Jennifer

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"Je vous le prouverai"

Voilà maintenant une semaine jour pour jour que je me raccroche à cette phrase de Sébastien. Cette phrase qui m'aide à tenir le coup depuis que cette semaine de travail intensif a commencé. Il me suffit d'y repenser quand la fatigue me gagne pour être motivée, requinquée et souriante. Cette litanie qui me donne l'impression de revivre à nouveau. Il va me prouver qu'il n'y a personne d'autre, qu'aucune autre femme ne l'intéresse. D'ailleurs, je n'ai pas revu une seule actrice, journaliste ou mannequin à Field Energy depuis cette promesse. Peut-être les voit-il ailleurs ou ne les voit-il plus du tout. C'est sur cette dernière hypothèse que j'enfile mon legging de sport  noir avec un débardeur de la même couleur, tout comme mes runnings.

L'exercice physique m'a toujours aidé à échapper au stress, exactement comme celui que je subis actuellement au boulot. Certaines fois, j'ai même dû ramener du travail à la maison, pour pouvoir avancer plus vite. En plus, c'était un bon prétexte pour ne pas fermer les yeux et risquer de voir la brute dans mes rêves.

Après ce qui me semble être deux kilomètres, je décide de rentrer me préparer à affronter une nouvelle journée. La fatigue et le manque de sommeil doivent me provoquer des hallucinations. À moins que ce soit le cas pour toutes les personnes qui font du jogging pendant un peu plus d'une heure trente, mais j'aurai juré que le monsieur qui court  vers moi c'est Sébastien. Même corpulence, même silhouette. Ce là dit je vois mal Sébastien Field en short, t-shirt et basket. Et comment penses-tu qu'il entretien son corps de rêve ? Ma conscience à sûrement raison, ses muscles saillants et ses abdominaux parfaitement bien dessinés en immense tablette de chocolat sont sûrement dûs à des heures et des heures de sport intensif et pas en costume trois pièces j'imagine. Mais quand-même que ferait-il dans le Bronx? Je devrais peut-être demander des jours de congés parce-que si à 7h du matin je suis déjà victime d'hallucinations, c'est qu'il y'a pleins de choses qui clochent.

Il continue à courir dans ma direction, et moi dans la sienne, me disant qu'il y aura bien un moment où on finira par se croiser. Et là, j'aurai enfin la confirmation que je perds la tête. Plus la distance entre nous se réduit, plus je me dis que cet homme est bel et bien mon patron. À croire que je le vois partout celui-là. Je ne décroche plus mon regard de son visage, il m'intrigue. Serait-ce le sosie de Sébastien field? Sous sa casquette rouge et noir, comme le reste de sa tenue d'ailleurs, je remarque des yeux gris, des lèvres pleines et un nez retroussé. Ses lèvres. Ses yeux et...son nez.

Oh mon DieuCrie une petite voix en moi. Et sans que je ne sache comment, je me retrouve étalée parterre comme un vulgaire sac de patates.  Mais pourquoi il faut que ce genre de choses m'arrivent à des moments pareils? Que quelqu'un m'explique. J'essaie de faire bonne figure et me relève mais, ma cheville ne supporte pas mon poids et cette fois-ci je suis tombée de manière encore plus disgracieuse sur les fesses. Je décide de ne plus bouger, avec un peu de chance, il ne me reconnaitra pas et me prendra sûrement pour la fille la plus maladroite de la terre.

"Oh mon Dieu ! Jennifer est-ce que ça va ?"

Bien-sûr il a fallu qu'il me reconnaisse. Je lève légèrement la tête et découvre qu'il est accroupi près de moi, le visage joliment déformé par des traits d'inquiétude. Il s'inquiète pour moi? Sur le coup, je n'ai pas le cœur à m'en réjouir. Je suis rouge de honte.

"Je courais et...je vous ai vu...et...hum...voilà"

Waouh. J'aurais dû la fermer au lieu de dire des choses incompréhensibles. Il ne me regarde pas et palpe mes chevilles. Il s'attarde sur la droite, car j'ai eu un mouvement réflexe à cause de la douleur.

"Je me suis foulée la cheville vous croyez ?"

Il me sourit de toutes ses dents avant de me répondre

"Non. Mais, elle est seulement un peu enflée et ecchymosée. Et comme apparemment c'est de ma faute, j'accepte la responsabilité de prendre soin de vous"

Quoi? Comment ça ? On est sensé travailler dans moins de deux heures. On n'a pas le temps de jouer au docteur et, je ne suis pas malade. Ce n'est rien de grave lui même l'a dit. En même temps ses yeux dans les miens et son sourire séducteur me troublent.

"Mais...."

"Il n'y a pas de mais qui tienne. Et je crois me rappeler que vous ne vivez pas très près."

Je lui pardonne immédiatement de m'avoir coupé la parole lorsqu'il passe un bras derrière mes genoux et l'autre dans mon dos. Il me porte dans ses bras pour m'éviter de marcher. C'est vrai que je suis très menue et avec une activité sportive à peu près régulière, je dois avoir des kilos en moins mais, lorsque je suis dans ses bras, je me sens plus légère qu'une plume. J'enfouis ma tête dans son cou et passe mes bras autour de celui-ci pour être encore plus proche de lui. Son odeur de cannelle m'ennivre tant que je ne voudrais être nulle part ailleurs. Cependant, il y'a une question qui me trotte dans la tête.

"Pourquoi le Bronx?"

Je sens un sourire rehausser ses lèvres.

"Pourquoi pas le Bronx mademoiselle Mason ?"

"Peut-être parce que vous êtes Sébastien Field, assurément le célibataire le plus prisé de New-York. Un richissime homme d'affaires à la tête d'une entreprise fructueuse, qui ne manque pas de faire la une de tous les magazines people tout comme les magazines économiques. Vous vivez à Manhattan.... ". Je comptais sur mes doigts à mesure que je donnais des arguments.

" C'est bon où vous voulez que je continue ? "

Cette fois-ci, il rit à gorge déployée. Un rire incroyablement sexy. Je ne savais même pas que ce genre de chose pouvait l'être.

"Voilà exactement pourquoi je viens ici. Pour ne pas être reconnu et pouvoir me fondre dans la masse comme n'importe qui. En plus, mon père aimait pas beaucoup ce parc"

Je parviens à déceler une pointe de tristesse dans sa dernière phrase.

"Et bien, il avait très bon goût"

Je sais ce que ça fait de ne plus avoir de papa. Il ne dit plus rien et continue à me porter jusqu'à ce qu'on s'engouffre dans un taxi.

Direction chez moi, avec le plus bel homme qu'il m'ait été donné de voir.

Like A Star: quand le passé se conjugue au présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant