Partie 6

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C'était la première fois depuis longtemps que je me sentais un peu en sécurité. Il venait de me rassurer, mais j'avais toujours cette crainte, car je m'étais libérée d'un poids certes, mais je n'avais pas l'assurance que jamais je n'irai en prison.

Moi: S'ils apprennent ce que j'ai fais et qu'ils apprennent que t'es au courant, ils vont te considérer comme complice.

Lui: Je m'en bat les couilles, j'ai pas peur des condés !

Moi: C'est pas une raison Anouar, tu me connais pas assez pour te mettre en danger pour moi.

Lui: Ta bouche Faïza, tu es énervante le coran tu montes à la tête !

Il sort une cigarette, l'allume et s'éloigne pour la fumer.

Moi: Tu fumes depuis longtemps ?

Lui: Ouais ça doit faire 2 ans, un truc comme ça. Pourquoi ?

Moi: Parce-que...

Lui: Développes, je sais que t'en meurs d'envie.

Moi: T'es en train de te suicider en quelques sortes.

Lui: *rire nerveux* Du suicide, pourquoi tu dis de la merde ?

Moi: Quelle merde ? Tu sais que c'est mortel, mais tu fumes quand même. C'est du suicide en gros.

Lui: C'est un truc de médecin ça ?

Moi: Pas du tout, c'est moi qui pense ça. Certains médecins fument tu sais.

Il tire une tafe de sa cigarette, lève la tête vers le ciel et la rejette.

Lui: Pourquoi t'as voulu faire médecin ?

Moi: Parce-que depuis petite, j'ai toujours rêvé de sauver des vies, dis-je alors que mes yeux s'emplissent de larmes.

Lui: Y'a une raison, nan ?

Moi: Quand j'étais petite, ma grand mère avait un cancer de la peau qui avait été dépisté trop tard. Elle avait encore des chances de survie, mais personne ne voulait la soigner parce-que les médecins des pays du Maghreb sont trop incompétents. Mes parents ont entamé une procédure pour la ramener en france, mais sans succès. Je voyais sa santé se détériorer sans pouvoir rien faire. Quand elle est morte, elle a énormément souffert, elle n'est pas morte de vieillesse malheureusement... Mais bon Allah y Rhmaha. J'ai envie de pouvoir sauver des vies, même si les gens n'ont pas assez d'argent, j'aimerais pouvoir les aider.

Il me regarde en souriant légèrement, puis jette sa cigarette avant de s'approcher. Il vient s'assoir à côté de moi et m'ébouriffe les cheveux. Ce geste qui peut paraître très banal, m'a fait ressentir pleins de choses en même temps. J'avais enfin la sensation que quelqu'un était là pour moi.

En fait c'est plutôt le fait qu'il sache ce que j'ai fais et qu'il ne me blâme pas, qui me rassurait. J'avais la certitude qu'il fuirait en sachant ce que j'avais fais, mais au contraire, il comprend que c'est de la légitime défense et promet de m'aider dans les moments les plus difficiles.

[...]

Kayla: C'est bientôt la fin de l'année.

Moi: Hmm déjà, ça passe super vite.

Trois longues semaines sont passées depuis le soir où Anouar a tout appris. Je ne l'ai plus revu depuis, c'est comme s'il me fuyait finalement. Mais il ne m'a jamais promis qu'il me parlerait souvent, donc je n'ai pas à en lui vouloir.

Les fins heureuses n'existent pas [1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant