21- Arl

27 2 0
                                    

Arl a toujours été passionné par la vie : comment elle commençait, comment elle finissait... Mais surtout, il aimait beaucoup le combat. Il avait donc choisi de rentrer dans la plus prestigieuse des casernes de formation, malgré le désaccord de ses parents et son manque d'argent pour payer l'entrée. Il avait donc travaillé durant deux années entières sans relâche pour poursuivre son rêve. Quand enfin il avait amassé assez de sous, il était rentré dans la prestigieuse école. Là, il avait appris l'art du combat, le maniement de multiples armes et les stratégies de guerre. C'est aussi durant cette période qu'il était tombé amoureux d'une magnifique jeune femme nommée Lubé. Celle-ci lui avait rendue son amour presque aussitôt car Arl était plutôt bel homme : il était brun avec les yeux marron mais ses traits faisaient penser à un homme encore dans la jeunesse la plus innocente. Aussi, quand Arl avait appris que l'armée venait dans son école pour recruter des hommes, il avait tout donné pour pouvoir enfin vivre son rêve et fonder une vraie famille. Le jour où le général en chef du sorcier était venu, il avait étalé tout son savoir et sa maitrise des armes. Salué à l'unanimité, il fut enrôlé en tant que soldat en essai. On l'avait placé dans un barrage sur le fleuve, un endroit supposé tranquille et où personne ne passait. Il avait pensé à ce moment-là que la vie serait belle, entouré de sa femme qui était tombée enceinte et le travail de ses rêves. Cependant, il a fallu qu'un jour, Adana et quelques uns de ses partisans soient dans un bateau qu'ils arrêtèrent. Il était d'abord monté sur le pont, puis un homme qui se disait être le propriétaire lui avait dit qu'il avait enfermé Adana dans sa cabine. Il avait d'abord pensé à l'incroyable récompense qu'il recevrait avec cette capture, et s'était précipité dans la cabine du prénommé Adir. Au premier regard, il n'avait rien remarqué, mais avait commencé à chercher dans toutes les cachettes possibles. Il fut prit au dépourvu quand il avait soulevé un coffre et qu'il avait reçu un vase dans le visage. Il n'avait rien pu faire que son attaquant l'avait déjà assommé. Il apprit plus tard qu'Adana et une autre personne s'étaient échappés par le balcon. On jeta naturellement la faute sur lui, et dut annoncer la nouvelle à la sœur de monsieur. A présent, il se trouvait dans une salle, la salle du trône et attendait à genou la reine Alda. Il attendit longtemps, presque une heure avant d'entendre des bruits de pas lointains ; des bruits de talons. Ils étaient lents et espacés, comme si la personne qui les produisait avait un malin plaisir de faire durer ce moment atroce plus longtemps qu'il ne devait l'être. Les bruits se rapprochaient, de plus en plus, de moins en moins, il ne le savait. Ils semblaient tellement loin... Puis soudain, la reine Alda passa sur sa droite. Il sursauta tellement il fut surpris. Puis, sans hésiter plus longtemps, il colla sa tête au sol et attendit qu'Alda lui dise de se relever. Au lieu de cela, elle s'assit simplement sur le gros siège doré qui servait de trône et attendit. Longtemps. Quand enfin elle se décida à briser le silence, la peur d'Arl fut loin de redescendre.

« Alors comme ça, Adana et ses sujets vous ont glissés des doigts ?

Oui madame.

Etes-vous satisfait de votre personne ?

Non, madame.

Comment cela s'est-il passé, pouvez-vous m'expliquer ?

Une personne, un homme, m'a assommé avec un vase, madame.

Et pensez-vous que cela est votre faute ?

Je ne le pense pas, j'en suis sûr, madame. »

Le général qui s'occupait du barrage lui avait formellement interdit de rejeter la faute sur qui que ce soit. Il avait peut-être peur pour lui, et ne se préoccupait pas de ses novices. De plus, il n'en avait pas l'intention. Il avait fait une faute dans son métier et l'assumait. Même si sa peur ne désemplissait pas en présence de la reine. Celle-ci changea d'ailleurs de sujet.

« Voyez-vous ce château ? C'est celui de mon frère ; mais il s'est absenté, et je suis dans l'obligation de gérer toutes les affaires du royaume. Après l'attaque de la défense il y a quelques temps, cette salle pourtant si belle, était détruite. J'ai dû la reconstruire avec le peu de pouvoir que j'ai. D'ailleurs je viens d'apprendre un nouveau tour, tout à fait sensationnel. Je l'ai tiré du grimoire de mon frère. »

Arl frémit. Ce grimoire était réputé pour contenir tous les pires mauvais sorts qui existaient. Le « tour » qu'elle avait appris devait être prodigieusement horrible.

« Voulez-vous que je vous le montre ?

Comme il vous plaira, madame. »

Arl savait que cette réponse pouvait lui coûter la vie, mais il ne pouvait contredire une reine. Celle-ci parut contente de la réponse de son « invité ». Elle s'approcha d'un des gardes près d'Arl et mit ses mains sur son torse. Aussitôt, une sorte de fumée noire sortit de ses paumes, enveloppant tout le garde, qui n'avait rien pu dire. La fumée forma une tornade, qui tourbillonna sur elle-même. Soudain, elle disparut, laissant place à un petit cochon rose. Celui-ci s'enfuit vers un couloir, en poussant des grognements étranges.

« J'ai toujours aimé les cochons. Surtout quand ils sont cuits à la broche, transpercés par une lame de fer, dit Alda en riant. Garde, qu'on l'amène en cuisines ! »

Arl était tout simplement choqué par l'évènement qui venait de se passer. Il n'en revenait pas. Comment autant de méchanceté pouvait être contenue dans une seule et même personne ?

« Maintenant, pars. Et tache de ramener cette Adana et tous ceux qui l'accompagnent. »

Arl souffla, heureux que cette entrevue se soit bien passé. Il se leva après un dernier toucher de sol et commença à partir vers le couloir.

« Attendez! J'ai oublié le plus important. »

Il fut contraint d'aller jusqu'au trône pour s'agenouiller devant la reine.

« Figure-toi que j'ai totalement oublié de te punir pour la faute grave que tu as faite. En fait, j'aimerai bien essayer un sort que j'ai appris, mais je ne sais pas sur qui... Toi, peut-être...

Ma... »

Il ne put parler. La reine s'était déplacée comme par magie et avait mit sa main sur sa bouche.

Chhhhhht. Tu ne sentiras rien, rassure-toi. Tout ce que tu feras, ce sera d'exécuter les ordres que je t'ordonnerai de faire. Maintenant, je vais réciter une formule ; ne parle pas, j'ai besoin de me concentrer. Yacta... »

Une larme coula sur la joue d'Arl. Il ne connaitrait jamais son enfant, ni le bonheur qu'il avait espéré.

« Domora... »

Il fit une prière pour que sa famille survive à cette guerre, que sa femme soit heureuse malgré son absence.

« Est com Iest... »

Il pensa à tout le bonheur qu'il n'aurait pas, la ferme qu'il rêvait de construire.

« e Gomora... »

La goutte qui coulait sur sa joue quitta le menton, et alla s'écraser au sol. La dernière pensée d'Arl fut pour sa famille, un dernier souvenir. Il ferma les yeux, les joues inondées de larmes.

« Dest ! »

Le conte des hérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant