Apparence trompeuse

Chapitre 2

Je suis arrivée dans cette nouvelle chambre qui sera la mienne pendant une année entière, voire plus.

La pièce est assez modeste. Enfin, sans faire la fille pourrie gâtée, elle doit bien faire la moitié de ma propre chambre. Bref, passons se léger détail. Face à la porte, contre le mur de droite, se trouve un lit simple qui sera le mien. À côté y est installé une table de chevet puis, un bureau en angle, assez grand pour y contenir deux personnes, apparemment. En haut du bureau, de mon côté, on y trouve la seule et unique fenêtre de la chambre. À la gauche de l'entrée se trouve un second lit avec sa table de chevet. Et, une armoire, la seule et l'unique encore une fois, y est installé à côté. Je ne sais pas comment toutes mes affaires ainsi que celles de ma future colocataire vont tenir là dedans. J'espère vivement que ce ne soit pas une accro à la mode comme moi. Dans ce cas là, nous aurons un sacré problème !

Mes parents m'ont aidés à emménager toutes mes affaires et sont repartis quelques heures après. C'est le coeur lourd que je les ai vu s'éloigner de moi. Je n'ai pas l'habitude de me séparer d'eux, donc cela me perturbe tout de même.

Je n'ai pas encore fait la rencontre de ma colocataire. J'espère tomber sur une personne agréable à vivre sinon l'année va être difficile.

Rafael m'a envoyé un message de soutien pour cette rentrée. Il m'a promis de me rendre visite cette après-midi, une fois son travail terminé. Il me manque déjà. Nous avons passés les deux mois d'été ensemble. Alors, ne plus le voir tous les jours va être long.

Si seulement il avait accepté de suivre des cours à l'université... Enfin, je ne peux pas l'y obliger.

Une fois toutes mes affaires rangés et mon lit fait, je décide de contacter Ella. Ella a quitté son poste d'infirmière au lycée de Kinston pour un poste d'infirmière à l'hôpital de Wilmington. Dès le réveil de Julien, elle a décidé de se rapprocher de lui et de travailler dans le service où il est affecté. Et, comme je suis partie du lycée, plus rien ne la retenait là-bas.

Quant à Adrian, il a également quitté le lycée. Il attendait, lui aussi, mon départ, pour quitter son poste. Il a décidé de partir étudier à l'université de New York. Cela était son plus grand rêve. Mon père a fait jouer ses contacts pour lui trouver un poste dans un bureau d'avocats et il a été admis en cours de droit pour effectuer ses études en alternance.

La vie sourit à tout le monde, désormais. Et, j'en suis très heureuse. Chacun, ou presque, trouve sa voie et construit son propre avenir.

- Bonjour ma puce ! Je pensais à toi justement... Ton arrivée à l'université s'est bien passée ? Tu as rencontré ta nouvelle coloc' ? Dit Ella à l'autre bout du fil.

- Salut Ella ! Oui, tout s'est bien passée, pour le moment. J'ai déjà rangé mes affaires. J'attends toujours ma coloc', qui, apparemment, n'est pas tellement pressée de venir. Ça m'angoisse un peu, je dois l'avouer.

- Ne t'en fais pas ! Je suis certaine que vous vous entendrez à merveille. Passe le bonjour aux filles et à Rafael quand tu les croiseras. Nous nous verrons sûrement à l'hôpital... Quand penses-tu passer ?

- Bien sûr ! Je ne sais pas encore, je verrais suivant mon temps libre. Comment va-t-il aujourd'hui ?

- Il va bien, rassure-toi ! Je veille sur lui...

- Je te fais confiance pour ça ! Embrasse le de ma part et dit lui que je serais à ses côtés dès que j'aurai un petit moment...

- Je lui dirais Nina ! Concentre-toi sur tes études. Donne-toi les moyens de réussir. Julien comprendra ton absence et il sera encore plus fière de toi si tu obtiens ton diplôme.

- Je sais... Je dois te laisser Ella. Je t'embrasse.

- D'accord, bisous ma puce et bon courage !

Ella quitte toujours tous pour nous suivre où que nous allions, Julien et moi. Elle nous prouve, tout le temps, qu'elle tient sincèrement à nous.

Depuis le jour où nous avons fêté l'anniversaire de Julien, son état va de mieux en mieux. Ce fameux jour où l'espoir est revenu en nous. Où mon coeur a relâché ce souffle que je retenais depuis son départ.

Pour le moment, il n'a toujours pas retrouvé l'usage de sa voix. Il ne bouge pas non plus. Il cligne simplement des yeux, ce qui nous prouve de son retour parmi nous. Le plus important est qu'il ne soit plus intubé et qu'il respire désormais sans aide. Cela est très encourageant pour les médecins. Et, pour nous, c'est plus facile à surmonter lorsque nous allons le voir. Mon cœur ne se serre plus à la vue de tous ces branchements à droite et à gauche. J'ai l'impression que, désormais, il ne souffre plus autant, même si cela n'est pas forcément vrai.

À cet instant, une personne frappe à la porte, m'extirpant instantanément de mes pensées.

Ma nouvelle colocataire doit certainement se tenir derrière cette porte.

Mon cœur s'accélère, tout comme mon angoisse grandit crescendo. Ma plus grande peur est de me retrouver avec une personne insupportable.

Je sais par avance que j'aurais dû mal à accorder ma confiance à cette nouvelle personne. Je n'aime pas me confier à des étrangers. Mais, il faut que je fasse un effort pour passer une bonne année ensemble et pour que la cohabitation soit plus agréable.

Je me lève précipitamment de mon lit pour accueillir cette personne le mieux qui soit. Mon sourire se forme sur mon visage, un sourire forcé je l'admet, mais il faut bien jouer le jeu !

- Bonjour...

Je reste figée face à la découverte de son visage. Plus aucun son ne sort de ma bouche et mon sourire s'efface instantanément devant la personne qui se tient face à moi. Mon enthousiasme redescend à la minute où elle franchit le seuil de la porte.

Je m'attendais à tout, sauf à ça !

Et, visiblement, elle ne s'attendait pas non plus à me découvrir derrière cette porte. Nous restons quelques instants à nous dévisager de haut en bas, sans réagir.

Finalement, cette nouvelle année ne commence pas aussi bien que je l'avais prédit. Je ne vais pas pouvoir partager cette chambre à ces côtés. Cela est hors de question !

- Bonjour Nina ! Dit-elle en reprenant ces esprits et en arborant l'un de ses sourire narquois et hypocrite.