Zita ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait. Elle ne supportait plus qu'on la touche et encore moins quand il s'agissait de Daniel.
- Tu as réussi à dormir un peu ? Demanda Jason en entrant dans la cuisine, rompant les pensées de Zita.
Tous les matins, la jeune fille se levait très tôt et préparait le petit déjeuner à tout le monde. Son sommeil était agité et presque inexistant car dès qu'elle fermait les yeux, c'est eux qu'elle voyait. Ses tortionnaires.
- Pas trop...
Cela faisait une semaine que ça durait, c'était encore trop tôt pour aller mieux.
- Tu devrais aller voir quelqu'un, suggéra-t-il en attrapant un croissant.
Zita le dévisagea, étonnée par ce qu'il venait de dire.
- Tu sous-entends que je suis folle ? Repondit-elle sur un ton sec.
- Pas du tout. Mais tu as vécu quelque chose de grave, il faut que tu te libère de ce fardeau.
- Et je vais lui raconter quoi ? Que je me suis fait violée et tabassée puis que vous avez tué Ricardo et sa bande ?! C'est ridicule, réfléchi un peu merde !
Jason baissa la tête, penaud.
- Je voulais juste t'aider.
Il se leva de sa chaise et déserta la cuisine. Zita se sentit affreuse et une envie de pleurer la submergea.
- Jason attends !
Elle le rattrapa dans le couloir et l'entraina à l'extérieur de la maison. Une autre chose dont elle avait besoin, rester dehors le plus longtemps possible.
- Tu as peut être raison. Je vais essayer d'aller voir quelqu'un.
Le visage du jeune homme s'éclaira et ses yeux devinrent brillant.
- Je pourrais te donner le numéro de celui que ma mère allait voir ?
- Bonne idée ! Je vais l'appeler.
Zita faisait semblant d'être enthousiaste mais elle avait peur. De toutes façons, depuis ce cauchemar, elle avait peur de tout. Du bruit, du noir, des pièces trop étroites, de la musique trop forte, qu'on la touche...
Elle prit rendez-vous dans la semaine et quand Daniel l'apprit, il en fut très heureux. Il souffrait de la situation, sa Zita lui manquait. Tous les jours, il se maudissait de l'avoir laissée seule. Elle ne parlait plus, avait perdue sa joie de vivre et son envie d'aller de l'avant. Comme si sa vie était en pause. Du coup, celle de Daniel l'était aussi.
Il guettait le moindre comportement, la moindre réaction ou un geste qui indiquerait qu'elle allait mieux. Il savait que c'était trop tôt mais il aimait tellement Zita...
Le jour du rendez-vous, Zita entra dans la pièce du professionnel sans grande conviction. Elle était persuadée que ça ne changerait rien.
- Bonjour Zita, comment allez vous ?
La voix de la femme était assurée et pleine d'entrain. Elle avait les cheveux courts et blonds, une grande mèche battait son front. Le docteur Millet était toute petite et pourtant, elle dégageait un charisme étonnant. Dès qu'elle plongea ses yeux dans ceux de Zita, elle eut envie de tout déballer.
Et c'est ce qu'elle fit. Pourtant, la psychologue ne changea pas d'expression prenant que Zita racontait tout, comme si elle connaissait déjà l'histoire.
La jeune fille avait la gorge sèche, après avoir parlé de longues minutes sans s'arrêter.
- Vous savez Zita, dans ce genre de situation, il y a deux solutions.
- Lesquelles ? Questionna-t-elle avidement.
- C'est simple. Ou vous souhaitez rester dans ce schéma avec ces personnes et dans ce cas votre vie restera identique, ou vous renoncez à TOUT.
- C'est à dire, tout ce qui me lie à ma vie actuelle ?
- Vous avez tout compris. C'est le meilleur moyen d'aller de l'avant.
- Pour toujours ?
- Par expérience, lorsque l'on change de vie et que cela nous fait du bien, nous revenons rarement en arrière.
Zita déglutit, stressée à l'idée d'annoncer à Daniel leur rupture. Mais il le fallait, Mme Millet l'avait dit.
- D'accord, je vais faire ça car j'en ai besoin.
- En parallèle, l'idéal serait de se voir une fois par mois. Nous pourrions travailler sur certains points, comme votre addiction à l'adrénaline.
La jeune fille rougit.
- C'est noté, je reviendrais vous voir.
Les deux femmes se serrèrent la main et Zita quitta le cabinet, le coeur léger. En marchant pour rejoindre sa voiture, elle passa devant L'Opale, le bar dans lequel elle avait travaillé peu de temps. Nico sortait au même moment et lorsqu'il l'aperçut, il écarquilla les yeux.
- Zita ?!
Elle voulu tracer sa route en faisant semblant de ne rien entendre mais il brisa les quelques mètres qui les séparaient et l'attrapa par le bras.
- Lâche-moi ! Hurla-t-elle lorsqu'elle sentit son contact.
- Désolé ! Dit-il en levant les mains en l'air. Qu'est ce qu'il s'est passé l'autre soir ? Tu vas bien ?
Devant son air interdit, il lui proposa d'entrer à l'intérieur pour parler plus tranquillement. Elle accepta, il avait le droit à la vérité.
- C'était qui ces mecs ? J'ai eu un trauma crânien à cause de ces connards moi !
Le visage de Zita s'assombrit. Elle, elle avait été violée.
- Des gars qui voulaient du mal à un ami. Malheureusement, ça s'est retourné contre moi mais tout est réglé aujourd'hui.
- J'ai eu vraiment peur pour toi et quand j'ai vu l'autre gars débarquer, j'ai hésité avant de lui expliquer ce qu'il s'était passé !
- Quel autre gars ?
Nicolas se leva et se servit un verre d'eau.
- Un grand blond. Daniel, je crois. Tu le connais ?
- Oui... c'est mon ami.
- Il était dans tous ses états. Je pense qu'il tient énormément à toi car il pleurait.
Daniel, pleurer ? Zita n'en revenait pas.
- Franchement, il m'a tellement fait mal au coeur que j'ai finis par tout lui raconter.
Elle qui s'apprêtait à le quitter... Elle ouvrit les yeux sur la personne qu'était Daniel, le seul mec dont la jeune fille avait pu tomber amoureuse.
- Je vais devoir te laisser, Nico. Merci de m'avoir raconté tout ça.
Il se leva en même temps qu'elle et lui attrapa la main. Zita fit un effort pour ne pas le rejeter.
- La place de barman est toujours dispo, tu sais. Tu la reprends quand tu veux. Même si nous n'avons travaillé ensemble que peu de temps, c'est la première fois que ça se passait aussi bien.
- Merci, j'y réfléchirais. Je dois y aller, vraiment.
Sur ces mots, elle quitta précipitamment l'endroit et fonça rejoindre Daniel.
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GOLDEN HEART
ActionQue feriez-vous si vous vous retrouviez à la rue un soir d'hiver, le jour de vos 18 ans ? Si vous appreniez que votre meilleure amie n'est pas celle que vous pensiez toutes ces années ? Un monde parallèle ouvre ses portes à Zita, venez le découvrir...