13- Nirry et le camp

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Plusieurs jours avaient passés depuis cette entrevue avec Adana et Drinn. Léopold avait raconté tout ce qu'il savait, tout ce qu'Alda lui avait dit de compromettant. Il fut surpris de constater qu'il ne s'agissait que de maigres ressources, et Drinn l'avait aussi remarqué. Il lui cria de multiples insultes, lui disant que tous les efforts qu'ils avaient effectués pour le sortir de la prison avaient été vains. Grisé par la colère, il était parti, arrachant presque le pant de tissus qui faisait office de porte. Adana avait tenté de le retenir mais sans aucun résultat. Elle s'était excusée auprès de Léopold sur le comportement de son ami, puis s'était lancée à sa poursuite. Léo s'était retrouvé seul, avec Uldiv qui avait essayé tant bien que mal de lui remonter le moral. Mais cela n'avait servi à rien ; ils savaient tous-deux que les dires de Drinn étaient vrais.

Depuis ce moment, Léopold s'était enfermé dans une tente qu'on lui avait attribuée. Il se sentait mal par rapport à ce que Drinn avait dit. D'ailleurs, il se cachait pour éviter de croiser celui-ci car il avait peur qu'il le ridiculise devant toute la population de ce camp de fortune, ou même de le blesser en le poussant dans la boue. D'ailleurs, il pensait que Drinn était intervenu dans le choix de la tente, puisque celle de Léo était uniquement meublée d'un lit à même le sol composé d'un tas de paille. Mais peu lui importait ; c'était tout ce qu'il méritait après tout... Il voulait tellement aider dans cette cause dans laquelle il s'était plus ou moins engagé.

Une personne mima le son d'un frappage de porte et sans que Léopold ne puisse dire quoi que ce soit, elle passa la tête. Il s'agissait d'un jeune garçon aux cheveux châtain clair et aux yeux marron cannelle. Il ressemblait beaucoup à Rydon, son compagnon de lit quand il était à l'infirmerie. Léo se leva et s'approcha du jeune garçon, qui ne tarda pas à se présenter.

« Bonjour, je m'appelle Nirry et je suis envoyé par la chef Adana pour te faire visiter le camp. Je t'attends dehors. »

Il sortit sans que Léo ne puisse répondre. Se sentant forcé de suivre ce jeune Nirry, il sortit contre son plein gré. Celui-ci était assis sur un tronc d'arbre non loin de la tente. En voyant Léopold, il sauta à pieds joints au sol et rejoignit son touriste d'une journée. Il partit vers les champs non loin de leur position, et se planta devant une des barrières qui les bordaient.

« Ici, ce sont les champs de patate. Ce sont en quelque sorte notre garde-manger, car le sorcier a arrêté tous les commerces dans cette partie du royaume. Il ne voulait sans doute pas qu'on se ravitaille. »

Il partit en courant en longeant les barrières. Ce n'était que trois bouts de bois assemblés, mais cela délimitait assez bien les champs, qui n'était pas visible sans celle-ci : dans la continuité de la forêt, les herbes poussaient follement entre les plans de pomme de terre, tel un jardin mal entretenu.

Léopold dut courir pour ne pas perdre l'enfant de vue. Il allait tellement vite ! Quand il rejoignit son guide tout essoufflé, Nirry attendait patiemment près d'un enclos où quelques cochons pleins de boue dévoraient salement quelques légumes qui trainaient.

« Ca, ce sont des trophées de fête. C'est comme cela que mon père les appelle. Ils sont surnommés de la sorte car on ne les mange qu'en tant de victoire. C'est-à-dire en ce moment, très peu. Maintenant, nous allons voir le centre du camp, là où tout ce qui est important est concentré. »

Il continua sa course vers les tentes. Malgré quelques tentatives pour faire ralentir son guide, Léopold dut entamer une seconde fois une course après Nirry. Ils passèrent entre des tentes plus ou moins grandes qui devaient être purement résidentielles. Des fils étaient étendus entre celles-ci, du linge étendu dessus pour sécher. Des femmes, des enfants, des hommes discutaient dans les ruelles crées entre les tentes. Tous regardèrent en le dévisageant Léo. Ne cherchant pas à savoir pourquoi, le principal concerné voulait avant tout ne pas être distancé par son guide. Quand enfin celui-ci s'arrêta, Léopold croyait défaillir. Il était si essoufflé ! Il arriva près de Nirry, et se plia en deux, les mains sur les genoux, pour reprendre son souffle. Le petit garçon ne semblait pas remarquer l'état de son camarade. Il continua sa visite.

« Comme je te l'ai dit, ici c'est le centre du camp. C'est là où on trouve la tente des stratèges, les quartiers des chefs, les cabanes de forgerons et le boulanger. Ces deux dernières sont les seules habitations qui sont construites en dur, avec du bois. Les tentes n'étaient pas pratiques pour travailler... Heureusement, je t'ai gardé le meilleur pour la fin. Viens, suis-moi. »

Cette fois-ci, il ne courut pas. Peut-être que finalement, il avait remarqué que Léopold n'était pas un sportif... Ils marchèrent plus longtemps que d'habitude. Ils allaient entre les tentes, suivant un chemin mieux tracé et plus large que les autres. Cela devait être un endroit important pour être si bien relié au cœur du village... Ils débouchèrent sur une clairière remplie d'hommes. Tous, sans exception, se battaient contre un pantin de bois ou contre un adversaire en chair et en os. C'était les troupes de la défense qui s'entrainaient. C'était la caserne des combattants. Nirry s'affala contre une barrière qui bordait ce lieu et plaça sa tête entre ses bras croisés.

« C'est le dernier endroit important de ce camp. Plus tard, je voudrais être à leur place. C'est mon rêve.

- Tu veux devenir chevalier ?

- Oui, je veux défendre ceux que j'aime ; et je pense que c'est la meilleure solution pour ça. »

Léopold regardait cet enfant avec beaucoup de sympathie. Comme il était altruiste ! Faire passer les intérêts des autres avant les siens ! Compte tenu de son âge, cela laissait deviner une grande personne. Pendant qu'ils étaient là, tous les deux cote-à-cote, Léo en profita pour en apprendre plus sur cet enfant. Il commença par une question qui lui brulait les lèvres.

« Dis-moi Nirry, aurais-tu un frère ?

- Oui, il combat dans les troupes de la défense. D'ailleurs, je le voie là-bas ! »

Il montra un jeune homme qui était accoudé à une barrière un peu plus loin. Il avait un bras dans le plâtre. Léopold reconnut immédiatement Rydon, son camarade d'infirmerie.

« C'est le plus fort de tous les soldats ! Il a fait l'école des chevaliers, mais a préféré se tourner vers la cause d'Adana. C'est un de ses plus grands amis, tu le savais ? Ils ont passé la majeure partie de leur enfance ensemble...

- Je l'ai déjà rencontré... Nous étions à coté à l'infirmerie.

- Je veux être comme lui plus tard. C'est la personne la plus talentueuse et la plus appréciable que je connais... »

Ils restèrent un long moment à regarder les soldats s'entrainer. Léopold était de plus en plus surpris par ce qu'il découvrait dans ce camp. Et cela n'était pas près de s'arrêter.

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Bonjour bonjour !!

Nouveau chapitre qui fait découvrir un peu le camp... Désolé, il n'a pas vraiment de rapport avec l'histoire... Mais le prochain, promis, ce sera le cas... Je me défilerai pas !!

Je voulais faire ce chapitre pour vous présenter un peu d'autres personnages qui interviendrons plus tard (je n'en dirai pas plus, dsl)

au fait, il y a eut un changement dans le chapitre 9- l'infirmerie. J'ai changé un tout petit bout, car cela ne collait pas avec le chapitre 14 que j'écris en ce moment... Merci de votre compréhension... Pour ceux qui ne veulent pas relire, j'ai simplement changé le passage "Léopold arriva à voir lenom de cet ouvrage : « les contes qui enchantent notre monde » par "C'était une écriture qu'ilne connaissait pas ; peut-être du grec"... Voila, voila!!  

En tout cas, merci de lire mon histoire !! Raph

Le conte des hérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant