglots.

Like A Star: quand le passé se conjugue au présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant