37- retour au château

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Le soleil se couchait sur une journée morne et triste. Le brouillard, omniprésent sur tout le territoire depuis la majeure partie de la journée, enveloppait les arbres, les habitations, les vies, les transformant en ombres morbides et sombres. C'est dans cette atmosphère lugubre que se déplaçait le long cortège, qui transportait le jeune Léo et Rix.

Après l'incident dans l'auberge de Moonhil, des recherches avaient été menées pour retrouver Adana, afin de la rendre à la reine Alda. Léo espérait au fond de lui qu'elle ne soit pas retrouvée, car il ne voulait pas lui faire face même un seul instant ; il avait trop peur de devoir lui expliquer son choix, et il n'était pas sûr qu'il supporterait. Que lui aurait-il dit ? Heureusement, son vœu fut exaucé : après des jours et des jours de recherche, Adana était introuvable, et Léo qui passait chaque instant à craindre d'être attaqué par son ancienne amie put quitter la ville de Moonhil pour le château royal. Alda avait exigé qu'un cortège de cuisiniers, de servantes et d'esclaves soit mis à sa disposition, afin que le voyage soit des plus agréables. Il était donc parti un matin brumeux, laissant derrière lui cette ville traitresse et assassine.

***

Son arrivée au château fut des plus joyeuses : malgré le mauvais temps, des villageois avaient décoré la place centrale du palais de fleurs, de guirlandes, de fontaines et de multiples tables de buffet garnis par des mets des plus succulents ; des enfants chantaient un air joyeux et entrainant, et plusieurs couples dansaient en tournoyant. Pour peu, on aurait pu croire à une fête nationale. Cependant, Léo n'y prêtait pas attention : il était si triste et rongé par des remords d'avoir trahi son amie. Dans sa colère, il n'avait vu que ce geste qu'Adana avait fait bien des années auparavant ; aussi, les villageois se donnaient du mal pour rien. Pour se consoler, il se disait qu'il avait fait le bon choix, et que des milliers de vies étaient sauvées, grâce à lui.

Le cortège s'arrêta devant un grand escalier menant à une lourde porte en bois. Des trompettistes soufflaient une centaine de notes, alignés en deux rangs de chaque cotés de l'escalier. En haut de celui-ci, une silhouette féminine verte canard attendait. Léo sortit de son carrosse, dont la porte s'était ouverte comme par magie. La silhouette, que Léo nommait Alda, leva les bras.

« Soyez le bienvenu, très cher ! Vous êtes l'invité d'honneur du royaume jusqu'à votre départ ! »

Les villageois sautèrent de joie, envoyant leurs coiffes dans les airs. Léo monta les marches, surpris : personne n'avait été aussi content de le voir depuis longtemps. Il ne se le rappelait même plus, à vrai dire. Soudain, un mot sembla lui sauter aux yeux. « Hlin ». Ce mot ne signifiait rien pour lui. Pourtant, c'était un souvenir qui remontait en lui. Hlin, Hlin... Une voix le sortit de ses pensées.

« Tout va bien ? »

Alda se tenait devant lui, sur une marche supérieure. Perdu dans ses pensées, il s'était arrêté dans l'escalier.

« Je suis très contente de te revoir, Léo ! La dernière fois que nous nous sommes vus, j'ai laissé une tension très regrettable entre nous.

- Vous vouliez m'enfermer dans une pièce exigüe jusqu'au retour de votre frère.

- Je le sais, et je m'en veux beaucoup, si vous saviez ! Cependant, aujourd'hui, je vous traiterai comme un roi ! Suivez-moi ! »

Ils entrèrent dans un grand hall, tout décoré de blanc, des murs aux meubles. Un long escalier se trouvait devant eux, et Léo suivit Alda qui s'engageait déjà sur les premières marches. Ils tournèrent ensuite pour aller dans un long couloir, où de magnifiques portraits et miroirs étaient accrochés. La reine emprunta un dédale de couloirs, avec une facilité déconcertante. Elle le mena jusqu'à une porte bien plus travaillée et ornée que les autres : des serpents de bois s'entrelaçaient, formant ainsi des objets ou des animaux. Alda poussa la porte, et laissa entrer Léo.

Le conte des hérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant