GOLDEN HEART

26

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- Nous y sommes, annonça Dalel d'une voix neutre.

- Tu te sens bien ? lui demanda Zita en descendant de la voiture.

La marocaine lui adressa un petit sourire et entraîna le petit groupe au sous-sol d'une vieille maison perdue dans un bois. Daniel semblait nerveux et ne cessait de jeter des coup d'oeil aux alentours.

- J'ai du mal à croire que la soirée se passe ici, murmura-t-il.

Jason acquiesça et la tension grimpa d'un cran. Ils entrèrent dans une pièce éclairée uniquement par des bougies. Une table de poker se trouvait au milieu et des joueurs y étaient déjà installés. 

- Joignez-vous à nous, proposa une voix que Zita reconnue aussitôt.

- Ricardo ?!

Il l'ignora ostensiblement et plongea son regard dans celui de Daniel, comme pour lui lancer un défi.

- Je me ferais un plaisir de dépouiller un fils de pute tel que toi, siffla-t-il en s'asseyant en face de son adversaire.

L'espagnol se leva brusquement de son siège et agrippa le col de celui qui venait de l'insulter.

- Ici, tu es chez moi, pauvre merde. On joue selon mes règles et personne ne me manque de respect ! Sinon...

Il sortit un flingue de sa poche arrière de pantalon et la plaça bien en évidence sur la table. Les autres personnes présentes firent de même et Zita sentit son coeur s'emballer.

- Maintenant, on joue ! Intima-t-il en lâchant Daniel qui se rengorgea.

Tous les gars étaient prêts à attaquer et Dalel posa ses mains sur les épaules de Ricardo tout en observant Jason. 

- C'était un coup monté ? Tu t'es foutu de ma gueule, c'est ça ?

- Je n'ai jamais été de ton côté, idiot, répondit-elle froidement. Ricardo est mon ami depuis toujours, tu crois vraiment que j'allais vous laissez vous en sortir si facilement ? Vous m'avez fait perdre mon boulot et j'ai galéré à cause de vous !

- C'est à cause du cambriolage et des cinquante euros qu'on lui a piqué ? Si c'est ça, on te rend tout maintenant et on en parles plus ! lança Daniel.

- Trop tard, on ne me manque pas de respect ainsi sans représailles, répliqua Ricardo. Je crois que vous n'avez aucune idée de qui je suis réellement ! Les règles sont simples ; si vous gagnez, vous repartez vivants. Mais si je gagne...

Il semblait déterminé à les éliminer pour de bon, cette situation était horriblement angoissante. Les poils se hérissèrent sur la peaux des trois amis. Ils n'étaient pas prêts pour une situation pareille et malheureusement, ils jouaient très mal au poker.

- Tu es sérieux ? Et si on ne veut pas jouer ? Demanda timidement Zita.

- Parfait, ça se terminera encore plus vite.

- On joue, c'est bon ! S'énerva Jason.

Dalel eut un sourire triomphant et la petite brune se rendit compte qu'elle avait été beaucoup trop naïve. Ils lancèrent le jeu et un silence de plomb s'installa.

Les minutes défilaient et Zita assistait, impuissante, à la défaite de ses amis. Elle n'avait jamais rien compris à ce jeu et ne pouvait pas les aider. Ses yeux croisèrent ceux de Daniel, qui lui fit un clin d'oeil.

- Je crois que c'est fini pour vous les gars, annonça Ricardo qui dévoila ses cartes.

Jason et Daniel échangèrent un regard et tout alla très vite, trop vite. Ils attrapèrent les flingues se trouvant sur la table et mirent en joue le gagnant. Son sourire s'effaça instantanément.

- Je vous déconseille de faire ça...

- Qu'est-ce qui nous en empêche ? Lança le grand blond en ricanant. Je n'ai encore jamais tué quelqu'un mais c'est la loi de la jungle ! Bouffer ou être bouffé, mec !

Ricardo passa sa main dans sa veste et en sortit une autre arme qu'il pointa vers les deux amis. Avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit, Daniel lui tira dessus et le monde s'écroula sous les pieds de Zita.

- Courez ! Hurla-t-il lorsque les autres invités se levèrent pour l'attraper.

Les jambes de la jeune fille bougèrent toutes seules et la conduisirent jusqu'à la voiture, prenant le relais sur son cerveau. Ses mains tremblaient tant qu'elle n'arriva pas tout de suite à démarrer la voiture. Un autre coup de feu retentit dans la nuit et elle regarda aussitôt dans le rétroviseur quand elle aperçut Jason qui sortait de la maison, Daniel accroché à son cou. A la vue de celui qu'elle aimait dans un sale état, Zita enclencha la marche arrière pour les rejoindre.

- Putain, il est blessé ! Hurla son frère de coeur en grimpant dans la voiture. Il perd connaissance !

- Je l'emmène à l'hôpital ! 

- C'est hors de question ! Il va finir en prison, c'est ce que tu veux ?

Cette situation la renvoya quelques mois en arrière, quand Sabrina était à terre, en proie à l'overdose. Des larmes de tristesse se mêlèrent à celles de rage qui roulaient le lond de ses joues et elle enclencha la première, sans savoir où aller.

- Fais ce que je te dis, et tout ira bien Zita !

Jason la guida dans une petite ville à une quinzaine de kilomètres de l'endroit où ils se trouvaient précédemment. Quand il le lui demanda, elle arrêta la voiture devant une grande maison de maître. Le jeune homme en sortit précipitamment et appuya sur la sonnette de la porte d'entrée comme un fou. Une lumière s'alluma à l'étage et quelques minutes plus tard, une femme blonde fit son apparition. Zita reconnut aussitôt Daphné, la mère de Daniel.

 - Jason ? Zita ? Que se passe-t-il ?

Le jeune homme ouvrit la porte arrière et les yeux de la dame s'écarquillèrent lorsqu'elle reconnut son fils, allongé sur la banquette arrière. 

- Mon Dieu ! Faites-le entrer, vite !

Les deux jeunes gens attrapèrent leur ami par les bras et l'aidèrent à se tenir sur une jambe, l'autre étant ensanglantée. Ils l'allongèrent dans un lit et enlevèrent son pantalon pour voir l'étendue des dégats. Zita était impressionnée par le calme apparent de Daphné alors qu'elle même était sur le point de s'évanouir sous le coup de ses émotions. D'une main experte, elle examina la plaie de son fils, sans ciller.

- La balle n'a pas traversé, il faut lui extraire avant que ça ne s'infecte, annonça-t-elle.

A ces mots, la petite brune se sentit défaillir et tout devint noir autour d'elle.

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