1- réveil dans l'inconnu

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Tout était calme dans la vaste pièce. L'aube était passée depuis plusieurs heures, et les rayons du soleil traversaient les grandes fenêtres de la salle. Dehors, les oiseaux chantaient une mélodie douce, suave. Les grands arbres du jardin balançaient leurs branches devant les carreaux de la fenêtre, l'ombre jouant avec la lumière dans la salle.

Dans le grand lit au centre de la pièce, un jeune homme dormait paisiblement. Son visage rond, un peu allongé, était caché par de grandes mèches de cheveux blond doré; il aurait pu être beau, si de grosses lunettes ne lui cachait pas son visage encore juvénile. Les multiples couvertures du lit laissaient apercevoir une silhouette allongée et fine. Tout était calme, paisible et serein. Soudain, une femme entra dans la salle avec fureur. Elle s'approcha du lit avec un pas décidé.

« Malvor, peut-tu m'expliquer cette lettre que j'ai trouvé sur ma commode en me réveillant ? »

Le jeune homme ne répondait pas, enfoui dans un profond sommeil. La femme, n'entendant pas de réponse, s'énerva plus encore et enleva d'un coup sec toutes les couvertures du lit. C'est avec horreur qu'elle découvrit un homme qu'elle n'en connaissait pas. Elle cria la garde, appelant Malvor de tous les côtés et secouant le jeune homme pour le questionner. Quand il se réveilla, trois hommes vêtus de noir l'attrapèrent solidement et l'emmenèrent hors de la salle. Ne comprenant pas ce qu'il ce passait, il se débattait et criait qu'on le relâche, mais en vain. La femme, en pleurs, ordonna de l'emmener au cachot. Elle tenait une lettre dans la main.

Les grandes et lourdes portes se fermèrent après cette image. Le jeune blond se débattait avec fureur, mais les quatre gardes tenaient fermement le pauvre homme. Ils arpentèrent d'abord un magnifique couloir, tapissés de représentations de guerres, de chasses, de moments de la vie comme le mariage ou simplement de la journée comme le lever. Le tapis rouge posé au milieu du couloir assourdissait les pas des gardes, lourds et bruyants. Ils passèrent dans beaucoup de couloirs, aussi scintillants les uns que les autres. Puis ils empruntèrent un escalier en colimaçon, étroit et non-décoré. L'atmosphère se dégageant de cet endroit était froid et lugubre. Ils arrivèrent dans une salle remplie de cellules, toues vides.

Les hommes en noir jetèrent le jeune homme dans une cellule ridiculement petite et miteuse. Dans le choc, les lunettes que portait le jeune blond se brisèrent. Il les enleva, les jetant sur le mur, puis il s'agrippa aux barreaux et essaya de trouver quelqu'un qui pouvait le sortir de cette situation qu'il ne comprenait pas. Il ne se souvenait pas comment il s'était retrouvé dans cette pièce et remarqua qu'il ne savait même pas son nom. Tout était flou, brouillé. Après s'être calmé, il regarda autour de lui: il se trouvait dans un cachot vide, avec pour seul mobilier un lit fabriqué avec une planche de bois et des chaines l'accrochant au mur. Le reste de l'espace était de la taille d'une table de cuisine. De l'eau suintait des murs, et coulait sur le lit qui commençait à pourrir. Des rats se faufilèrent dans la cellule, et le jeune homme sauta sur le lit en criant. Il était terrifié par cet endroit. Il mit cette fois-ci du temps à se calmer, et dut respirer fortement et bruyamment. Une fois calmé, il remarqua qu'il était au niveau d'une minuscule fenêtre fermée par des barreaux. Le paysage que l'on pouvait y voir était magnifique: du donjon où il était, il pouvait voir en contrebas un village médiéval qui entourait un château fort. Après le hameau, les champs dorés par le soleil s'étendaient sur des kilomètres, entrecoupés par des chemins, tous partant vers une immense forêt qui allait jusqu'à l'horizon. Ce paysage faisait penser au jeune blond le Moyen-âge. Mais comment cela se faisait-il? Il ne savait même pas ce que cela était.

Il resta pendant plusieurs jours dans la cellule, chacun semblant plus longs que les autres. Il ne voyait personne, seulement les gardes qui lui apportaient deux fois par jour un sorte de bouillie et un verre d'eau. Sa seule occupation était de regarder vivre des centaines de gens à travers la fenêtre. Il s'imaginait arpenter les rues de la ville en contrebas, parlant avec les marchands, travailler pour vivre dans les champs, dormir aux côtés d'une famille aimante. Il s'était habitué aux rats, et il se surprit même à parler avec eux. Il faut dire que sa solitude était grande... Autant dire que quand il reçut de la visite pour la première fois, il fut très surpris. Il fut même horrifié car celle-ci fut effectuée par la dame qui l'avait surpris en train de dormir. Elle s'arrêta devant les barreaux de la prison, et se racla la gorge, pour attirer l'attention du prisonnier. Quand celui-ci tourna la tête de la fenêtre, il eut un mouvement de recul. Il revit exactement le même visage que dans la chambre, un visage long et fatigué. Mais que faisait cette femme ici? Et qui était-elle, si bien vêtue avec une robe aubergine? Qui était donc cette femme qui habitait dans un château si immense? Qui était donc cette femme qui pouvait appeler une garnison entière, seulement pour arrêter un homme désarmé? Il resta immobile, glacé par la peur. Il se colla au mur, froid et humide pour être le plus loin possible de cet être, qui lui paraissait malveillant. Elle, resta de marbre. Elle ne bougea pas, le fixant longuement et intensément. Plusieurs minutes s'écoulèrent ainsi, sans qu'il ne se passe rien. Puis la femme brisa le silence lourd qui pesait depuis son arrivée.

« Qui es-tu? »


Le conte des hérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant