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Zita avait les yeux écarquillés, choquée par la demande de son père.

- Ce n'est pas une blague. Ta mère regrette beaucoup ce qu'il s'est passé et elle veut rattraper le temps perdu.

La jeune fille pensa à tout ce qu'elle avait enduré à cause d'elle. A ses yeux, c'était un manque de respect de vouloir faire machine arrière. Jamais, au grand jamais, elle ne pourrait lui pardonner toutes ces souffrances.

- J'ai fini à la rue à cause de vous, papa ! Est-ce que tu te rends compte de ça ?!

Il baissa la tête, penaud, comme un enfant qu'on venait de gronder.

- J'ai déconné, je le sais. Mais ta mère peut être tellement...

- Oui, je ne le sais que trop bien. C'est pour ça que je ne reviendrais pas, le coupa-t-elle dans son élan.

Son père lui attrapa délicatement la main et plongea ses yeux dans ceux de sa fille. Elle adorait ses petites pattes d'oie marquée par le bronzage. Les années défilaient, il avait bien vieilli mais son regard restait pétillant et plein de jeunesse. Zita l'avait toujours respecté, c'était un homme droit, honnête, travailleur et un excellent paternel. Jusqu'à cette fameuse nuit.

- Il faut que tu m'écoute. Ta mère a vécu la même chose que toi.

- Comment ça ?!

Elle pensa aussitôt au braquage, à la drogue et les arnaques. Impossible que Marjorie Denis ai trempé là-dedans ! 

- Ta grand mère l'a fichue à la porte, lorsqu'elle avait 18 ans. Comme toi, elle a beaucoup pleuré et s'est endurcie à cause de cette épreuve. Involontairement, ta mère t'a fait revivre son passé.

Tout tourna dans la tête de la petite brune. Pour quelle raison sa grand-mère, celle qu'elle voyait comme une sainte, aurait viré sa propre fille ?

- Je veux juste que tu comprennes la situation.

Le sang de Zita ne fit qu'un tour et elle se leva d'un bond.

- La situation ? Quelle situation ?! Tu veux parler du jour de mes 18 ans ? Quand j'ai finis à la rue, alors qu'il neigeait et que je n'avais nulle part où aller ? Ou tu veux parler du fait que je galère depuis des mois pour avoir une vie à peu près normale ? Que je n'ai plus de famille, aucun soutien ? Ou tu veux parler de la douleur que j'ai ressenti lorsque ma propre mère m'a rejeté comme une malpropre ?!

La jeune fille se dirigea vers la porte d'un pas décidé tout en parlant, pleine de rage.

- Je ne reviendrais pas et je ne vous pardonnerais jamais cette vie de merde !

Jason, en entendant ses cris, se précipita vers elle mais Zita s'approcha de son grand-père.

- J'y vais papy. Je reviendrais te voir plus tard, quand elle ne sera pas là, lança-t-elle en espérant que sa mère entende.

Puis, elle se tourna vers son frère de cœur, son pilier.

- On y va ? J'étouffe ici.

Ils firent la bise à tout le monde et filèrent rapidement.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? s'étonna Jason, une fois qu'ils étaient sur la route.

La petite brune soupira fortement, encore énervée par la situation.

- Mon père m'a proposé de revenir à la maison, apparemment ma mère a des regrets. Il m'a sorti une vieille excuse du genre qu'elle s'était fait viré de chez elle au même âge donc elle cherche à se venger sur moi. En gros, c'est ça.

- J'en reviens pas ! s'exclama Jason en évitant de justesse un trottoir, déconcentré par les révélations de Zita.

- Moi non plus. Comme si j'allais me rabaisser encore plus après m'être fait traîné dans la boue ! J'ai trop souffert, tu le sais, tu m'as vu. J'ai bien cru que j'allais en finir avec cette vie et toi et ta famille vous m'avez sorti la tête de l'eau. J'allais me noyer mais mes parents n'ont rien fait pour l'éviter. Je veux que ma mère y pense jusqu'à la fin de ses jours.

- Tu ne devrais pas être aussi catégorique, Zaza. Moi, je donnerais tout pour retrouver ma mère alors qu'elle m'a laissé. L'être humain fait des erreurs et tu en fais aussi. Etre fort, c'est savoir pardonner, tu ne crois pas ?

- Donc tu ne me soutiens pas ?

Jason tapa du point sur le tableau de bord, tout à coup énervé.

- Arrête de penser à ta petite personne, bordel ! Ta grand-mère vient de mourir, ça ne te suffit pas pour comprendre que les gens qu'on aime ne sont pas éternels ?! On va peut-être finir en prison ! Tu te rends compte ? Profite de ta famille avant qu'elle ne disparaisse ou que tu ne termine derrière les barreaux.

Zita resta interdite, étonnée de voir son ami comme ça, lui qui restait toujours à peu près calme. 

- Promet-moi d'y réfléchir, ajouta-t-il plus doucement, le regard rivé sur la route.

- D'accord, c'est promis...

Après une longue heure de route, ils arrivèrent enfin chez Daphné, qui était en train de bouquiner tranquillement sur la terrasse, un plaid sur les genoux. Les deux femmes ne se calculaient plus depuis quelques temps à cause de leurs nombreux différents.

- Je vais voir Daniel, je te le laisse, lança Zita à Jason.

Elle avait besoin de se jeter dans ses bras et d'y rester aussi longtemps qu'il faudrait pour recoller chaque morceau brisé de son cœur. C'était lui son pansement, son soleil, son bonheur. La jeune fille se dirigea d'abord vers sa chambre mais ne le trouva pas, alors elle prit la direction du salon. Il n'y avait que le mari de Daphné, avachi dans le canapé. Il n'était pas méchant mais il embarquait les gars dans des affaires louches et cela ne plaisait pas à Zita.

- Vous n'auriez pas vu Daniel ?

L'homme d'une quarantaine d'années lui jeta un regard inexpressif, il se fichait bien des interrogations de la fille qui le faisait chier depuis quelques semaines.

- Non, grogna-t-il.

Il la chassa d'un geste de la main, lui faisant bien comprendre qu'elle gâchait son moment télévision. Ne trouvant rien de pertinent à répondre, Zita sortit du salon et alla trouver la mère de l'élu de son cœur. Lorsqu'elle s'approcha, Daphné ne daigna même pas lever le regard de son livre.

- Où est Daniel ? Vous l'avez encore envoyé en mission pour vos petites magouilles ?

Les cheveux blonds de la femme commençaient à devenir blancs, remarqua-t-elle. Ses ongles, tels des griffes, étaient peints dans un rouge vif, de la même teinte que son rouge à lèvres. Elle était toujours tirée à quatre épingles.

- Bonjour Zita, comment vas-tu ? Moi je me porte très bien, merci de t'en inquiéter.

Cette mégère se faisait un malin à la torturer.

- Je viens de perdre ma grand-mère alors je n'ai ni le cœur à rire, ni à me battre contre vous.

Daphné la regarda enfin dans les yeux et eu un sourire diabolique.

- Il ne t'a pas dit ? Il est parti à cause de toi, pauvre cruche.

A votre avis, Daniel est-il vraiment parti ?

Que pensez vous de la réaction de Zita ?

J'aimerais savoir ce que vous pensez de tout ça 😊

GOLDEN HEART Où les histoires vivent. Découvrez maintenant