Jennifer

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« Il y'a des jours avec et des jours sans .»
Je ne connais pas l'auteur de cette phrase qui a déjà sûrement fait le tour du monde mais en revanche, j'en saisi bien le sens. Depuis que j'ai revu Tom ce jour-là,  je ne vis que des jours sans.

«Dans la vie, il y'a des hauts et des bas!»

Là je ne suis même plus à l'étage en dessous je suis carrément descendue au sous-sol. Est-ce qu'il y'a plus bas que ça ? Je ne crois pas!

Assise en tailleur sur l'immense lit de Sébastien que j'occupe désormais toute seule, j'essaye d'échapper à l'inquiétude en regardant sur ma tablette la seule chose encore capable de me décrocher un sourire aussi faible soit-il. La bande des winx me fait presque oublié que la nuit est déjà pas mal avancée et que je n'ai toujours pas de nouvelles du propriétaire des lieux. Ma préférée est sans aucun doute Flora, elle est tellement simple, douce et gentille comme Sébastien par moment. Et ma pire, celle que je ne peux absolument pas saquer c'est Stella. C'est fou comme mis à part sa couleur de cheveux, elle est le portrait craché de Mariella: elles sont si égocentriques, centrées sur l'aspect extérieur, le luxe est pour elles comme... Et si il allait se réfugier chez elle tous les soirs? Si ils se remettaient ensemble? Je devrais partir et laisser le bonheur d'être avec lui derrière moi. C'est peut-être pathétique mais, j'ai appris à me contenter du peu qu'il me donne. L'apercevoir dans une des grandes pièces de la maison ou partager mon repas dans un silence de mort avec lui. Ça me suffit et me rend heureuse. Enfin je crois.

Désespérée, c'est la cinquième fois que je compose son numéro et raccroche avant même que ça ne sonne. Qu'est-ce que je pourrai bien lui dire? On a plus rien à se dire et il n'a aucun compte à me rendre. Il me l'a bien fait comprendre. Je compose son numéro une dernière fois bien motivée à laisser sonner et à lui parler cette fois. Mais comme par hasard, personne ne réponds. Je réessaye encore et encore jusqu'à ce qu'il pénètre dans la chambre sans un regard pour moi. Le son mélodieux du téléphone qu'il tient en main me fait prendre connaissance de deux choses: petit un, je n'ai toujours pas raccroché et petit deux, il ne voulait pas me répondre.

Bien que nous ne partageons plus rien, en l'occurrence cette chambre qui a connue nos ébats enfiévrés, il lui arrive d'y entrer pour se rendre dans sa penderie.

"T'étais où ?"
demandais-je d'une voix plus sèche que je ne l'aurai voulu lorsqu'il y sort vêtu d'un bas de pyjama. Mes yeux remarquent immédiatement ses épaules larges, ses muscles saillants, sa peau mâte sur laquelle je voudrais encore laisser courir mes doigts fins. Il est tellement beau. Sébastien ne me répond pas, ne me regarde même pas. Ça ne m'étonne pas mais je souffre de plus en plus de cette indifférence.

"Tu comptes m'ignorer encore longtemps ? Ça fait déjà deux semaines là t'en a pas ma..."

Il est sorti.

Il faut crever l'abcès et ce le plus vite possible. Je le suis jusqu'à la majestueuse salle à manger. Je contourne l'immense table et vais prendre place près de lui. Il ne quitte pas des yeux de son sandwich au beurre de cacahuète qu'il a pour habitude de prendre avant chaque repas. J'ai toujours trouvé ça bizarre comme entrée.

"Sébastien" c'est la troisième fois que je l'appelle et pourtant, il ne réagit pas. Il me traite comme si je n'étais pas là.

"Séb..."

"Quoi?"

"Je... Euh... Je..."
Je ne m'attendais pas à ce qu'il me réponde aussi durement. J'en ai les larmes aux yeux.

"Pourquoi tu m'ignore?"

Il sourit.

"Parle moi s'il te plaît"

"Si seulement tu savais ce que ça veut dire. Tu veux que je te parle alors que toi même tu ne sais pas le faire?"

"Mais..."

"Mais quoi? Tu sais tout de moi Jennifer. Tu connais mes amis, mes envies, mes hobbies. Tu sais plus ou moins l'enfance que j'ai eu, où je suis allé. Tu sais tout, même ce que je n'avais encore jamais osé avouer à personne. Je me sens abusé c'est la première fois ça m'arrive. Que j'ai l'impression de m'impliquer pour deux. Du peu que je sache,une relation ne se bâtit  pas seul. Sans fondement et surtout sans connaissance de la vie de l'autre. Est-ce que t'as une famille à part ta mère? Des cousins peut-être ? Il était comment ton père ? Au lycée t'étais peut-être la capitaine sexy des pom-pom girl ou alors la binoclarde présidente du club d'échec? Ce Jack était sensé être personne mais c'est ton ex. Je croyais que t'avais été dans un université de seconde zone mais non c'était une de prestige. Un jour ton père t'as abandonné, et un autre il est mort. Excuse moi de tout remettre en question maintenant mais, il n'est pas question que je continue à avoir une conversation avec quelqu'un qui ne me fait pas assez confiance pour me parler de sa vie avant moi"

"Parce que toi tu me dis tout peut-être ?" il lève un sourcil interrogateur comme pour me demander où je veux en venir

"Je ne sais toujours pas ce que faisait Sheila Marks aussi souvent dans ton bureau ces derniers temps. Mais attends, t'as parlé de relation?"

Contre toute attente, il éclate de rire. Comme si je lui avait raconté une histoire drôle

"Peut-être que si tu lisais la presse plus souvent, tu saurais que Sheila a avouer ne pas être enceinte. Cette révélation lui a valu que tout le monde lui tourne le dos. Je l'aide à se reconstruire car c'est moi qui lui ai demandé de tout révéler parce-que je savais que ça te rongeait de l'intérieur de penser qu'elle pouvait attendre mon enfant."

Alors elle n'est pas enceinte? Elle ne l'a jamais été? Je dois bien avouer que je viens de m'alléger d'un poids. Il veut que je lui raconte ma vie mais comment ? Je ne revis que depuis le jour où j'ai franchi le seuil de Field Energy. Depuis que ses yeux gris ont croisé les miens. Je me mentais à moi même me disant que je ne le voyais que comme mon patron mais, il faut se rendre à l'évidence, c'est plus que ça. Ça l'a toujours été. Et maintenant, il n'est même pas capable de mettre un mot sur notre relation.

"Ça ne fait pas assez longtemps que nous...enfin tu vois. C'est trop tôt"

"Si j'ai bien compris il suffit d'un mois pour que tu t'offres à moi, mais c'est trop tôt pour me parler? Alors dans six mois tu me diras peut-être si t'avais un animal de compagnie et dans un an ce sera quoi?  "

Like A Star: quand le passé se conjugue au présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant