Chapitre 12

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- Cherry. Le petit déjeuner est prêt !

Je me redresse doucement sur mon lit, les yeux bouffis par la fatigue. Je descends de celui - ci avec lenteur. Je ne veux pas me lever. Je préfèrerais me rendormir, mais je sais que ma mère va utiliser une méthode bien à elle pour me réveiller, alors autant me lever tout de suite. Je marche en mode radar jusqu'à la salle de bain et je me penche vers le lavabo. Mon reflet dans le miroir me fait sursauter. Mes yeux bouffis sont couverts de noir au point que j'ai l'impression de ressembler à un panda.

« C'est de ça que j'ai l'air le matin ? Ark ! »

Je mets mes mains sous le robinet après l'avoir activé et je me mouille le visage pour nettoyer ma peau noircie. Ensuite, je descends pour manger mon petit déjeuner. Je vois ma mère, au poêle à bois, faire cuire ses œufs. Elle me voit du coin de l'œil et sourit.

- Bonjour, ma chérie.

Je m'assois sur ma chaise et je prends ma fourchette.

- Bonjour, Maman.

Ma voix est à peine audible. Pourtant, elle a réussi entendre ce que j'ai dit.

- Je vois par tes beaux yeux gris que tu n'as pas beaucoup dormi.

- C'est normal. Je suis arrivée à minuit, hier soir, dis-je, en tentant de garder les yeux ouverts.

- Cesse de te plaindre et mange. Cela te donnera des forces.

Je m'exécute. Je commence à manger et étonnamment, cela me donne l'énergie qui me manquait. Je ne me sens plus du tout fatiguée, je suis remplie d'énergie.

- Il faut que tu me dises ce que tu mets dans tes œufs, dis-je, sans quitter mon assiette.

- Pourquoi ? Me demande-t-elle, en s'asseyant en face de moi.

- Il me donne toujours de l'énergie.

- Ça, c'est parce que c'est moi qui les fais, dit-elle, en souriant.

Je souris à mon tour et je finis mon assiette. Je la porte à l'évier pour la laver et je retourne vers ma mère pour lui donner un bisou sur la joue.

- Merci, Maman. C'était délicieux comme toujours.

Je partis vers les escaliers, mais ma mère m'arrête.

- Cherry.

Je m'arrête au son de mon nom. Je me tourne et je la vois me regarder avec son air sérieux.

- Euh... Oui ?

- Est-ce que tu es sûr que tu ne me caches rien du tout ?

Un nœud se forme dans ma gorge. J'avale difficilement ma salive et mes yeux redeviennent jaune-vert.

- Non, je ne te cache rien.

- Ce n'est pas ce que tes yeux semblent me dire.

« Maudits soient mes yeux qui dévoilent tous mes sentiments aux autres. »

- C'est personnel, finis-je, par dire, en détournant le regard.

- D'accord. Mais est-ce que c'est cette affaire personnelle qui t'a amené ici ?

Je hoche à contrecœur la tête. Je l'entends soupirer, ce qui vient me chicoter.

- Je vois. Écoute, je ne vais pas te forcer à me le dire, mais sache que je serai toujours là pour t'écouter et je ne te jugerais pas.

- Merci, Maman, dis-je, reconnaissante.

- Allez, file. Va te promener un peu.

Je vire vers les escaliers et je les monte pour aller à ma chambre. Je m'habille et j'enfile ma cape. Je descends rapidement les escaliers et je pars vers la porte.

- À ce soir !

- À ce soir.

Et je sortis pour aller dans la rue. Je marche paisiblement dans le village qui a repris son activité bruyante de la veille.

« Je devrais aller voir Jokias. Après tout ce qui s'est passé la veille, je comprendrais qu'il soit inquiet. »

Je marche quelques s'instant et j'arrive, après quelques minutes, à la boulangerie. J'y entre et je vois mon ami à ses fourneaux. Quand il me voit, il laisse son travail de côté pour venir me voir inquiète.

- Cherry !

Il me serre dans ses bras et je lui rends son étreinte.

- Ça va, Jokias. Je vais bien.

Il me lâche et il me regarde, toujours de l'inquiétude dans les yeux.

- Je me suis fait un sang d'encre lorsque je ne te voyais pas revenir de la boutique et quand j'ai vu la boutique ce matin j'ai-

Je l'arrête aussitôt.

- Oui, mais maintenant je suis là. Je suis venue te voir pour cela, lui souriait - je.

Il me rendit mon sourire et il m'étreint à nouveau.

- Merci d'être venue. Cela me rassure.

- Ça me fait plaisir.

Il me lâche et il s'appuie sur le comptoir à l'arrière de lui.

- Alors, qu'est-ce qui s'est passé, hier ?

Mes yeux deviennent rouges à la simple pensée de ce qui s'est passé. Son visage se déforme par l'inquiétude.

- Laisse tomber, tu n'es pas obligée de me le dire.

- Non ça va, je vais te le dire.

Je lui raconte l'histoire d'A à Z. Son visage se déforme au fur à mesure que je lui raconte.

- Mon Dieu ! C'est horrible ! Maintenant, tu es lié à lui pour toujours.

- Oui. Je suis venue vivre au village pour le fuir.

- Il ne sera pas content. Quand il verra que tu ne seras pas chez ta grand-mère, il va péter un câble, dit-il, en sifflant par la suite.

Je lui jette un regard meurtrier qui le fait tressaillit et je me mords la lèvre violemment tout en croisant les bras. Je sais ce qui va se passer, mais c'est ma décision et je l'assume.

- Je sais, mais c'est mon choix d'être partis.

- D'accord, mais je ne veux pas être là quand ça va déraper, dit-il, en retournant derrière le comptoir.

- Jokias !

Je décroise les bras en entendant cela.

- Quoi ?

- Tu devrais m'aider plutôt que de dire ça, dis-je, désespéré.

- Écoute, Cherry. C'est bien triste et dommage pour toi, mais c'est toi qui t'es mis dans cette situation. Non. Je m'excuse. C'est plutôt le destin.

À ce mot, j'explose.

- Mais qu'est-ce que vous avez tous à dire que c'est le destin qui nous a liés !

- Peut-être que c'est le cas, me dit-il, sérieusement.

Un serrement se fait à mon cœur, mes yeux deviennent gris, une boule se forme dans ma gorge et un nœud se fait dans mon ventre.

- J'en ai assez que vous me dites tout ça. Cet homme est glacial, violent et insensible, puis vous le soutenez ?

Je n'attends même pas sa réponse que je pars de la boutique en pleurant. Je courus vers un coin de rue bousculant les passants au passage. Je sors du village pour aller dans les champs. J'arrive proche d'un ruisseau, puis je vois un tronc d'arbre non loin de là et je m'assis contre celui-ci. Je pleure toutes les larmes de mon corps. Je ne veux pas de ce destin. Je ne l'aime pas et je ne l'aimerai jamais. Je passe toute la journée à cet endroit. Je peux voir le soleil se coucher et je me dis que je devrais rentrer bientôt. Mais je ne veux pas. Je pose ma tête sur mes bras et je ferme les yeux pour me calmer, mais je finis par m'endormir, me laissant à la merci de n'importe quels étrangers.

La Lune Rouge: Little Red Riding Hood (corrigée et réécrite)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant