La Lune Rouge: Little Red Riding Hood (corrigée et réécrite)

Chapitre 6

J'ai réussi à fuir le magasin par la porte arrière. Je n'ai pas repris ma forme humaine puisque cela ne servirait à rien. J'accours à travers le village pour sortir de celui-ci le plus rapidement possible. Je repense à ce qui s'est passé tout à l'heure et mon cœur manque un bond. Le souvenir de cette fille quand on s'est regardés me revient. Son regard qui m'analysait, je me suis sentie connectée à elle. Son odeur a rempli mes narines et depuis c'est devenu une drogue. En même temps, je ne comprends pas pourquoi je l'ai laissé partir. En tant que loup, j'aurais dû la tuer elle aussi puisqu'elle est mon ennemie. Aujourd'hui, je fais des choses qui ne me ressemblent pas au point où je me demande si je ne suis pas tombée malade. Je suis aussi rentrée dans le village des hommes. Un lieu qui nous est interdit. J'eus des sentiments que jamais je n'avais ressentis auparavant et j'ai sauvé une humaine d'une sorcière, alors que j'aurais dû la laisser mourir et ne pas m'en soucier. J'ai failli à mon devoir et je ne sais plus quoi penser. Je ne veux pas penser ce qui va se passer pour elle, maintenant. Je l'ai vue se faire prendre par un garde et il est persuadé que c'est elle qui a fait ça. Personne ne la croira. Si elle a 21 ans, c'est sûr qu'elle va être pendue. C'est dommage depuis que je l'ai vue, un désir malsain m'a envahie, je rêvais déjà de la posséder pleinement. Je rêvais aussi qu'elle m'appartienne. Effectivement, je ne suis pas moi-même. Je dis des trucs ridicules, pourtant c'est plus fort que moi. Il faut comprendre aussi que c'est la saison pour ces choses-là. Malgré tout, je me sens un peu triste. Je ne connaîtrai jamais cette fille.

« Et son nom. »

Entendre de sa voix mélodieuse son nom. Ressentir son regard vert posé sur ma personne à nouveau. Son doux parfum qui me rend fou. Non. Plus jamais je ne les verrais ou sentirais.

« Elle me sera pour toujours inconnue. »

Je tente de chasser cette fille de ma tête et je réussis enfin par sortir du village sans me faire repérer. Je cours jusqu'en haut de la colline, sans difficulté. La faim envahit à nouveau mon estomac et je réalise que je n'ai rien mangé encore. Avant de rentrer dans la forêt, dans mon environnement, je regarde le village et la lueur de la lune l'éclairer. Les soirs de pleine lune, les loups se font plus nombreux dans les bois et surtout en ce temps-ci de l'année. Je finis par hurler à la lune comme pour envoyer un dernier message à celle qui m'a intriguée en l'espace d'une journée, mais qui m'a obsédé pendant trois ans pour ensuite m'engouffrer dans la sombre forêt.