32- nouvelles

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Léo était assis sur un rondin de bois non loin de la maison de Rida. Les yeux fermés, il écoutait le paisible chant des oiseaux virevoltant entre les branches. Le soleil se couchait, et l'ombre des arbres s'étirait sur le sol. Les animaux, tous sortis de leur cachette, étaient partis en quête de nourriture, herbivores comme carnivores. Ainsi, des bruits, des grognements ou des cris s'élevaient de la clairière. La chasse était ouverte.

Il pensait à Rydon. Il s'était effondré sur le sol, inconscient. Cela faisait trois jours, et il n'était toujours pas réveillé. Il semble même enchainé à son sommeil troublé. Rida s'était approché de lui, l'avait scruté dans un calme exemplaire comparé à la panique d'Adana. Elle murmura ensuite quelques mots dans une langue étrangère, qui eut pour effet de calmer pour un temps la douleur incessante de Rydon. Léo avait alors compris qu'il s'agissait en fait d'une magicienne. Elle lui donna des potions et regarda la blessure au bras : simple griffure encore hier, celle-ci avait gonflé jusqu'à faire tripler le bras de volume.

« Que s'est-il passé ? Demanda Rida. »

Adana lui expliqua rapidement toute l'affaire, les yeux non détachables de Rydon. Rida réfléchit quelques instants, avant de répondre.

« Alda a sans doute utilisé des sorts de poison. Quand Arl a un contact direct avec quelque chose, celui-ci doit être touché d'une sorte de sortilège qui attaque l'être jusqu'à la mort. Heureusement que vous m'avez croisé dans ce village. Sinon, à l'heure qu'il est, vous seriez en train de creuser sa tombe. »

Ces paroles eurent l'effet d'une masse sur Léo. Alda, dans sa grande cruauté, était prête à tout pour parvenir à ses fins ; son ami aurait pu y succomber. Pour cela, il décida de venger Rydon de ce geste lâche qu'il ne méritait pas.

Ils restèrent une nuit chez Rida. Cependant, le lendemain, elle leur rappela le pourquoi de leur voyage : atteindre l'arbre à vœux pour sauver le monde. Malgré les contestations d'Adana, qui voulait rester auprès de Rydon, la magicienne ne voulut rien entendre. Rida leur promit de s'occuper de Rydon pendant son rétablissement. Les deux femmes commencèrent à se disputer. C'est à ce moment-là que Léo s'éclipsa.

Alors que celui-ci était sur le rondin, il entendit un bruit derrière lui. Il ouvrit les yeux et se tourna. Il vit alors Adana, s'approchant d'un pas lourd. Elle n'était ni en colère, ni contrariée ; seulement préoccupée. Elle s'assit à coté de Léo, se touchant les mèches de cheveux frénétiquement. Elle attendit un long moment avant de parler.

« Nous allons repartir. »

Léo fut alors abasourdi : elle qui ne revenait jamais sur sa décision, la voila qui se réservait et acceptait la vision de Rida. Il dut faire une étrange mine, puisqu'Adana lui expliqua.

« Nous devons trouver l'arbre à vœux. Si nous y parvenons tous les deux, nous pourrons faire deux vœux : pendant que le tien sera de sauver ce monde, le mien sera de sauver Rydon. »

Elle s'étrangla dans un sanglot. Elle ne pourrait pas retenir ses larmes très longtemps.

« Rida m'a dit que sa blessure était trop grave, trop imprégnée de magie noire. Sa magie ne peut pas le sauver... Il succombera dans une semaine au plus tard. Alors il faut que je fasse ce vœu. Pour lui. Pour... »

Elle se mit alors à pleurer. Sans pouvoir se retenir. Léo la prit dans ses bras, essaya de la consoler, mais en vain. Le flot de larmes était lancé, tel un torrent. Un torrent de tristesse, et de désespoir. A ce moment-là, Léo crut que la forêt s'était arrêtée de vivre. Plus un seul bruit, plus un seul mouvement n'était perceptible. Pour peu, Léo aurait cru que la forêt ressentait la tristesse d'Adana, qu'elle la vivait.

Le conte des hérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant