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Ce week-end était merveilleux, Zita était aux anges et Daniel ne s'était jamais sentit aussi heureux de sa vie. Ils avaient posé un cadenas avec leurs noms sur le pont des arts, visité quelques lieux sacrés de Paris et mangé n'importe quoi à n'importe quelle heure.

La jeune fille se rappellerait toujours de ces moments avec lui, l'homme qu'elle avait toujours détesté et qu'elle aimait passionnément désormais. Chaque fois que son regard plongeait dans le sien, son cœur se mettait à battre la chamade, comme si c'était la première fois qu'ils se rencontraient.

Les tourtereaux avaient décidé de passer la soirée du dimanche dans un casino et ils s'apprêtaient à monter dans la voiture lorsque Zita reçut un appel. Tout d'abord, elle cru à une farce en voyant le nom de sa mère s'afficher sur l'écran. 

- Pourquoi t'appelle-t-elle ? s'étonna Daniel.

- Je n'en sais rien et je n'ai aucune envie de lui parler. 

Elle laissa le téléphone sonner et ils prirent la route en direction de leur destination.

- Bizarre, elle insiste...

Un deuxième appel, puis un troisième. Zita commença à se poser des questions, qu'est-ce qu'elle avait de si important à lui dire ?

- Rappelle-la si ça t'intrigue autant ! 

Elle n'eut pas à le faire car sa mère venait de lui laisser un message vocal d'une durée de quelques secondes. Fébrile, elle l'écouta.

"Zita... c'est maman. Mamie est morte ce soir, il faut que tu vienne."

Marjorie avait des sanglots dans la voix et cela bouleversa deux fois plus la jeune fille qui fondit en larmes. Daniel s'arrêta sur le bas côté pour la prendre dans ses bras.

- Qu'est-ce qu'il se passe ma belle ?

Elle lui expliqua difficilement la situation, son chagrin était si fort qu'elle était secoué de violents tremblements. La crise de panique n'était pas loin de pointer le bout de son nez et le pire de tout, c'est qu'elle s'en voulait. Cela faisait des mois qu'elle n'avait pas vu sa grand-mère, depuis qu'elle avait été virée du foyer familial.

- Je ne la reverrais plus jamais, c'est impossible, lança-t-elle d'une voix rauque et hachurée.

Daniel la serrait fort contre lui, voulant effacer son chagrin le plus rapidement possible, pour que ses larmes arrêtent de couler et qu'elle retrouve ce beau sourire qu'il aimait tant.

- On va chez tes parents, il faut que tu les voient.

Il redémarra la voiture et fit demi-tour, le coeur serré de la voir comme ça. Que pouvait-il dire ? Dans ces situations là, le silence est d'or. Les nombreuses visites à son frère au sein du service des chimio dans lequel il séjournait le lui avait appris. De toutes façons, il n'était pas doué pour réconforter les gens. Le destin n'avait pas été tendre avec lui, il avait pris des coups, il avait été mis plus bas que terre. Assez de larmes avaient coulées et maintenant ses yeux étaient sec, plus rien ne pouvait en sortir.

La route jusqu'en Normandie fut rapide, Daniel ne relâcha pas la pédale d'accélération. Les sanglots qui secouaient la poitrine de Zita s'étaient enfin calmés alors il tenta une phrase gentille.

- Tu sais, nous devons tous quitter cette terre un jour... Ta grand-mère te protège de la haut.

La jeune fille se remit à pleurer à chaudes larmes, de nouveau incontrôlable. Par chance, ils arrivaient dans le village de son enfance, il allait pouvoir se garer.

- Nous y sommes ma belle. Je t'accompagnes.

Son père les avait vu se garer alors il leur ouvrit immédiatement la porte, avant même qu'ils aient eu le temps de toucher à la sonnette.

- Entrez, dit-il d'un ton neutre.

Ils étaient tous là, debout autour de la table, l'air solennel. Ses frères, sa mère, son oncle et sa femme, sa tante et son nouvel ami. Tous sauf son grand père. Cela peut sembler bizarre, mais cela apaisa Zita, sa famille était présente dans ce dur moment. L'émotion était si forte qu'elle se remit à sangloter et l'incroyable se produisit, sa mère vint la consoler.

- Ça va aller, ça va aller...

La jeune fille était gênée par ce contact, elle n'en avait pas l'habitude. Sa mère violait son espace vital alors elle la repoussa gentiment. Son petit frère s'approcha d'elle et la colla, comme dans le bon vieux temps.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? 

Zita avait besoin de savoir.

- Tu sais que ta grand-mère fumait comme un pompier, expliqua Franck, qui était le seul à garder la tête froide.

Elle acquiesça, attendant la suite.

- On ne sait pas pourquoi, elle est tombée à terre, évanouie. Ton grand père a appelé les secours qui ont réussi à la ramener à la vie. Sauf que ses poumons n'oxygénaient plus assez bien son corps, alors elle a fait un deuxième arrêt cardiaque et cette fois-ci, les secouristes n'ont rien pu faire.

- Elle n'a pas souffert ?

Cette question l'obsèdait mais elle n'aurait pas cessé s'y penser si elle ne l'avait pas posée.

- Les médecins disent que non.

Cela la soulagea d'un poids immense.

- Où est papy ?

- Chez eux. On ne se rend pas compte de toutes les formalités lorsque quelqu'un décède, tu sais. Et je pense qu'il avait envie de rester seul.

- C'est tellement triste.

Son père lui caressa doucement l'épaule pour la rassurer.

- Ton grand père est un dur à cuire, il ne nous montrera pas qu'il est triste. Mais nous allons tous être présents pour lui quand même.

- Oui, je ne le l'abandonnerais pas.

L'atmosphère était bizarre, un mélange de tension, de tristesse, de non-dits et Zita ne se sentait pas à son aise.

- On va rentrer, je suis fatiguée. 

Cela faisait trop d'un coup. Ses parents, sa famille qu'elle ne voyait plus... elle étouffait.

- D'accord, je te tiens au courant de tout, lui dit timidement sa mère.

La jeune fille échangea un câlin avec ses frères puis elle s'en alla avec Daniel, direction la maison de Daphné. Pas un mot ne sortit de sa bouche durant tout le trajet et le grand blond comprit qu'il fallait la laisser tranquille. Cette soirée avait été beaucoup trop riche en émotions.

Il était presque minuit lorsqu'ils arrivèrent. Elle passa devant Jason qui regardait la télé, sans un regard.

- Bah... Zaza ? Qu'est ce que j'ai fait ? Demanda-t-il, penaud.

Elle fila dans la chambre de Daniel et se glissa immédiatement sous la couette. Exténuée, la jeune fille s'endormit aussitôt. Jason lança un regard interrogateur au grand blond.

- Je t'expliquerais demain, je vais la rejoindre.

Il se coucha près de sa belle et l'entoura de ses bras, espérant la protéger contre les cauchemars. Malgré tout, il ne pouvait s'empêcher de penser à la réalité bientôt de retour. Les flics, Ricardo... Le couple vivait certainement ses derniers instants et Daniel aurait voulu que ça se passe autrement. 

GOLDEN HEART Où les histoires vivent. Découvrez maintenant