30- perdus au lac du sud

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Partis de leur camp au lever du soleil, les trois compères avaient commencé leur marche vers le nord. Etant arrivé d'un coté d'une étroite bande d'eau qui scindait le lac en deux, ils devaient contourner près de la moitié de l'étendue d'eu afin d'arriver au seul village des horizons. Ils étaient donc partis le plus tôt possible.

Ils avaient parcouru plus d'une dizaine de kilomètres quand ils s'arrêtèrent pour la première fois. Ils ne déjeunèrent que quelques baies et racines trouvés sur le chemin. Cela était frugal, mais suffisant aux trois amis. Ils reprirent leur route après seulement vingt minutes d'arrêt.

Tout dans le voyage était monotone : le paysage, qui ne se composait que d'eau à leur droite et d'une prairie sauvage à leur gauche, les conversations n'aboutissaient à rien et la marche était bien trop fatigante. Pour passer le temps, Léo admirait les minuscules vies qui se développaient autour des fleurs près du chemin. Des abeilles butinaient les fleurs rouges et blanches, des souris se faufilaient entre les tiges, des papillons battaient leur magnifiques aile colorées... Avec tout ce spectacle, Léo ne vit pas le temps passer, si bien que malgré le commencement de la journée, le soir arriva très vite. Adana décida de s'arrêter un peu avant la nuit, afin de ramasser des brindilles pour le feu et de quoi manger. Ils firent leurs besognes puis s'assirent autour d'un feu allumé pour lutter contre la pénombre. Les trois amis ne parlèrent pas une seule fois. Seul le crépitement du foyer se faisait entendre. Rydon qui, par son caractère plutôt bavard et social, détestait ce silence continu. Il regarda Adana, qui semblait perplexe et ruminant des idées noires. Il se décida alors à parler.

« Quelque chose ne va pas, Adana ? »

Son amie ne sembla pas l'entendre, car elle ne répondit pas. Ce ne fut qu'après une insistance exagérée de Rydon qu'elle marmonna :

« Je me demande si nous arriverons un jour dans la forêt enchantée. Plus le temps passe et plus je me dis que c'est une chise impossible.

- Rien n'est impossible, je le sais mieux que personne. Quand j'étais dans l'armée du sorcier, je devais combattre contre multiples dangers comme des géants gardant leur territoire ou des golems de la taille de montagnes. Je pensais ne jamais y arriver, que c'était insurmontable ; mais contre toute attente, nous avons réussi. Je ne suis pas fier de ce que j'ai accompli au nom du sorcier, et c'est bien pour cela que j'ai rejoins tes rangs. Cependant, cette période m'a appris au moins cette chose, qui est très importante à mes yeux. »

Cette tirade fit sourire Adana : cela lui réchauffait le cœur. Elle sut à ce moment-là que des personnes tenaient réellement à elle et que des gens étaient prêts à sacrifier leur vie pour sa cause. Elle s'approcha de Rydon pour lui murmurer « merci du fond du cœur » et posa sa tête sur son épaule. Rydon se mit à rougir fortement et se crispa. Léo, lui, crut être de trop. Il bougea dans tous les sens, montrant clairement son malaise. Il voulait s'éloigner de ce feu qui brulait d'une flamme et d'amour. Cependant, ce moment ne dura pas puisqu'Adana releva la tête, tous les sens en alerte. Elle se leva, prit un bâton qui trainait au sol et attendit. Elle fut imitée par ses amis. Un long silence s'installa ensuite. Plus rien ne se laissait entendre, pas même les hiboux. Soudain, tous entendirent un bruit. Cela ressemblait à un grognement d'un chien en course, mais beaucoup plus grave et intense. Plus le temps passait et plus le temps le bruit s'intensifiait. Adana et Rydon étaient prêts à attaquer ; Léo était terrifié. Soudain, comme sorti de nulle part, un monstre hideux apparut et leur sauta dessus. Pris par surprise, Adana et Rydon ne purent qu'esquiver l'attaque. Léo était heureusement hors de portée du monstre car trop terrifié, il resta pétrifié. Adana regarda ce qui les avait surpris et attaqué : dans une posture à quatre pattes, la bête ressemblait à un gros chien difforme. Ses immenses pattes velues foulant la poussière au sol, le monstre possédait deux longues rangées de dents acérées et des yeux jaunâtres. Son immense corps était recouvert de poils gris tachetés noir. Il dégageait une désagréable odeur d'œufs pourris.

Le conte des hérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant