2 - Hello Again

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NEW YORK, TOUR AVENGERS
Les jours qui suivirent furent particulièrement éprouvants. Steve ne s'était peut-être pas rendu compte d'à quel point son ami était brisé. Assez naïvement, il avait pensé que tout rentrerait dans l'ordre rapidement, qu'il lui suffirait de parler à Bucky pour qu'il redevienne un tant soit peu comme l'homme qu'il avait connu. Mais il ne se rendait compte que maintenant que c'était une utopie et le retour sur terre était sévère.
Cela ne faisait que trois jours qu'il avait retrouvé Bucky, mais le temps semblait s'écouler avec une lenteur infernale. Si bien qu'il eut l'impression d'être cloîtré dans la tour depuis des semaines. Il n'avait pas mis le pied dehors depuis leur retour de Baltimore. Bien que Natasha le lui ait proposé, il avait refusé de laisser Bucky sous la surveillance de quelqu'un d'autre. Il lui semblait bien trop instable pour le laisser en compagnie de quelqu'un d'autre que lui, même s'il savait à quel point la Russe était douée, il savait pertinemment qu'elle ne pourrait pas tenir tête longtemps au Soldat de l'Hiver.
La peur le tiraillait de toutes parts. La peur qu'il s'en aille, la peur qu'il ne redevienne jamais plus ce qu'il était. Il avait même peur que quelqu'un ne lui rende visite, il pensait que recevoir quelqu'un pourrait avoir un effet catastrophique sur Bucky.
Amélia, elle, était d'un tout autre avis. En fait, elle se fichait bien de ce que Steve pensait être le mieux, elle, elle était persuadée que le laisser cloîtré dans une pièce, aussi spacieuse et luxueuse soit-elle n'était pas une bonne façon de faire les choses. Mais Rogers était quelqu'un de borné et le fait qu'il ait ordonné à Jarvis de ne laisser entrer personne lui compliquait la tâche. Mais elle aussi était bornée, peut-être même plus que lui. Et elle arriva, non sans négocier, à se procurer un accès à son étage.
Lorsque les portes s'ouvrirent sur elle, elle s'attendit presque à le voir l'attendre, les bras croisés sur le torse, le visage fermé et cette expression dans le regard qui disait : tu n'entreras pas ici, mais il n'était pas là. Jarvis ne l'avait sans doute pas annoncée et c'était mieux comme ça. Elle se dirigea prudemment vers le salon, s'attendant à le voir en compagnie de Barnes, mais au lieu de ça, elle ne vit qu'un canapé vide. L'étage lui-même semblait vide. Tout était silencieux. Presque trop silencieux.
- Steve ? S'enquit-elle.

Puis, le silence s'évanouit. Elle entendit quelque chose tomber sur le sol et d'un geste mécanique, ses doigts se refermèrent sur l'arme à feu qu'elle ne quittait jamais, déformation professionnelle, elle la pointa en direction du bruit et avança prudemment. Elle ne savait pas vraiment dans quel état Barnes se trouvait, elle savait qu'il n'allait pas bien, mais elle ignorait s'il était encore en mode machine de guerre ou pas. Une balle ne le tuerait pas, au mieux ça le ralentirait, au pire, ça accélérerait sa mort, à elle.

- Steve ? Répéta-t-elle.

La porte voisine à celle de sa chambre s'ouvrit et Rogers sortit enfin de la pièce. Il referma la porte derrière lui et adressa un regard surpris à la jeune femme et à l'arme qu'elle pointait sur lui.

- Tu m'as fichu la trouille. Soupira-t-elle.

Amélia s'empressa de la baisser et la rangea dans la ceinture de son pantalon. Le soldat l'observa faire silencieusement. Passée la surprise, il croisa les bras sur sa poitrine et la toisa de toute sa hauteur.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?
- J'ai essayé de t'appeler, mais tu ne répondais pas. J'ai contacté Sam et il m'a dit qu'il n'avait pas de nouvelles non plus. Alors, j'ai décidé de me déplacer pour voir si tout allait bien.
- Tout va bien.

Steve était doué dans bien des domaines, mais il ne savait pas mentir.

- C'est faux. TU ne vas pas bien.
- J'avais dit à Jarvis de ne laisser entrer personne. L'ignora-t-il.
- J'ai dû passer par Banner, qui a dû passer par Stark. Tu m'expliques ce qui se passe et pourquoi tu joues les ermites ?
- Je ne joue pas les ermites.
- Dans ce cas pourquoi avoir demandé à Jarvis de ne laisser entrer personne ?
- Ce n'est pas le bon moment. Se contenta-t-il de répondre. Je préfère que cet endroit reste calme.

Il attrapa son bras et la tira gentiment loin de cette porte, en direction de l'ascenseur. Elle s'arrêta cependant en plein milieu du salon, se défit aisément de sa poigne et ce fut à son tour de croiser les bras sur sa poitrine.
Elle planta son regard dans le sien et ce fut à son tour de le toiser. C'était, certes, une façon bien polie de la mettre dehors, mais elle n'était pas venue pour se faire remballer aussi vite. Il fallait qu'elle lui parle, qu'elle lui explique son point de vue afin qu'il ne fasse pas d'erreurs qui pourraient lui coûter chères, à commencer par laisser son meilleur ami enfermé dans une pièce jusqu'à ce qu'il retrouve la raison. Raison, qu'elle était persuadée, qu'il n'avait pas réellement perdu.
C'est ainsi que Barnes les retrouva. Il avait, avec toute la discrétion dont il était capable, décidé de quitter sa chambre pour venir voir ce qu'il se passait. Il lui avait semblait entendre une voix qu'il connaissait. Et pour cause, il s'agissait de la femme qui était à l'origine de son emprisonnement. Cette fois, il prit le temps de la détailler. Elle se tenait droite, son corps dégageait de l'assurance. Elle portait un pantalon de cuir rouge et un haut noir presque transparent qui laissait deviner une arme, coincée dans sa ceinture. Elle était perchée sur des talons hauts.
Elle ne remarqua pas sa présence avant que Steve ne l'empoigne par le bras pour la placer derrière lui. Son visage se durcit et alors qu'il chercha à établir un contact visuel avec Bucky, celui-ci l'évita. Il avait les yeux posés sur la jeune femme. Elle sembla blêmir légèrement, mais s'efforça de ne laisser paraître aucune émotion. Peut-être que ça fonctionnait avec les autres, mais lui, il savait parfaitement qu'elle avait peur. Et il ne savait pas si ça lui plaisait ou non qu'elle ressente ce genre d'émotion à son égard.
Elle se racla la gorge et passa une main nerveuse dans ses cheveux, lissés à l'extrême, avant de s'avancer prudemment vers lui. Sans le quitter des yeux, elle dépassa Rogers, qui tenta vainement de la retenir, et se posta face à lui. Ils n'étaient qu'à un petit mètre l'un de l'autre et la jeune femme lui semblait ridiculement petite comparée à lui.

- Amélia Hayeson. Se présenta-t-elle en tendant une main vers lui.

Il fixa de longues secondes la main tendue vers lui avant de relever les yeux vers son visage. Elle l'avait dupé, drogué et à cause d'elle, il se retrouvait enfermé dans cet endroit. À cause d'elle, il était de nouveau en prison. Était-il vraiment censé lui serrer la main comme si rien ne s'était passé ? Elle finit par laisser retomber son bras le long de son corps, un brin gênée.

- Je suis désolée pour la piqûre. S'excusa-t-elle. Et pour t'avoir piégé. Et pour avoir contribué à t'emmener de force ici.

Steve leva les yeux au ciel en secouant la tête, était-il vraiment nécessaire qu'elle lui remémore tout ça ? Il semblait bien assez en colère contre elle sans qu'elle n'en rajoute. Pourtant, contrairement à ce qu'il aurait cru, il n'entra pas dans une rage sourde. Il conserva un calme olympien, ce qui l'inquiéta un peu plus encore.
Son expression neutre laissa brièvement place à la surprise, à l'incompréhension avant qu'il ne se referme à nouveau. Elle s'excusait. Encore. La première fois, il avait pensé rêver à cause du sédatif qu'elle venait de lui administrer, mais cette fois-ci, il était sûr de ce qu'il avait entendu. Il ne se souvenait pas la dernière fois que quelqu'un s'était excusé auprès de lui. Bien sûr, il y avait eu cette caissière à Baltimore qui s'était trompée en lui rendant sa monnaie et qui s'était confondue en excuses. Mais cette excuse-là, était différente. Elle s'excusait de l'avoir blessé. Et elle avait l'air de le penser vraiment.
Le manque de réaction de Barnes ne fit qu'accroître la tension qui régnait dans la pièce. La nervosité d'Amélia grimpa en flèche et elle passa une nouvelle fois sa main dans ses cheveux en murmurant quelques paroles incompréhensibles. Il était évident qu'elle ignorait comment elle était censée se comporter et lorsqu'elle tourna la tête vers Steve, elle vit qu'il était tout aussi paumé qu'elle. Alors ils restèrent dans ce silence pesant. Bucky la regardait, elle. Son regard, à elle, oscillait entre lui et Steve. Et ce dernier ne lâchait pas Bucky des yeux.

- D'accord... Chuchota-t-elle. Je crois que je ferai mieux d'y aller.

Barnes fronça légèrement les sourcils, s'en aller ? Pourquoi était-elle venue ici si c'était pour s'en aller aussi rapidement ? Est-ce que c'était à cause de lui qu'elle partait ? Il n'avait pas envie qu'elle s'en aille. Il avait du mal à comprendre pourquoi, puisqu'après tout, tout était de sa faute, mais il n'avait pas envie de la voir partir. Il ne voulait pas se retrouver à nouveau seul avec Steve. Seul face à ces regards qu'il lui lançait. Il ne voulait plus avoir à faire face à sa tristesse et sa déception. Certes, il pouvait lire la peur dans les yeux de la jeune femme, mais il ne lisait aucun de ces deux sentiments. Et ça lui faisait du bien.
Il ignorait comment il pouvait la retenir, alors il fit la première chose qui lui passa par la tête. Il referma ses doigts autour de son bras. Ce geste n'avait rien de menaçant pourtant, il eut pour effet de la faire frissonner de terreur et Steve s'empressa d'intervenir.
Aucun d'eux ne sembla entendre les propos de Steve, le regard plongé dans celui de l'autre. Glace contre glace. Il semblait tenter de communiquer silencieusement avec elle. Et cela sembla porter ses fruits, puisque son regard s'adoucit et un léger sourire apparut sur ses lèvres.

- Ou je peux rester. Se ravisa-t-elle. Je pourrais cuisiner ?

Elle quitta Barnes des yeux pour se tourner vers Steve et l'interroger du regard.

- Tu n'as rien d'autre à faire ?
- Rien que je ne puisse pas faire ici. Assura-t-elle.

Lorsque Bucky croisa à nouveau le regard d'Amélia, il sut qu'elle lui demandait silencieusement de la lâcher et dès lors qu'il l'eut fait, elle se tourna vers Steve.

- Tu ne te débarrasseras pas aussi facilement de moi, Rogers. Sourit-elle en tapotant son épaule.

Puis, sans un regard en arrière, elle se dirigea vers la cuisine pour ne plus en sortir.

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Voilà pour ce deuxième chapitre, j'espère que vous l'avez apprécié.

Pour ceux que ça intéresse, vous trouverez la tenue d'Amélia en lien externe.

Je m'excuse pour les éventuelles fautes.

A bientôt,

Sarah.


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