14- Caproh

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Léopold faisait les cents pas dans sa minuscule tente. Il cherchait un moyen d'intervenir dans la reconquête du royaume. Mais comment ? Il resta plusieurs dizaines de minutes à trouver une idée, mais rien ne vint. Il décida alors de sortir pour marcher hors de cette ridicule habitation. Il sortit et commença à marcher vers le centre d'entrainement. Il avait pris l'habitude, après la visite de Nirry, de venir admirer cet art du combat. De plus, cela lui donnait une occasion de voir son guide d'un jour, qui commençait tout juste à s'entrainer. Nirry lui avait dit avant de le quitter qu'il commençait à s'entrainer car la limite d'âge avait encore baissé. Léo avait été scandalisé. Nirry avait près de dix ans ! Pourquoi faire battre des enfants ? Son guide avait ajouté que Drinn avait insisté pour que les rangs s'agrandissent, car ils manquaient de troupes. Adana avait été furieuse en apprenant cela.

Léo regardait le jeune garçon qui écoutait son instructeur. Il portait un casque deux fois trop grand pour lui et une veste en cuir, qui faisait office d'armure. Il trainait une grosse épée de bois, sans doute très lourde et un petit bouclier. Quand son instructeur eut finit de dire ce qu'ils devaient faire, ils se placèrent deux par deux, l'un en face de l'autre. Leur maitre donna un signal, et ils commencèrent à se battre. Nirry, qui devait se battre contre un adolescent qui faisait deux fois sa taille, n'eut pas le temps d'attaquer qu'il se trouvait déjà à terre. Son adversaire le frappa sauvagement, à plusieurs reprises. Le pauvre enfant criait qu'il arrête, en vain. Il fallut attendre la venue de Rydon pour que l'entrainement cesse. Lui, qui se contentait jusque-là de regarder son jeune frère se battre, avait dû détester ce qu'il voyait, et voulant protéger Nirry, il était intervenu. Tous les deux partirent vers les tentes, les autres garçons se moquant de leur camarade.

Léo les suivirent du regard, jusqu'à ce qu'ils disparaissent entre les tentes. Il se mit à marcher vers le centre du village. Il flânait entre les tentes, regardant la vie se développer autour de lui. Soudain, il vit Adana en grande discussion avec un stratège. Il essaya de passer à coté d'elle le plus discrètement possible, mais à sa vue, Adana accourut vers lui. Ne pouvant se défiler, il parla avec elle.

« Bonjour Léopold ! Je te cherchais justement ! Comment as-tu trouvé la visite de la semaine dernière ?

- Elle s'est très bien passée ! J'ai rencontré Nirry, qui est un petit garçon formidable.

- Je suis contente d'entendre cela... Il ressemble tellement à son frère ! Mais je m'égare. J'ai cru comprendre que tu aimais lire. Je connais un libraire qui nous a rejoints il y a peu de temps. Il a gardé près de lui une grande partie de sa collection. Que dirais-tu de lui rendre visite ?

- Bien sur ! Je te remercie beaucoup ! »

Après avoir mémorisé l'emplacement de sa tente, Léopold partit tout guilleret vers celle-ci. Il allait enfin pouvoir s'occuper ! Il marcha longtemps, cherchant une tente foncée. Adana lui avait précisé qu'il s'agissait de la seule tente marron foncé, les autres étant beiges. Il chercha longtemps, perdu dans ce labyrinthe d'habitations. Quand enfin il la vit, solitaire car un peu à l'écart des autres, il accourut presque vers elle. Cela faisait presque une heure qu'il la cherchait ! Un vieil homme était assis sur une chaise en bois brut devant l'entrée de celle-ci. Il lisait un livre assez épais, dont les pages étaient jaunies par le temps. A peine Léopold s'était-il approché que l'homme leva la tête et sourit au jeune homme.

« Bonjour Léopold ! Adana m'avait prévenu que tu viendrais. Je m'appelle Caproh et je suis libraire. »

Adana parlait décidément beaucoup de Léopold. Sans qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, le vieil homme se leva et s'enfonça dans sa tente.

« Je présume que tu es venu chercher quelques livres pour t'occuper. Suis-moi, viens choisir ceux qui t'intéressent le plus. »

Léopold s'engouffra dans la tente et y découvrit un monde unique. Il y avait des livres de tous les cotés, dans tous les recoins : sous le lit de bois, sous et sur la table... Léo s'approcha de la table, regarda les ouvrages. Ils étaient tous écrits dans une langue que Léo ne connaissait pas. L'écriture ressemblait beaucoup au grec ancien, bien qu'il y eut des similitudes avec l'hébraïque. Il chercha dans tous endroits de la tente un livre écrit dans sa langue, en vain. Finalement, il s'approcha d'une malle remplie à ras bord d'ouvrages. Il chercha profondément dans celle-ci, jusqu'à découvrir un livre, avec une couverture en vieux cuir brun. Léo le prit et lut le titre : « les contes et les légendes de ce monde ». Enfin un livre qu'il comprenait !

« Je vais prendre celui-ci. »

- Vraiment ? »

Caproh parut surprit de ce choix. Il releva un de ses sourcils, montrant qu'il ne comprenait pas.

« Ce livre est écrit dans une langue inconnue. Moi-même je ne la comprends pas, et je peux te dire que je n'ai jamais vu ce type d'écriture.

- Je la comprends parfaitement, puisque c'est ma langue natale... Nous n'avons donc pas la même écriture... C'est étrange.

- Venez-vous de cette contrée ?

- A vrai dire, je ne sais pas d'où je viens. Je me suis retrouvé amnésique dans le lit du sorcier, sans que je sache qui je suis. »

Caproh réfléchit quelques instants. Il conclut qu'il ne savait pas d'où Léo venait, mais qu'il chercherait dans ses ouvrages. Après l'avoir grandement remercié, Léopold repartit en direction de sa tente. Il n'eut pas la patience de repousser le commencement de la lecture, si bien que quand il se trouva allongé sur son lit de fortune, il ouvrit la couverture. Sur la première page était écrit un petit paragraphe, en lettres rondes et soignées. Il y était écrit : « Idalia est un monde rempli de magie. Les dragons, les fées, les licornes et autres créatures y vivent en parfaite harmonie. Ce monde plein de ressource, cache bien des secrets, et des légendes et des contes se sont formés à travers les âges. Quelques unes sont vrais, d'autres sont fausses. Mais sachez, cher lecteur, que la magie est partout, même dans la plus vulgaire des branches d'arbre. La magie vient du ciel, et de la terre. Et la magie engendre la beauté. »


Le conte des hérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant