Les fins heureuses n'existent pas [1]

Partie 1

La banlieue parisienne c'est tout nouveau pour moi. À peine trois mois que je me suis installée ici et ce mode de vie me submerge déjà. Vivre à 100 à l'heure devient petit à petit mon quotidien. Faut bien reconnaître que ça change de la Belgique. Tant que je m'éloigne de cette ville « maudite », ça ne peut que m'être bénéfique. Mon passé est et restera à jamais derrière moi, je l'espère.

Je me place face à mon miroir afin de me préparer pour ma journée de cours. Seulement comme chaque matin, je me trouve horrible, fade. Je revois mes erreurs à travers mon reflet.

En apparence, je ne suis qu'une jeune fille banale de dix-neuf ans, étudiante en médecine. Seulement en réalité, je suis bien plus que ça, j'ai une histoire, une histoire lourde à porter et difficile à cacher.

Par où commencer ?
Le plus douloureux, mes parents sont morts dans un crash d'avion lorsque j'avais treize ans, je suis donc passée de foyers en foyers. J'ai du me forger une carapace, qui comme vous le verrez, n'est qu'apparence elle aussi. Je suis faible, tous ceux qui se donnent une image de dur à cuir, sont faibles. Personne n'est aussi fort, personne.

Le plus horrible, j'ai tué un homme, mon ex petit-ami. Je ne vais pas traîner sur ce sujet.

Le plus...triste ? J'ai été hospitalisée pendant trois ans juste après ma naissance, je n'ai aucun souvenir photo, ou vidéo, ou autre. C'est comme si je n'avais pas existé avant cet âge.

Enfin bon, tout ça pour bien me faire comprendre. Je n'étais pas du tout n'importe quelle fille, bien que j'aurais adoré l'être. J'aurais donné n'importe quoi pour vivre une vie ordinaire, sans autant de problèmes.

J'aimerais, en regardant mon reflet, voir une simple femme, qui se recherche encore. Sans passé, sans secrets.

Tout a commencé lors de ma deuxième année de médecine, je venais de passer un cap difficile, celui de la PACES et du travail sans relâche, une vraie torture quoi. Je me « reposais » donc un peu sur mes lauriers.

Il y avait cette fille dans ma classe. C'est pas que je l'aime pas, loin de là, mais on est deux extrêmes elle et moi. Elle passe son temps à parler de mecs, make up, sappes et de (grosses) fesses.

J'en ai un peu marre de parler que de ça, j'aime bien m'informer, apprendre de nouvelles choses utiles dans la vie. Parce-que à ce que je sache, savoir qu'une certaine Maryam a un gros boule et qu'elle rembourre peut-être ses seins, ça va pas m'emmener loin.

Enfin bon, une fois le cours terminé, je l'invite pour aller manger quelque-chose. On se rend dans le Quick du coin et on se prend à manger.

Kayla: Faut absolutly que je me prenne les nouveaux lipstick de Kylie.

Moi: Ah ouais c'est de la bombe ceux-là.

Elle: Ouais en balle, ils sont magnifiques. Après faut avoir une belle bouche, mais Insh'Allah après les études tout ça, je me refait direct la bouche.

Moi: T'es sincère, lui demandais-je choquée.

Kayla: Ah euh nan, nan j'rigolais haha.

Elle avait l'air un peu gênée, mais bon, c'est son problème au pire. Kayla se remet à parler encore et encore, sauf que moi j'suis déjà en train de rêvasser comme d'habitude.