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Média ☆ Jason

Zita se trouvait dans une petite pièce avec le vigile et il la regardait d'un sale oeil. Il était chauve et une grosse veine apparente palpitait sur son crâne jusqu'à son front.

- Sors ce que tu as volé de ta poche.

Le ton qu'il employa fit frissonner la jeune fille, qui fourra sa main au fond de la poche de sa doudoune et sortit l'objet en tremblant.

- Je suis désolée, je n'aurais pas du faire ça ! S'exclama-t-elle en baissant la tête.

- Il fallait y penser avant ma petite ! Maintenant, tu as le choix ! Soit tu règles l'article que tu as pris, soit j'appelle la police.

Son cerveau tournait à plein régime. Elle n'avait pas d'argent mais ne pouvait pas aller chez les flics, ça détruirait toutes ses chances de retourner chez ses parents ! Mais peut être que Daniel ou Jason pourraient l'aider ?

- Je vais payer ! Mais il faut que j'appelle un ami pour qu'il m'apporte l'argent.

Le vigile hocha la tête et croisa les bras en attendant, ne la lâchant pas du regard une seconde. Zita attrapa son téléphone et vit qu'elle avait une dizaine de messages en attente, tous de Sabrina qui s'inquiétait pour elle.

- Je l'appelle, dit-elle à l'agent de sécurité qui semblait s'impatienter.

Sa meilleure amie répondit aussitôt et son frère accepta de régler le gloss, non sans râler après les deux brunes.

Le vigile escorta Zita jusqu'à la caisse, Daniel y était déjà mais pas les autres. L'hôtesse de caisse scanna l'article volé tout en fixant méchamment la jeune fille, sûrement déjà au courant du méfait qu'elle avait commis.

- Ça fera 12 euros.

Pas un sourire, ni un "s'il vous plaît", la dame avait vraiment l'air énervée. Daniel soupira et tendit sa carte bancaire à la caissière. Il évitait le regard de Zita depuis le début. Quand l'opération fut terminée, le vigile attrapa une dernière fois la petite brune par l'épaule.

- Que je ne te revois jamais ici, compris ?! Gronda-t-il.

Elle hocha la tête et se dirigea rapidement vers la sortie, sans demander son reste. Une fois dehors, elle ressentit un grand soulagement qui fut malheureusement de courte durée.

- Tu me dois une faveur maintenant ! annonça Daniel en passant un bras autour de ses épaules et la mitraillant avec ses yeux bleus.

Elle n'eut pas le temps de répondre car Sabrina lui sauta dessus en riant.

- Tu es une vraie quiche, ma Zaza ! J'ai...

- On rentre, les filles, interrompit froidement Jason.

Dans la voiture, un silence de plomb régna tout le long du trajet. On sentait bien une tension entre les quatre jeunes, et cela ne laisser rien présager de bon. Zita, assise derrière Daniel, croisait régulièrement le regard de ce dernier dans le rétroviseur et elle sentait son coeur s'accélérer à chaque fois. Elle se demanda ce qu'il entendait par "une faveur"? La jeune femme ne pouvait pas savoir que cette simple phrase allait modifier son destin et le cours de sa vie...

Daniel déposa le petit monde devant la maison des Carvalho et s'en alla immédiatement. Jason, encore sur les nerfs, attendit que les filles soient rentrées pour les disputer vivement.

- Vous êtes timbrées ou quoi ? La prochaine fois, on vous laisse aller chez les flics, ça vous fera les pieds ! Hurla-t-il.

Puis il monta à l'étage, laissant Zita et sa meilleure amie seules dans l'entrée.

- T'inquiète ma biche, ça lui passera, il a juste eu peur pour toi. On va discuter dans ma chambre.

Elles montèrent à l'étage et une fois allongées sur le lit, Sabrina secoua son manteau sous les yeux ébahis de Zita. Une quinzaine d'articles rebondirent sur le matelas, des rouges à lèvres, des mascaras et... le vernis corail.

- Tiens, cadeau. Voila pourquoi je n'ai pas pu te rejoindre dans le magasin, j'ai eu peur que le vigile m'arrête aussi ! Mais tu as encore beaucoup de choses à apprendre pour voler correctement, se moqua Sabrina.

- Pourquoi ? Tu es une pro, toi, peut-être ? Rétorqua Zita en lui arrachant le vernis des mains.

Avec un air mystérieux, la belle espagnole se dirigea vers son armoire et en sortit une grande malle. Elle l'ouvrit et laissa son amie contempler le contenu. Des bijoux, du maquillage, des soins et bien d'autres choses.

- Comment tu as eu tout ça ?

- J'ai tout volé. C'est Daniel qui m'a appris comment faire, lui répondit-elle avec un petit air satisfait.

Décidément, ce garçon n'était vraiment pas une bonne fréquentation pour quiconque. Elle secoua la tête pour le chasser de ses pensées.

- Si ton frère ou ta mère étaient au courant, ils deviendraient fous !

- Ils n'en sauront jamais rien. Et moi, c'est pas le pire.

- Comment ça ?

Sabrina pinça ses lèvres fines en détournant le regard, comme à chaque fois qu'elle était gênée.

- Je peux rien dire. Bon, tu appelle ta mère ?

Zita regarda sa montre, il était 18 heures, sa maman était sûrement rentrée du travail.

- J'appréhende.

Son stress lui tordait le ventre et elle commençait à transpirer plus que d'habitude. Sa meilleure amie lui prit la main.

- Ca va aller, je suis là.

- Si tu le dis.

Zita ne fut pas convaincue et ses craintes se confirmèrent lorsque les sonneries retentirent dans le vide pendant de nombreuses secondes. Sa mère ne comptait visiblement pas décrocher son téléphone. Elle rappela en cachant son numéro et Marjorie décrocha alors.

- Maman ?

Il y eut un long silence à l'autre bout du fil puis plus rien, elle avait raccroché. La jeune fille ne put retenir ses larmes en voyant que sa mère la rejetait totalement. Sa meilleure amie la prit dans ses bras en lui caressant les cheveux et en chuchotant des paroles rassurantes. Sûrement attiré par les sanglots déchirants de la jeune fille, Jason arriva avec un pot de glace et se joignit aux filles. Il brancha une clef USB sur la télévision de sa soeur et mit en route une comédie française pour alléger l'atmosphère. Mais cela ne réussit pas à calmer Zita, qui semblait inconsolable et complètement ravagée par la tristesse.

Vers 20 heures, Stéphanie Carvalho rentra de son travail et monta à l'étage pour embrasser ses enfants. Elle les élevait seule et devait cumuler plusieurs petits jobs pour assurer les finances, son mari l'ayant quitté pour une autre. Du coup, leur petite famille était extrêmement soudée et Zita en était parfois jalouse. Sabrina lui expliqua ce qui venait de se passer et cela l'attristait profondément, ne comprenant pas comment l'on pouvait faire souffrir quelqu'un que l'on avait porté pendant neuf mois.

- Je vais essayer de la contacter, mais je ne promet rien. Elle va peut-être m'envoyer paître, vous savez. Mais qui ne tente rien, n'a rien !

Elle connaissait un peu la mère de la petite brune et s'isola dans le salon pour appeler et tenter d'apaiser la situation. Marjorie fut catégorique, elle ne voulait plus entendre parler de sa fille, c'était décidé. Alors la peine de Zita s'effaça petit à petit pour laisser place à une haine grandissante envers sa mère.


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