6- le moment parfait

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Léopold faisait les cents pas dans sa cellule. Il devait obligatoirement sortir de ce château. C'était sa première priorité. Mais comment ? Il devait à la fois tromper les gardes et Alda. Cette femme... Hier, son comportement était exécrable. Il ne savait pas ce qu'il s'était passé. En tout cas, elle ne lui inspirait plus aucune sympathie. Peu lui importait ce qui lui arrivait. Mais elle était puissante, et Léopold ne savait pas si cela avait été une bonne idée de se mettre contre elle.

Léopold réfléchit à la manière de tromper les gardes qui gardait le surveillait. Il se voyait les frapper avec une massue quand ils ouvraient la porte ; mais avec quelle massue ? Il n'en avait pas. Ensuite, il se voyait briser la fenêtre et escalader la paroi à l'aide d'une corde de drap. Mais quels draps ? Il n'avait presque rien dans sa maudite cellule... Seulement un lit, une commode vide, des serviettes, une chaise et une table... Pas de quoi s'échapper d'une prison surveillée par une dizaine de gardes. Il s'assit sur le lit, découragé. Il ne pouvait décidément pas sortir d'ici. Il devait attendre que le sorcier rentre, pour pouvoir enfin être libéré... ou tué.

Le soir vint lentement, si bien que léopold crut que cette journée n'avait pas de fin. Il passa sa journée à arpenter la pièce, ranger et dormir. Il ne s'était jamais autant ennuyé. Alda ne lui avait pas fait amener les livres, mais Léopold l'avait prédit. Cela s'était tellement mal passé la veille au soir qu'il s'attendait au pire.

La porte s'ouvrit délicatement. Une tête dépassa de l'entrebâillement que Léopold reconnu aussitôt : Uldiv. Il amenait le repas, comme tous les soirs. Etrangement, Léo n'avait jamais été aussi content de le voir qu'aujourd'hui. Il sauta du lit pour accueillir son ami. Celui-ci posa le repas composé d'une bouillie pâle et d'un fruit pourri.

« Eh bien ! Je ne sais pas ce que tu lui as fait à Madame Alda, mais cela a du la froisser énormément pour te faire servir un tel repas...

Tu es au courant pour hier soir ? fit remarquer Léo un peu gêné.

Bien sur ! Tout le monde en parle au château ! »

Uldiv lui raconta comment la nouvelle s'était vite répandue dans le palais. Les cuisinières s'étaient moquées d'Alda pendant que les gardes et les femmes de chambre avaient discutés discrètement de la sœur de monsieur. Cependant, Alda fut au courant de ces plaisanteries cachées et ordonna à tout le monde de ne plus en parler, sous peine de sanctions graves. Elle avait aussi émis de ne pas parler de la personne avec qui elle était, mais ne dit pas pourquoi.

« Pourquoi ne veut-elle pas parler de moi ? Parce que je l'ai outré ? Mais l'incident d'hier était mineur !

Il semblerait qu'elle veuille que personne ne sache qui tu es. Quand j'ai discuté avec des amis aux cuisines, personne ne savait qui tu étais.

C'est étrange. Suis-je une si grande menace ?

Pourquoi serais-tu une menace pour elle ? Même pour son frère !

Je ne sais pas, mais elle m'a dit pendant le repas qu'elle suivait les ordres de son frère, qui consistaient à que je ne sorte pas de ma cellule. »

Il lui raconta sans oublier un détail l'entrevue. Uldiv écoutait attentivement, sans parler. Cependant, quand Léo lui dit que Malvor n'était pas au château, il se leva et poussa un cri de joie.

« Malvor n'est pas au château ?

Il semblerait que je t'ai dit des choses que je ne devais pas dire... remarqua Léopold en se rendant compte de son incommensurable erreur. Uldiv, il faut que tu sache que...

C'est le moment parfait !

Uldiv, attends ! C'est une information que j'avais promis de ne pas révéler !

Ne t'inquiète pas, je ne vais le dire à personne dans le château. Tu peux me faire confiance. Merci, merci beaucoup Léopold ! »

Et il partit sans que Léo ne puisse dire quoique ce soit. 

Le conte des hérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant