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Média ☆ Dalel

Le dimanche 29 mars, soit un mois après l'annonce de Stéphanie,  elle retournait vivre au Portugal avec toute sa famille. Le soulagement se lisait sur son visage quand elle fit un dernier câlin à son fils. Zita avait trouvé du travail dans un magasin de produits cosmétiques depuis quelques jours et espérait pouvoir se payer un studio d'ici peu. Jason était au plus mal, il ne supportait pas de savoir sa mère loin de lui, d'autant plus que le décès de Sabrina était encore trop présent dans sa tête. Ils arrivèrent chez Daniel vers 20 heures, avec leur valise et rien d'autre.

- Salut les gars ! Entrez, faites comme chez vous.

Le grand blond avait mit un jogging noir et un t-shirt ample gris, comme à l'époque du collège. La jeune fille fut surprise en entrant dans l'appartement, elle s'attendait à quelque chose de luxueux et grand. Au lieu de ça, il ne faisait même pas 50 m2 et les meubles étaient vieillots et dépareillés, comme si on les avait récupérés un peu partout. Il n'y avait qu'une chambre, et il fallait la traverser pour atteindre la salle de bain. Génial.

- On dort où ? demanda-t-elle.

Daniel désigna son canapé d'un signe de tête.

- Dans le canapé clic-clac. 

- C'est une blague ? 

La colère commençait à s'insinuer dans ses veines et elle sentait la chaleur envahir ses joues. Il se tourna vers elle, les bras croisés et un air de défi sur le visage.

- Tu peux aussi dégager si ça n'est pas assez bien pour toi !

Jason se mit à rire et passa un bras autour du cou de Zita pour la calmer.

- Merci Dan, tu gères. Mais vous n'allez pas passer votre temps à vous chercher, si ?

La jeune fille secoua la tête et alla s'asseoir dans le canapé en ronchonnant, suivi de son compagnon de galère. En réalité, elle n'avait qu'une envie : pleurer ! Quand est-ce que le destin allait arrêter de lui mettre des bâtons dans les roues ? Il fallait maintenant qu'elle vive avec ce connard dans un appartement miteux ! 

- Je croyais que tu avais de l'argent, Monsieur Le Bourge ?! 

Daniel leva les yeux au ciel et se dirigea vers la cuisine, ou plutôt la kitchenette.

- J'en ai, mais cet espace me suffit ! En plus, je ne veux attirer l'attention de personne, murmura-t-il.

Zita n'en croyais pas un mot, elle était persuadée que ce mec était un menteur. Le grand blond ouvrit le frigo et en sortit une bouteille de coca. Il en servit un verre pour chacun puis s'installa sur le pouf en face des deux amis.

- Alors, ça se passe bien ton nouveau boulot ? demanda-t-il en plongeant ses yeux azur dans ceux de sa nouvelle colocataire.

- Ouais, ça peut aller. Mon patron n'est pas très cool avec moi. Mais bon, j'ai besoin d'argent pour dégager rapidement d'ici.

Il eut un petit rire narquois.

- Ce n'est pas avec ta paye de misère que tu pourras. Je t'ai déjà proposé quelque chose, il me semble. Tu n'as peut-être pas tant envie de t'en sortir que ça, finalement.

Zita se leva d'un bond et sortit de l'appartement en trombe, elle avait besoin de prendre l'air. Daniel regarda Jason et haussa les épaules.

- J'ai essayé, mec. Mais cette fille m'insupporte, se justifia-t-il.

Son ami se leva et lui fit un clin d'oeil.

- Je crois que tu l'apprécie bien plus que tu ne veux l'avouer. 

Puis il partit à la recherche de Zita. Elle n'était pas allée bien loin, juste en face de la résidence, assise sur le trottoir. Ils discutèrent dehors pendant une petite heure et elle déballa son sac, cela lui fit du bien puis Jason lui fit promettre de faire des efforts. Elle accepta et ils rentrèrent. Daniel avait préparé des pâtes au saumon et il les invita à s'asseoir autour de la petite table basse. 

- Merci, lança Zita à son hôte. 

Il lui fit un sourire sincère et attaqua son plat.

Après avoir manger, Daniel changea les draps de son lit et le laissa à Zita pour qu'elle soit reposée le lendemain. Elle était la seule à travailler et les garçons allaient sûrement veiller très tard. Elle remercia à nouveau le grand blond, qui remontait un peu dans son estime puis s'endormit rapidement. 

Le lendemain matin, vers 9 heures, elle se leva comme une fleur et se prépara tranquillement. L'avantage de sa nouvelle cohabitation, c'est que son travail était situé à 10 minutes de marche, donc elle n'avait plus à prendre les transports en commun. Quand elle sortit de la chambre, elle tomba sur Daniel et Jason endormit dans le canapé. L'un avait la moitié du corps par terre et l'autre ronflait comme une tronçonneuse.

Elle ne déjeunait jamais le matin, elle prit donc son manteau et sortit de l'appartement le plus silencieusement possible. Zita pesta contre le froid et la pluie de Normandie puis avança dans la rue. Quand elle arriva devant le magasin, son patron fumait une clope. Il était petit et n'avait plus de cheveux sur le haut du crâne. Le peu qu'il lui restait laissait des tonnes de pellicules sur sa veste de costume trop grande pour lui. Un sourire de requin se greffa à ses lèvres gercées quand il aperçut la jeune fille.

- En retard, mademoiselle Denis !

Zita jeta un oeil à l'heure sur son téléphone. Il était 9 heures 55 et elle commençait à 10 heures !

- Pas du tout, je suis même en avance !

Monsieur David, le patron, lança son mégot dans la bouche d'égout et la fusilla du regard.

- Quand allez-vous comprendre qu'il faut venir 15 minutes plus tôt pour que l'on puisse ouvrir sereinement ?! Gronda-t-il.

- Quand vous me paierez ces 15 minutes, Monsieur.

Il ouvrit la bouche, hébété puis la referma sans rien répondre. Zita entra dans le magasin et fit la bise à sa collègue, Dalel. C'était une fille magnifique, grande, avec de longs et beaux cheveux noirs, des yeux marrons en amande et un sourire radieux à toute épreuve. Elle l'avait tout de suite bien accueillie et lui avait apprit les bases du métier de vendeuse.

Monsieur David rentra rapidement, fonça à son bureau et frappa dans ses mains.

- Venez ici, les filles, ordonna-t-il froidement.

Les deux jolies femmes s'approchèrent timidement.

- Je ne tolérerais aucun retard le matin, c'est bien compris ? De plus, le patron de la maroquinerie d'en face m'a prévenu que vous ne fermiez jamais à l'heure ! Le magasin doit fermer à 19 heures, pas avant ! On est d'accord ?

Les filles hochèrent la tête sans rien répondre.

- Allez ouvrir, Dalel. Zita, restez là.

La belle marocaine s'éloigna et referma la porte du bureau. Le patron s'approcha de la petite brune et passa sa main sur la joue de la jeune fille.

- J'aime votre petit caractère, mademoiselle Denis. Vous savez que si vous acceptiez de faire certaines choses en plus, votre paie augmenterait considérablement...

Puis il sortit en laissant Zita décontenancée, comprenant parfaitement l'allusion vicieuse qu'il venait de lui faire.

GOLDEN HEART Où les histoires vivent. Découvrez maintenant