Jennifer

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Aujourd'hui encore, ma sexagénaire de voisine madame Humphrey, est passée comme chaque semaine avec un paniers de provisions. Depuis la fois où elle m'a vu m'effondrer devant ma porte d'entrée, elle s'est mise en tête de prendre soin de moi.

Ce jour là, je m'étais levée de bonheur pour affronter le monde extérieur. J'en avait marre de me morfondre chez moi sans mettre le nez dehors. Rien ni personne ne méritait de me mettre dans cet état. En plus, il fallait bien que je vive. Les factures n'allaient pas se payer toutes seules et l'eau du robinet n'allait sûrement pas me rassasier. Une fois sortie de chez moi, je vis madame Humphrey qui faisait de même. Après des salutations et des sourires, je décidai de sortir de l'immeuble. Pourtant, mes membres ne fonctionnaient plus, je n'arrivais plus à mettre un pied devant l'autre. J'étais paralysée avec pour seules images en tête celles de ma dernière dispute avec Sébastien. Son visage sévère quand il m'accusait d'avoir dérobé une bague que je ne connais ni d'Adam ni d'Ève. Malgré mes bonnes résolutions de ce jour là, je m'étais transformée en fontaine à larmes. Mes jambes m'ayant lâchement abandonné, je m'étais retrouvé assise à même le sol adossée à ma porte, pleurant à grosses gouttes. Madame Humphrey m'avait aidé à me relevé et sans me poser la moindre question, m'avait fait entrer dans le salon. Elle avait passé une partie de la journée à me bichonner, me préparer un bon repas. Et l'autre partie, à essayer de me changer les idées. Ce qui n'avait pas vraiment marché.

Depuis, elle vient voir si je n'ai besoin de rien. Une vraie mère poule.

À force d'être toujours chez moi, elle connais mon appartement comme si c'était le sien. Depuis ce matin, je suis dans ma chambre. Elle m'y a envoyé comme si j'étais une ado rebelle, sous prétexte qu'elle n'aime pas que l'on soit dans ses pattes quand elle fait le ménage. Ça me gêne un peu que quelqu'un d'autre que moi fasse mes taches ménagères mais, j'en suis tout bonnement incapable. Du coup, j'évite de me déplacer le plus possible comme ça je salis moins.

Ce n'est pas d'ailleurs la seule raison pour laquelle je prends soigneusement la peine de ne pas me balader dans chaque pièce. Elles me rappelle toutes d'une manière ou d'une autre le passage de Sébastien non seulement dans cet appartement mais aussi dans ma vie.

Le salon me rappelle la manière dont il a veillé sur ma cheville qui avait tellement enflée qu'on aurait dit celle d'un éléphant. La cuisine me fait penser qu'il est un incroyable cordon-bleu. Et la chambre, ce même lit où je suis assise en tailleur serrant le plus fort possible Mr Doudou mon ours en peluche, a été le témoin de notre première nuit d'amour. Si jamais amour il y'a eu un jour pour lui.

Il faut pour ma santé mentale que je me le sorte de la tête. Je dois me rendre à l'évidence. Et comme si ma nouvelle amie sexagénaire l'avait elle aussi deviné, après le repas qu'elle nous a préparé, m'a presque forcé à sortir avec elle. Sûrement pour aller jouer au bingo avec ses copines du même âge. Après tout ce qu'elle fait pour moi, je ne peux pas lui dire non. Par contre, j'espère que je réussirai à dépasser le seuil de la porte.

Contre toute attente, elle m'a trainé à un cours de danse de salon. Au début, j'étais sur la réserve. Je n'avais jamais dansé le tango et je ne m'étais jamais trémoussée devant qui que se soit. Mais, sous les encouragements de ma voisine et la patience du professeur, j'ai fini par m'ouvrir un peu. Je pense parler pour deux quand je dis qu'on s'est vraiment bien amusé. Je n'avais plus ris comme ça depuis un bon moment et je dois avouer que ça fait du bien de passer un agréable moment et d'oublier toute la tristesse qui m'habite.

Comme si ça ne suffisait pas, nous allons au cinéma. Je suis incapable de dire ce qui est au programme par ce que je regarde à peine. Je remercie intérieurement le ciel que la salle soit plongée dans le noir car, la sexagénaire près de moi aurait été témoin de la réapparition de ma tristesse. Cette fois-ci, rien à voir avec ma vie amoureuse pathétique. Je me dis simplement que si j'avais eu une mère comme Eugénie Humphrey, ma vie aurait été moins terne, plus joviale. Ainsi,moins parsemée de douleur et de souffrance. On ne choisi pas sa famille pourtant, si j'avais pu, je ne sais pas si je choisirais celle qui m'a été donné. C'est moche à dire mais c'est malheureusement la vérité. Ça aurait même été mieux que mes parents s'abstiennent de me mettre au monde. Encore mieux qu'ils ne ne rencontrent jamais.

Je me suis toujours demandée pourquoi mon père s'était marié avec ma mère. Était-ce un mariage arrangé ? Ou la plus grosse erreur de leur vie?
Il n'avait absolument rien de semblable avec elle. Oui les contraires s'attirent mais il faut un minimum de points en commun. Il était drôle, agréable à vivre, joyeux, dévoué à sa famille. Et elle, égoïste, toujours tournée vers son travail. Rabaisser mon père et moi devait être son passe-temps favoris. Elle disait qu'on était pas assez bien pour elle, qu'elle méritait mieux. Mais, pour une raison que j'ignore, elle n'est jamais partie. Peut-être l'argent ou la peur de se retrouver seule.
Ça nous aurait pourtant fait du bien à tous.

Je suis très surprise de constater que le film est déjà finit. Et comme il se fait un peu tard, nous décidons qu'il est grand temps de rentrer.

"Merci pour tout Eugénie. J'ai vraiment passé une agréable journée"

Il est vrai que c'est ce qu'on dit au pas de la porte avant d'embrasser le prince charmant ou le crapaud. Mais, je n'ai pas pu attendre plus longtemps et, cette règle ne s'applique pas ici puisque ce n'était pas un rendez-vous. Elle ne dit rien et me sourit gentiment.

"Est-ce que vous avez des ennemis mon petit ?" je ne m'attendais pas du tout à cette question. Pourquoi j'aurais des ennemis ?

"Non. Pourquoi ?"

"Il y'a un monsieur là-bas dans une belle voiture de sport grise qui nous suit depuis qu'on a quitté l'immeuble"

On nous suit et elle est aussi calme que ça ? C'est peut-être un psychopathe ou un pervers ou mieux un pervers psychopathe. Ou alors, elle s'imagine des films. Sûrement l'un des effets secondaires quand on a regardé un film en 3D. Prise d'une légère panique et surtout curieuse de constater les faits par moi même, je me retourne pour voir la fameuse voiture. Mais qui fait une filature avec une voiture aussi chic? Force est de constater que cette voiture me dit quelque chose. Elle ressemble trait pour trait à celle que Mr Field avait le vendredi où il m'a invité à dîner pour la première fois.

Comme si ça ne suffisait pas de me traiter comme une malpropre, il charge son homme à tout faire de me suivre partout où je vais.

Quel culot!







Partie pas très importante c'est vrai mais, il fallait un PDV de Jennifer pour suivre le rythme fixé. L'histoire touche à sa fin.... Dans moins de dix chapitres, ce sera fini.

Like A Star: quand le passé se conjugue au présentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant