38- changement

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Tout le repas fut aussi silencieux qu'un cimetière. Seuls les tintements des couverts sur les assiettes et les pas des serveurs se faisaient entendre dans la vaste pièce. Drinn, qui avait paru choqué de voir Léo, n'ouvrait pas la bouche et Léo, qui n'avait pas l'envie et l'utilité, redoutait surtout ce qu'il allait apprendre s'il posait des questions ; alors il se taisait, muet comme une tombe, attendant simplement que le diner soit terminé ; il baissait les yeux vers sa nourriture, faisant semblant d'être obnubilé par son repas. II ne faisait même pas attention au goût de la nourriture, qui était pourtant la meilleure denrée qu'il ait gouté depuis son réveil dans le lit de Malvor. Ce pesant silence dura jusqu'à l'arrivée des gâteaux et des fruits. Ce moment tardivement choisi, Alda questionna Léo.

« Alors mon cher, vous avez sans doute des questions à nous poser sur la présence de mon hôte de frère. Posez-les sans crainte. »

Léo fut à la fois soulagé et horrifié : d'un coté il voulait que quelqu'un le pousse à questionner Drinn, d'un autre il redoutait tellement les réponses qui allaient être données qu'il en avait peur. Il réfléchit longuement sur la formulation des questions ; il se décida enfin au moment où un serveur posait un assiette en porcelaine rehaussée d'un gâteau cuit à la broche et recouvert de baies.

« Hum, Drinn, ta présence semble inopportune sur le fait que tu devrais être ... comment dire...

- Au camp de la défense ? Fit la voix familière du frère d'Alda. Oui, c'est vrai. Mais je n'y suis plus, comme tu peux le voir. »

Sa voix était différente. Autrefois chaude et réconfortante, elle était maintenant nasillarde et horrifiante. Elle ne faisait plus confiance, elle faisait peur. Léo comprit qu'il s'était passé quelque chose de radical.

« Je vais te dire trois vérités, Léo, fit-il en se levant. Premièrement, comme tu le pressentis peut-être, le camp de la défense a été attaqué et décimé. Tous ses habitants hormis moi et ceux qui moisissent en prison sont morts. Deuxièmement, Alda m'a sorti de mon hypnose, faite machiavéliquement par Adana. Elle m'a remis sur les bons rails, car Adana m'avait fait tourner la tête avec ses idées libérales et guerrières, comme toi, je le vois. Troisièmement, Adana est seule. C'est bien fait pour elle. »

Léo ne comprit d'abord pas. Il se demandait pourquoi il lui disait tout cela. Puis, soudain, tout devint clair : toutes les personnes qu'il avait vu, côtoyé et aimé dans ce camp étaient mortes : Uldiv, Caproh et tous les autres. Tous avaient perdu la vie. Ce qui lui fit le plus mal, c'est de voir que Drinn ne s'en préoccupait peu, pour ne dire pas. Il était comme... comme inconscient de la situation, comme ensorcelé. Alda l'avait peut-être fait !

« Que lui as-tu jeté, sorcière !

- Rien, dit Adana, mais je ne comprends pas ce qu'il dit : personne n'est mort ni même blessé dans ce camp ! J'avoue avoir pris connaissance de son emplacement, mais je ne suis allé chercher que Drinn pour qu'il revienne au palais. Mon frère me manquait tellement, si vous saviez...»

Drinn dévisagea sa sœur. Il s'apprêtait même à riposter, mais Alda le jeta un regard qui semblait vouloir tout dire. Il se tut donc, ne comprenant pas ce que sa sœur voulait faire. Après un long silence qui lui servit à se calmer, il finit par se plier à l'avis de sa sœur, en répétant ce qu'elle venait de dire. Léo comprenait de moins en moins ; que devait-il croire ? Il fut tenté de se plonger dans ses pensées pour réfléchir, mais Alda l'en empêcha. N'ayant même pas fini son assiette, elle se leva, épousseta le tissus de sa robe et déclara :

« Je pense que nous serions beaucoup mieux dans le grand salon, autour d'une tasse bien chaude pour parler de sujets graves ou non. Qu'en dites-vous ? »

Sur ce, elle se dirigea vers la porte, qui s'ouvrit sur son passage. Les deux hommes ne purent dire leur opinion ; Léo fut donc contraint de laisser son dessert et son repas derrière lui, pour rejoindre presque en courant la reine dans le couloir. Une nouvelle fois, Léo fut balloté dans des couloirs interminables, mais le trajet ne dura pas longtemps. Quand il arriva, Alda était déjà assise, servant un liquide fumant dans trois tasses et Drinn regardait le feu allumé dans la cheminée, semblant être perdu dans ses pensées. Léo s'assit sur un canapé de velours rouge, en face de la reine. Elle lui tendit une tasse, qu'il fut forcé d'accepter pour ne pas contrarier sa majesté.

« Bien, commença Alda, je voulais vous parler d'une chose. Cela sera sous forme de question, et j'espère que vous me répondrez avec la plus grande honnêteté. »

Elle attendit que Léo acquiesce pour continuer.

« Bien... Pourquoi avez-vous choisi de dénoncer Adana à mes hommes ? »

Bien que Léo redoutait cette question et avait déjà commencé à y réfléchir, il ne put s'empêcher d'être surpris. Pourquoi ? Pourquoi ce choix ? Il n'en savait rien lui-même ; à vrai dire, il commençait à regretter ce choix. Il dut tout de même formuler une réponse.

« Je ... A vrai dire, je pensais qu'elle avait une confiance totale en moi, et je pensais qu'elle avait une honnêteté pure avec moi. Quand j'ai appris qu'elle m'avait trompé, menti, je n'ai pas supporté... Quand je le dis maintenant, je remarque que c'est un peu égoïste et bête de ma part... J'ai honte, si vous saviez. »

Léo ne savait plus où se mettre. Il avait fait preuve d'une franchise limpide avec la reine, sans comprendre pourquoi. Il se réfugia donc dans sa boisson, et sirota doucement le liquide, bien qu'il soit trop chaud pour lui. Pendant ce temps-là, Alda le scrutait et l'étudiait en silence. Il fallait bien choisir ses mots.

« Ecoutez mon cher, je suis sincèrement désolé que votre amitié se soit mal terminé. Je compatis avec votre malheur. Croyez-moi, en temps que sœur de tyran, j'ai vécu des situations similaires à la votre. Quoi qu'il en soit, je ne cherche pas à vous tromper. Si vous l'acceptez, je serai la personne la plus honnête que vous n'ayez jamais connu. Si vous le désirez, quand mes gardes m'amèneront Adana, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'elle vienne vivre avec nous, et nous vivrons tous heureux, dans ce magnifique château. Qu'en dites-vous ? »

Léo fut d'autant plus surpris qu'heureux. Que cherchait-elle à faire ? Cependant, Léo se sentait si désespéré qu'il accepta, sans vraiment comprendre pourquoi. Alda voulait peut-être remplacer Adana...

Peu après, une fois que Léo eut finit sa boisson, Alda et Drinn le ramenèrent à sa chambre. Il ferma la porte, ne se retrouvant plus éclairé que par une bougie. Il se laissa tomber sur le matelas moelleux de son lit, et s'endormit presque aussitôt, encore un peu troublé par cette soirée. En ce peu de temps, il s'était vu attribué une magnifique chambre, il avait découvert ce beau palais, avait diné avec son ancienne ennemie incomprise et s'était confié à elle. Pas une seule fois il ne se posa des questions sur ce qui lui arrivait. Tout semblait beau. Tout semblait, seulement.

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Bonjour bonjour les gens ! Comment ça va ?

New chapitre aujourd'hui, qui continue gentiment ma petite histoire... lalala voili voilou !

Je suis heureux de vous faire partager mes chapitres, et je vous dis maintenant à dans deux semaines ! 

Le conte des hérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant