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Média ☆ Zita

Zita ruminait dans le l'énorme jardin de la villa, assise sur un banc. Plongée dans ses pensées, elle ne vit pas un homme d'une cinquantaine d'année se s'approcher d'elle.

- Bonsoir, vous êtes occupée ? demanda-t-il doucement.

La jeune fille releva brusquement la tête et observa le Monsieur quelques minutes. Son nez proéminent attirait le regard et ses yeux étaient d'un gris perçants, un sourire sadique ne quittait pas son visage. Bien habillé, comme tous les invités mais surtout, Zita vit aussitôt une liasse de billet qui dépassait de sa poche. Il le remarqua et les attrapa d'un geste maladroit puis les tendit à la petite brune.

- Tenez, c'est à vous, si vous passez la nuit avec moi. Il y a mille euros.

Zita écarquilla les yeux, horrifiée. Cet homme la prenait pour une prostituée !

- Eh ! Vous, là !

Daniel arriva en courant, essoufflé. Il fit signe au pervers de s'approcher de lui et ils parlèrent ensemble à voix basse quelques minutes. Le monsieur s'éloigna alors, après avoir donné son argent au grand blond qui souriait de toutes ses dents. Il avait l'air victorieux quand il vint s'asseoir à côté de Zita qui ne comprenait rien à ce qu'il venait de se passer.

- Pourquoi il t'a donné mille euros ?!

- Je lui ai dit qu'une de mes putes l'attendait dans une chambre et que toi tu étais déjà réservée, lança-t-il avec un clin d'oeil.

- Et il t'a cru sans problème ? Quel enfoiré !

- Je suis doué pour mentir, t'inquiète. Tiens, cadeau.

Il lui tendit la liasse de billet, l'air amusé. Voyant que Zita ne réagissait pas, il lui fourra le tout dans la main et se leva.

- On ferait mieux de partir, quand le vieux va s'apercevoir que tout est faux, il va péter un plomb.

La jeune fille le suivit jusqu'à sa voiture, encore sous le choc d'avoir autant d'argent en sa possession. Elle s'installa derrière le siège conducteur et le silence ce fit entre les deux. Daniel gigotait, visiblement gêné par ce manque de conversation.

- Euh, la soirée t'a plu ? demanda-t-il en la regardant à travers le rétroviseur.

- Je sais tout sur tes activités, annonça-t-elle.

- Et alors ? Tu veux en être ?

Il se retourna carrément et afficha un sourire narquois, comme il savait le faire à chaque fois qu'il se sentait supérieur.

- Sûrement pas !

- Tu vas me dire que ça ne t'intéresse même pas un peu ? Réfléchis, on te propose de te faire de l'oseille facilement, tu ne peux pas refuser. Je te propose ça pour t'aider !

- Lâche-moi, je ne veux pas !

Ses yeux bleus se plantèrent dans ceux de Zita et elle eut un frisson. Il dégageait quelque chose de différent des autres, on sentait le danger émaner de tout son corps, il était charismatique. C'était le genre de mec qui faisait taire tout le monde dans une salle. Malgré sa gueule d'ange, elle sentait qu'il ne fallait pas l'approcher. Jason rentra dans la voiture à ce moment là en soufflant.

- Putain, j'ai failli me perdre dans cette baraque de merde !

Il regarda Zita et Daniel avec un air méfiant et eut un petit sourire coquin.

- Je vous dérange peut-être, les amoureux ?

- Va te faire foutre, grogna la jeune fille.

Il éclata de rire et Daniel démarra la voiture.

- Bon, on fait quoi, les gars ? Il n'est même pas minuit, on va pas se coucher à cette heure là un samedi ?!

- Moi je veux rentrer ! Ramenez moi et faites vos affaires de dégénérés ailleurs, siffla Zita.

Sans un mot, Daniel prit la route et elle fut dans son lit une trentaine de minutes plus tard, laissant les garçons sortir en boîte entre eux. Elle se mit à pleurer, submergée par la tristesse d'avoir perdu sa famille, sa meilleure amie et la chance d'avoir une vie normale. Le destin avait décidé qu'elle allait galérer dans sa vie et si elle voulait s'en sortir, elle allait devoir sortir les armes. Le sommeil la gagna petit à petit, alors que ses larmes coulaient encore.

Le lendemain, Zita fut réveillée à midi par du bruit qui venait du salon. Elle se leva et descendit rapidement pour voir ce qu'il se passait. Jason et Stéphanie se disputait violemment.

- Tiens, tu tombes bien ! s'exclama le jeune homme. Maman veut se barrer au Portugal, tu trouves ça normal ? Elle m'abandonne !

La peine et la colère se lisaient dans ses yeux et il tremblait, les poings serrés.

- Vous voulez rentrer au pays, Madame Carvalho ?

- Oui, je m'en vais ! Je ne peux plus supporter de rester ici, là où tout me rappelle ma fille !

Sa voix se brisa et elle éclata en sanglots.

- Je pars dès que la maison est vendue, ma décision est prise, Jason.

Il poussa un hurlement et envoya son poing faire voler le placo du mur. Un trou se forma dedans.

- On va vivre où, nous ? Comment je vais faire sans ma propre mère ?! s'écria-t-il.

Stéphanie ne répondit rien et quitta la maison. Zita s'approcha de lui et fit un long câlin à Jason, en tentant de le rassurer.

- Je suis là, t'inquiète pas. Je te laisserais pas tout seul.

Il hocha la tête et remonta dans sa chambre en furie. La jeune fille fit de même et resta dans son lit à regarder la télévision toute la journée. Elle repensait à avant, quand elle était chez ses parents et que tout était plus simple, qu'elle n'avait à se soucier de rien. Sa vie était devenue bien trop lourde à porter sur ses épaules et des fois, elle imaginait que tout se passait différemment. Sa mère l'aimait enfin, elle pouvait finir ses études et faire un métier qui lui plaît. Sabrina serait toujours là et sa mère ne partirait pas, tout serait parfait. Mais c'était maintenant impossible.

Vers 18 heures, Jason frappa à la porte et entra timidement.

- J'ai des nouvelles pour nous, annonça-t-il.

- Ta mère ne part plus ? Demanda Zita, pleine d'espoir.

- Non, mais j'ai trouvé un endroit où on pourra habiter. On ne finira pas à la rue, ma Zaza.

- Ah oui, tu veux qu'on aille où ?

Il vint s'allonger à côté d'elle et soupira lourdement.

- Je sais que ça ne va pas te plaire. Mais dis-toi que c'est provisoire, ok ?

- Oui, dis moi.

- Daniel m'a proposé qu'on emménage chez lui dès que ma mère s'en va.

- C'est une blague ?!

- Tu as autre chose de mieux à proposer ?

Bien sûr que non, Zita n'avait aucun proche sur qui compter, à part ses grands parents mais ils habitaient beaucoup trop loin. De plus, elle ne voulait pas troubler la tranquillité de leur retraite bien méritée. C'était décidé, elle resterait chez Daniel jusqu'à ce qu'elle trouve un boulot et un autre appartement.

- C'est d'accord.



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