Chapitre 10

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Appuyé contre un arbre, j'observe ma compagne qui se rhabille de sa petite chemise déchirée. Je peux voir ses joues teintées d'un joli rouge. Sa chemise lui arrive juste en dessous des fesses. Elle tremble sous le vent qui vient de se lever. Je peux la voir regarder autour de nous, effrayée. Elle se tourne vers moi et elle rougit davantage. Contrairement à elle, je n'ai pas de vêtement. Je m'approche pour mettre mon bras sur ses épaules. Elle sursaute légèrement et elle pose sa main sur mon torse. Elle exerce une pression pour m'éloigner, mais je resserre mon emprise sur elle.

- Lâche-moi. Je ne veux pas que tu me touches.

- Cesse de te comporter en gamine. Tu trembles de froid et ma peau est plus chaude que la vôtre, vous les humains, dis-je, de ma voix grave.

Elle continue à faire pression, mais elle cesse, comprenant que c'est perdu d'avance. Elle me jette par contre un regard noir qui ne me fait aucun effet.

- Tu parles de nous comme si on te répugne. N'oublie pas que tu es aussi humain que moi.

À ces mots, je la plaque violemment contre un arbre et je la saisis par la mâchoire. Elle porte ses mains à mon poignet pour me repousser, mais je suis dix fois plus fort qu'elle.

- Ne me traite pas d'humain ! Je suis un loup et cela ne changera pas ma nature. Je ne suis pas comme vous.

Des perles de larmes se forment aux coins de ses yeux.

- Alors pourquoi m'as-tu prise si tu me détestes autant ?

Effectivement, pourquoi ? Peut-être parce qu'elle a réussi à faire battre mon cœur d'une manière que je ne connaissais pas. Parce que depuis la première fois de ma vie, j'ai ressenti des remords. Un désir vraiment malsain m'a pris et m'a poussé à l'atténuer. Je la lâche et je recule. Elle ne me lâche pas du regard, attendant toujours une réponse de ma part. Ses pupilles sont devenues vertes. Je pose ma main sur sa joue, caressant au passage ses cheveux bruns. Je tente de me racheter de mon geste violent.

- Peut-être parce que tu m'attires plus que les autres. Je t'ai cherchée pendant trois ans, mais il y a eu un temps où tu as disparu. Tu es réapparue et je voulais savoir qui tu étais.

La surprise se lit sur son petit visage angélique.

- Tu m'as cherchée pendant trois ans ?

- Je ne savais pas que tu étais une humaine. Ton odeur ressemble à la nôtre et j'ignore pourquoi, dis-je, en souriant légèrement.

Elle rougit légèrement. Ma main posée sur sa joue, je l'attire vers moi pour l'embrasser brutalement, mais plus doucement par la suite. Je m'écarte légèrement et elle fuit mon regard, les joues rouges.

- Et maintenant, tu m'appartiens.

- Mon corps t'appartient peut-être, mais tu n'auras jamais mon cœur.

Je grogne légèrement, à ces mots. Elle s'éloigne et elle s'enfonce dans la forêt.

- Où est-ce que tu vas ? Le village est par là, dis-je, en pointant dans la direction opposée à la sienne.

- Je retourne chez ma mère-grand. Elle doit être morte d'inquiétude en ce moment.

Je soupire bruyamment puis je cours la rattraper et je lui prends la main. Elle tente de s'en défaire, mais je la serre si fort qu'elle abandonne.

- Je vais te raccompagner.

Elle sourit légèrement.

- Serais-tu inquiet ?

- Non, je ne veux juste pas que tu t'enfuies.

En réalité, oui je suis inquiet. Je ne veux pas la voir morte dans la forêt à cause des miens. Je ne veux pas perdre ce joyau qui m'a été si dur à acquérir. On marche dans la forêt sans dire un mot, mais le silence ne me gêne pas. Peut-être que je suis tout simplement sans cœur ? Devrais-je apprendre à devenir plus doux ou je reste aussi froid que de la glace ?

La Lune Rouge: Little Red Riding Hood (corrigée et réécrite)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant