Zita couru jusqu'à la chambre de Daniel et s'écroula dans son lit pour laisser éclater son chagrin. Les draps sentaient encore son odeur, alors elle y nicha sa tête et eu l'impression d'être avec lui un instant. En glissant les mains sous l'oreiller, ses doigts heurtèrent un objet.
En y regardant de plus près, la jeune fille s'aperçut que c'était une enveloppe. Fébrile, elle la déchira rapidement et s'assit en tailleur sur le matelas. Une lettre et un bijou se trouvaient à l'intérieur.
"Zita,
La première fois que je t'ai vu au collège, je me suis dit que tu avais l'air d'une petite peste coincée. Ma mission était de te pourrir la vie pour que tu te déride un peu.
Puis, nous nous sommes revus en tant qu'adultes et cette fois, tu m'as charmé. Je m'étais juré de ne jamais tomber amoureux afin de ne pas gâcher ton existence à nouveau. De toute évidence, c'est raté.
Je m'en veux terriblement. Tu as vécu suffisamment de merde comme ça ma belle. Alors je m'en vais, même si cela me brise le coeur. Je te rends ta liberté, fais en bon usage et oublie moi.
Pardonne moi de t'avoir mêlée à ces histoires alors que tu étais quelqu'un de bien. Je t'ai souillée en quelque sorte. Il faut que tu redevienne cette fille que tu étais avant. Je sais que tu peux accomplir de grandes choses.
Je t'aime, Zita, ne l'oublie jamais.
Adieu."
La lettre était devenue illisible, les larmes se mélangeant à l'encre. La jeune fille avait envie de hurler, de cracher sa haine et sa tristesse.
Elle détestait Daniel, l'homme qui lui avait déchiré le coeur en mille morceaux. Celui qui l'avait transformée en criminelle. Plus jamais elle ne tomberait amoureuse, elle s'en fit la promesse.
- Zaza ?
Jason venait de pénétrer dans la pièce, alerté par les sanglots de celle qu'il considérait comme sa soeur.
- Laisse moi ! S'écria-t-elle, en proie à la crise de nerf.
Il s'approcha d'elle pour la réconforter mais la petite brune le frappa au visage de toutes ses forces. Sans broncher, Jason lui attrapa les bras et l'immobilisa du mieux qu'il pu. Zita tentait de se débattre en criant, telle une diablesse enragée. Puis sa poitrine se serra et la crise de panique succéda à la colère.
Elle avait du mal à respirer et la sensation que sa mort était imminente. La même chose s'était produite lorsque sa mère l'avait mise à la porte. Trop de stress et de frustration s'étaient accumulés.
- Je suis là, arrête de t'énerver comme ça ! Tu n'es pas seule, je te le promets.
Petit à petit, la jeune fille se calma, épuisée et apaisée par la chaleur de Jason. Elle se souvint du bijou dans l'enveloppe et tendit la main pour le récupérer. C'était un petit pendentif doré en forme de cœur.
- C'est la première fois qu'il offre un bijou à une fille. Il t'aime vraiment Zita.
- Il serait à côté de moi si ce que tu dis est vrai.
Il lui prit le collier de force et entreprit de lui accrocher autour du cou.
- Tu n'as rien compris. Il s'est aperçut que la situation allait empirer, que tu allais en souffrir et voilà pourquoi il est partit. C'est lui qui se retrouve sans amis, sans famille et sans amour, à partir de maintenant. Il a choisi une vie de fugitif pour que tu continues à vivre la tienne paisiblement.
- Je préférerais être morte, à l'heure qu'il est.
Le regard de Jason devint noir, et il s'écarta d'elle.
- Comment peux tu dire ça ? La mort de Sabrina et de ta grand-mère ne suffisent pas ? Tu n'es qu'une égoïste !
Il la quitta ainsi, les yeux embués de larmes, recroquevillée sur le lit.
Les jours qui suivirent, Zita décida de partir de cette maison qui lui faisait beaucoup trop penser à Daniel. Elle était devenue haineuse, aigrie, triste mais voulait lui faire payer cet abandon. Sur un coup de tête, elle se présenta au domicile de ses parents, un dimanche soir. Son père lui ouvrit la porte, bouche bée.
- Tu es là, réussit-il enfin à articuler.
- Je suis là, bredouilla-t-elle, soudainement paniquée par l'idée de revivre ici.
Sa mère dormait déjà mais ses frères étaient si heureux de la voir qu'ils réussirent à lui faire esquisser un sourire.
- T'es belle ma sœur, chuchota Lucas à son oreille.
Zita déposa un énorme baiser sur sa joue et alla s'asseoir dans le canapé pendant que Franck préparait un chocolat chaud pour tout le monde.
- Tu vas rester longtemps ? demanda Alexandre.
- Je garde ta chambre quand même ! s'exclama le plus petit.
Cette pièce était la plus grande des trois et possédait un balcon, ce que les garçons avaient toujours envié.
- Je ne sais pas, le temps de pouvoir me faire un peu d'argent et repartir. Je m'adapterais ne t'inquiète pas Lucas.
Une fois leur boisson terminée, leur père intima aux garçons de monter se coucher. Ils râlèrent mais s'exécutèrent tout en faisant la moue. Zita se retrouva seule avec Franck.
- Que comptes-tu faire ? lui demanda-t-il.
- Rester un peu, si vous êtes d'accord... lâcha-t-elle dans un souffle, pas tout à fait certaine de le vouloir réellement.
- Nous te l'avons proposé voyons, tu es la bienvenue.
La jeune fille aurait voulu être heureuse de ces paroles, mais quelque chose entre eux était définitivement brisé. Elle n'aurait plus jamais confiance en ses parents, c'était fini. Cela la rendait nostalgique des années où rien ne l'atteignait car elle était encore une enfant qui s'émerveille de tout. Aujourd'hui, quand elle se regardait dans le miroir, la seule chose qu'elle y voyait était une femme cassée en mille morceaux par la vie.
- Merci papa.
Il tenta de lui prendre la main mais elle se déroba et monta à l'étage pour se coucher. Un dernier coup d'œil au téléphone. Toujours pas de nouvelle de lui. Cela faisait déjà 5 jours que Daniel était parti, 5 jours de sentiments étranges qui se mélangeait dans la tête de Zita.
- Connard, murmura-t-elle, allongée dans le noir le plus complet.
Elle repensa à tout, lorsqu'il l'avait embarqué dans ses coups foireux, leur rapprochement progressif, leur premier baiser, le sexe...
- Je t'aime tellement, continua-t-elle.
Une larme roula sur son visage. Zita s'endormit ainsi, en pensant à lui. Quelques minutes de plus et elle aurait vu l'appel en inconnu sur son téléphone. Elle aurait peut-être pu entendre les explications de celui qu'elle aimait le plus au monde. Mais parfois, le destin en décide autrement et fait toujours bien les choses. Leur couple semblait destiné à l'échec, il allait falloir se faire une raison.
L'appel se termina et Daniel ne laissa aucun message. Il ne rappela jamais, croyant qu'elle avait déjà tournée la page. Le jeune homme décida de laisser Zita tranquille et effaça son numéro.
Le destin ne peut pas être changé, il faut s'y plier.

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GOLDEN HEART
ActionQue feriez-vous si vous vous retrouviez à la rue un soir d'hiver, le jour de vos 18 ans ? Si vous appreniez que votre meilleure amie n'est pas celle que vous pensiez toutes ces années ? Un monde parallèle ouvre ses portes à Zita, venez le découvrir...