27- pendaison

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Tous les trois enfermés dans la même cellule, Adana, Rydon et Léopold attendaient impatiemment que leur dernière heure sonne. Après s'être fait attrapé par les geôliers, ils avaient été dépouillés de leurs affaires ; Léo avait donc perdu le dernier objet magique qui permettait de se téléporter. Rydon avait vu ses armes et son sac se faire enlever et Adana n'avait déjà rien. Ils s'étaient fait jeter dans une cellule ridiculement petite comme des sacs de pommes-de-terre. A présent, ne pouvant rien faire ; ils devaient donc attendre.

Pendant qu'Adana pestait en faisant les cents pas et que Rydon pensait genoux contre tête dans un coin, Léopold réfléchissait à un moyen de s'échapper : un trou dans le mur prenait trop de temps, un tunnel dans le sol ne marchait pas puisqu'ils étaient au deuxième étage, ronger les barreaux était impossible. Leur seule issue serait ce papier plié... A moins de prévenir le reste de la troupe. Ils n'y arriveraient jamais ! Ils étaient perdus !

Soudain, Léo sentit que quelque chose avait changé dans la cellule ; quelque chose ou quelqu'un. Il regarda autour de lui, sans rien voir d'anormal ; puis il remarqua sur un des barreaux de la fenêtre une petite boule jaune citron. Le minalsratch ! Léopold lui sauta dessus, le prit dans ses bras, le câlina tellement il était heureux de le retrouver, sous les yeux ahuris de ses amis. Il le caressa sur le crâne, et la petite bête lui rendit son amour par des frottements dans le cou. Adana s'approcha, rayonnante.

« Penses-tu que tu pourrais lui demander de nous ramener nos amis ?

- Non, j'ai mieux, répondit Léo qui avait remarqué qu'Adana ne connaissais pas l'existence du papier magique. Alors, petit minalsratch, pourrais-tu aller dans la salle des geôliers, aller dans ma sacoche et récupérer un petit papier plié ? »

La petite bête sembla comprendre puisqu'il s'envola dans la cour centrale. Vint ensuite quelques explications sur les objets magiques trouvés dans la sacoche. Quand Rydon eut fini, Adana se tourna vers son ami Léo, rouge de colère.

« Donc tu as préféré prendre le cheval plutôt que le téléporteur ?

- J'ai paniqué... Nous étions cernés, et je ne savais pas quoi faire.

- Nous serions peut-être dehors à l'heure qu'il est ! Nous pourrions être libres, afin de sauver le monde !

- Pardonne-moi de vouloir te libérer d'une prison ! Si ce que je récolte, ce n'est que de la colère et des jurons, je ne le ferai plus ! »

Adana se calma instantanément après ces paroles. Son ami avait raison, et elle ne devait pas lui reprocher son geste. Pendant que Léo pestait dans un coin, elle s'approcha et lui mit sa main sur l'épaule. Instantanément, son ami se raidit.

« Excuse-moi Léopold de t'avoir crié dessus. Je n'avais pas à le faire... Je suis très tendue à cause du poids que nous avons sur les épaules. Nous devons sauver le monde ! Alors quelques fois, toute la tension accumulée doit être expulsée. Mais il ne faut pas que ce soit sur toi ; tu fais déjà tellement pour mener cette mission à bien ! »

Léopold lui répondit par une embrassade sincère. Ce fut au tour d'Adana de se raidir ; personne ne lui donnait de l'amour comme cela ! C'était à la fois touchant et drôle. A ce moment-là, les trois amis entendirent des bruits de pas dans le couloir ; l'heure de l'exécution était arrivée. Adana et Léo desserrèrent leur étreinte, et ils se regardèrent avec anxiété. Soudain, pendant que les bruits de pas étaient plus proches que jamais, une forme jaune apparut sur un des barreaux de la prison : le minalsratch ! Il tenait de plus un bout de papier entre ses pattes. Adana eut à peine le temps de le lui arracher, de le cacher dans son dos et de lancer la pauvre bête à Léopold avant que six gardes apparaissent devant la porte. Le capitaine, qui se reconnaissait par la couleur de sa cape, parla d'une manière odieuse et froide pour leur annoncer non sans franchise qu'ils allaient mourir dans moins d'une heure. Il ouvrit la cellule et trois gardes passèrent les menottes aux prisonniers. Vint ensuite la descente dans la rue. Les gardes étaient très serrés les uns contre les autres, ne laissant aucun espace aux trois compères. Une fois arrivé dans la cour intérieure, Léopold remarqua qu'une colonne de prisonniers s'était formée, sans doute les autres condamnés. Ils furent forcés à se joindre à la queue, menacés par des lances. Le capitaine toussa pour attirer l'attention et attendit que la calme règne pour prendre la parole.

Le conte des hérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant